HARMFUL T.1/T.2

ÉPILOGUE

( Pré NDA: Sorry, it was the last time... But, maybe not ? Ps: Je vous invite à écouter "Remember That Night" de  Sara Keys. Bonne lecture <33)

Deux mois se sont écoulés depuis l'accident, et un mois depuis mon réveil du coma. Un mois passé dans cet état, immobile, inconsciente, suspendue entre la vie et la mort. Cette expérience m'a fait comprendre combien je ne suis qu'une infime partie de ce monde. Juste moi.

Avoir eu cette seconde chance m'a ouvert les yeux sur la précieuse fragilité de la vie et sur la finesse du fil auquel elle tient.

— Hey, Faith, intervient Leila en entrant dans ma chambre. Je sais que tu te réinstalles dans ta chambre et que tu préfères le faire seule, mais j'ai quelque chose pour toi.

— Si ce sont encore des affaires à Ridley, il va me falloir un carton pour les mettre dedans. Elle a passé un mois ici et on croirait qu'elle y a passé l'année ! je rétorque, hilare.

Quand j'ai été interné en urgence après mon accident de voiture, Ridley a emménagé dans ma chambre, le temps que je revienne parmi les vivants, et surtout pour soutenir Leila moralement. Je sais que tout mon entourage a été profondément affecté par ce qui s'est passé. Désormais, plus personne ne me laisse seule, même pas une minute. Leila frappe à la porte de ma chambre aussi souvent qu'il est possible de le faire.

— Tiens, elle tend un morceau de papier plier en quatre dans ma direction, son regard plongés dans le mien.

— Qu'est-ce que c'est ?

— Tu n'es pas obligée de la lire. Je ne l'ai pas lu, elle t'est destinée, mais j'ai promis que je veillerais à ce que tu l'aie.

Je saisis la note du bout des doigts, avec précaution, comme si son simple contact risquait de me brûler.

— Je vais te laisser, fais-moi signe si tu as besoin de quoi que ce soit, elle me sourit tendrement et s'éloigne doucement, mais sûrement sous mon regard interrogateur.

Qu'est-ce qui peut être assez important pour qu'elle me le transmette de cette manière ? Je ne l'ai jamais vue aussi hésitante, presque suppliante envers moi.

Elle veut que je la lise.

La porte fermée, je m'assois sur mon lit, prends une profonde inspiration, puis expire lentement. En dépliant la note, je découvre une écriture bien trop familière, qui me prend de court.

— C'est pas vrai... je murmure, la gorge nouée.

Il m'a écrit une lettre.

L'air me manque, et mes yeux se remplissent de larmes incontrôlables.

Il y a deux mois, il n'était pas là, ce soir-là. Ce soir où j'ai failli mourir de l'intérieur. Pourquoi me fait-il ça ? Pourquoi chercher à me faire souffrir davantage ? N'en a-t-il pas assez fait ?

Mes larmes redoublent, et le papier se froisse sous la pression de mes doigts. Quelques gouttes humectent la lettre, brouillant certaines lettres.

Être inconsciente n'a pas suffi pour l'oublier.

Je sais que lire cette lettre n'effacera rien de ces derniers mois, mais quelque chose en moi m'y pousse. J'ai besoin de la lire. Je ravale mes sanglots, passe le revers de ma main sur mon visage et essuie mes larmes. Tremblante, je contiens tant bien que mal les larmes qui voilent ma vision.

« Chère Faith,

Si tu lis cette lettre, c'est que j'ai échoué à être là pour toi, et que nos chemins se sont séparés. Ce n'est pas ainsi que je voulais que cela finisse, vraiment pas.

Si on m'avait dit qu'à l'instant où tu es entrée dans ma vie tout basculerait, je ne l'aurais jamais cru. Et même aujourd'hui, j'ai encore du mal à y croire.

Au début, tu n'étais qu'une curiosité, un mystère que je voulais percer. Je voulais comprendre ce que mademoiselle-j'insulte-le-premier-venu-d'abruti avait de si particulier.

Un cœur. Une âme pure, capable d'alléger même les âmes les plus sombres, rongées par l'amertume, la rancœur, la haine.

Avec le temps, j'ai réalisé que tu étais devenue une obsession, que tu occupais toute la place dans mon esprit, m'éloignant de mon but initial : retrouver l'assassin de mon père.

J'avais promis au tien d'être là pour toi, une promesse que je n'ai pas su tenir. Je m'en veux de t'avoir fait croire que je ne tenais pas parole. Et je me déteste encore plus d'avoir mis tant de temps à te révéler la vérité : sur ma vie, sur mon oncle, sur ma mère...

Elle est vivante, Faith. C'est elle qui a planifié le meurtre de mon père, elle qui m'a abandonné au moment où j'avais le plus besoin d'elle. Mon oncle a fait de moi sa marionnette, et tout ce temps, elle restait dans l'ombre, silencieuse.

Ma vie n'a été qu'un mensonge sans fin.

Mais avec toi, tout était différent. Tu es la meilleure chose qui me soit arrivée. Si c'était à refaire, je revivrais tout, exactement de la même manière, parce que je n'en changerais rien. Mais une chose est certaine : j'aurais agi différemment, mieux, parce que tu mérites qu'on soit sincère avec toi.

Je m'en veux encore de t'avoir abandonnée au moment où tu avais besoin de moi. J'ai été lâche, égoïste, alors que tout ce que tu voulais, c'était une épaule sur laquelle t'appuyer. Une oreille prête à t'écouter.

Tu es celle que j'ai choisie, et sache que tu ne seras jamais un second choix. Pas pour moi.

Grâce à toi, j'ai retrouvé le goût de vivre. Tu m'as donné une raison de me battre, de continuer, car j'ai eu la chance de connaître deux souffles de vie : le premier à ma naissance, et le deuxième en te rencontrant. Tu as été mon souffle d'oxygène dans ce chaos émotionnel, cette année si éprouvante pour nous deux.

Je regrette de ne pas avoir compris plus tôt que tu n'étais pas simplement un divertissement, mais celle qui allait me sauver. Mais il semble que, moi, je n'ai pas su te sauver, mon ange...

Aiden. »

À SUIVRE...