14. Faith (tome II)

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— Vous n'êtes pas venu la semaine dernière, une raison particulière ? me demande le Docteur Brown.

— Rien d'alarmant, j'avais besoin de temps et trop de chose sont arrivés d'un coup.

Après notre rendez-vous à la suite du mariage, j'ai annulé les deux rendez-vous qui ont suivi. Entre le retour de Kyle et celui d'Aiden, j'ai été trop chamboulé pour avoir envie d'en discuter. J'ai déjà évité la conversation avec mes colocataires, alors avec un médecin.

— Et vos cauchemars ?

— Toujours là, toujours la même scène.

Avoir évité le Docteur Brown, c'était évité l'inévitable. Durant notre dernière entrevue, j'ai laissé échapper la possibilité d'avoir une discussion construite et réfléchis avec Aiden, et pourtant, un peu plus d'une semaine plus tard, rien. J'avais manqué de courage.

— Vous repoussez sans cesse l'échéance, vous êtes sûre qu'il n'y a aucune raison particulière à cela ?

— Non, je lance en essayant d'être convaincante.

Si.

— Souhaitez-vous que je vous donne mon avis ? il quémande.

J'acquiesce d'un hochement de tête, l'invitant à poursuivre.

— Je pense que vous avez peur, vous pensez qu'en ayant une discussion avec lui, - une vrai discussion - vous lui pardonnerez ses erreurs. Durant nos débuts, nous avions conclu une tendance à dépendance affective et je pense que c'est ce qui vous fait peur, il débite. Vous pardonniez les erreurs de votre relation précédente sans réfléchir, vous trouviez ça normal en lui trouvant sans cesse des excuses, et aujourd'hui vous réfléchissez trop.

Avoir été éprise de Caleb m'a laissé des cicatrices, des cicatrices qui n'hésitent pas à se rouvrir à chaque fois que quelque chose me renvoie à ces fois-là.

J'ai été dépendante de l'affection qu'il m'apportait, une affection malsaine et destructrice. Lui avoir pardonné sa première erreur a été une suite de mésaventures aussi désastreuses les unes que les autres. Il a nourri ce trou béant dans ma poitrine jusqu'à ce qu'il soit assez profond et dévastateur. Jusqu'à ce que cette relation me consume petit à petit.

Prendre le risque de laisser Aiden avoir un tel pouvoir sur moi m'effraye, et je me persuade qu'en repoussant nos explications, je ne retomberais pas dans ses bras aussi facilement. Même si j'en meurs d'envie.

Parce que contrairement à Caleb, je l'aime toujours et je pense que jamais je ne cesserais.

Je reste sans voix, ne sachant pas quoi lui répondre. Il me perce de ses yeux bleu océan et j'arrive à y lire de la compassion en plus du soutien qu'il me porte. Je sens ma gorge se nouer et les larmes perler aux coins de mes yeux et finis par rompre le contact visuel.

Il se précipite sur la boîte à mouchoir près de sa chaise, sur la petite table, et m'en tend un quant au même moment, je renifle, essuyant mes larmes du revers de la manche.

— Merci.

— Pas de soucis.

Il est si doux et compatissant que s'en ai douloureux. J'ai passé ces derniers mois à me battre contre moi-même. J'ai toujours eu une faible estime de ma personne, encore plus pendant ma relation avec Caleb. Sans avoir été en couple une seule fois, il avait réussi à avoir une emprise totale sur mon bien-être mental et physique.

Je pensais qu'il prenait soin de moi, que c'était une manière pour lui de me montrer qu'il tenait à moi. Mais ça n'a fait que me détruire. Et aujourd'hui, quand on essaye de prendre soin de moi, ça me fait tout drôle au point où je ne cesse de me demander si ces actes sont sincères. S'ils me veulent du bien.

HARMFUL T.1/T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant