HARMFUL T.1/T.2

CHAPITRE 34

Faith

— Je te jure Leila, une fille ! Il était avec une fille, combien de fois, je vais devoir te le répéter, j'insiste pour la dixième fois.

— Encore une bonne quinzaine de fois, parce que je n'y crois pas.

— Eh bien, tu devrais. Je vais devoir me faire à l'idée qu'il ne ressent pas la même chose que moi... je soupire en me laissant tomber sur le canapé.

— Tu rigoles, il est fou de toi, ça se voit à des kilomètres, et si tu n'arrives pas à le voir, c'est que tu as vraiment perdu l'usage de la vue après l'autre pervers narcissique.

Quatre jours s'étaient écoulés depuis notre échange, et je l'évitais. Je savais que ce n'était pas la meilleure des solutions, qu'il devait sûrement y avoir une explication, mais comment y croire ? J'étais bouleversée ce soir-là et j'avais même demandé à Leila de venir me rejoindre chez mes parents. Je ne cessais de ressasser cette scène en boucle.

Putain, il était parti retrouver une fille ! Aller la voir à plus de quatre heures de vol, c'est qu'elle devait vraiment compter pour lui. Et si c'était elle, celle dont il m'avait parlé l'autre jour, celle dont il était tombé amoureux cette unique fois ?

J'avais masqué toutes ses alertes pour ne plus recevoir de notifications. De la lâcheté ou de la gaminerie, peu importe. J'avais déjà trop souffert, et je n'allais pas lui laisser l'occasion de me briser le cœur. Je me sentais trop faible en sa présence, et ça me tuait de l'admettre, mais il savait s'y prendre avec moi...

Une fille, bordel !

Malgré tout, j'avais réussi à rendre visite à ma mère et à mon frère. Je ne suis restée que quelques jours, mais cela avait eu un effet positif sur mon moral. J'avais besoin de les voir et de décompresser. Ma mère s'en sortait, du moins quand elle était dans un bon état. Elle devait rester forte et garder la tête haute pour ses enfants, pour nous. Sarah était passée plusieurs fois pour s'occuper d'elle quand cela devenait trop difficile. Heureusement, Shawn passait la plupart de ses journées à l'école, ce qui l'évitait de tomber sur elle, effondrée, à son retour. Elle se laissait aller quand elle était seule, m'avait expliqué notre infirmière et amie.

Le jour de mon arrivée, en franchissant le seuil de la porte, la maison était vide. Elle était là, mais malgré notre présence, une sensation de néant régnait. Shawn était ravi de me revoir, et le plaisir était partagé, jusqu'à ce qu'il s'effondre dans mes bras. J'avais du mal à retenir mes larmes ; le voir comme ça pesait lourd sur mon cœur. Retourner dans cette maison ne faisait qu'accroître ma prise de conscience : il nous avait quittés, pour toujours. Les semaines passaient, et je m'en remettais un peu plus chaque jour. Je ne pleurais plus ; sans doute avais-je épuisé mon stock de larmes.

C'est étonnant, mais je crois n'avoir jamais autant pleuré que cette année. Je ne m'en rendais compte qu'à cet instant. Ce n'avait pas été l'année la plus heureuse de ma vie, à vrai dire, j'avais plus souffert que je n'avais ri. Mais j'espérais qu'à présent, j'allais pouvoir m'épanouir pleinement et laisser tout ça derrière moi.

— Et tu sais quand est-ce qu'il rentre ? me demande mon amie.

Je tourne de l'œil dans sa direction.

Évidemment que je le savais, il m'avait laissé quelques messages que j'avais relus encore et encore aujourd'hui.

De Aiden : je rentrerai ce soir.

De Aiden : je passerais chez toi dès mon arrivée.

De Aiden : j'espère que tu n'as rien de prévu Collins, j'aimerais bien une réponse ??