HARMFUL T.1/T.2

7. AIDEN (tome II)

Elle est là, à deux tables de moi. Son regard dans le mien, je suis figé, incapable d'émettre le moindre mouvement par peur de la faire fuir. Même une respiration ne se fait pas entendre.

Le bruit autour de nous, c'est dissipé, comme s'il n'y avait que nous, seuls au monde.

Elle est là et est aussi belle que dans mon souvenir, aussi belle qu'un mois en arrière la dernière fois que je l'ai vu d'aussi près, avant qu'elle ne se réveille.

Aussi belle et pure qu'un ange.

Je serais tenté d'aller la retrouver, là, maintenant. Mais la réalité me rattrape et la voix d'Erica me fait quitter ce havre de paix.

— Tu bois quelque chose ?

Je reporte mon attention sur ma cavalière à contrecœur et du coin de l'œil, je remarque le regard de Faith fuir le mien. Recentrer son attention sur sa soirée, comme si je n'étais pas là.

Elle a tourné la page.

Elle ne s'attendait pas à me voir ici, c'est tout.

— Un verre de votre saké le plus fort, s'il vous plaît.

Mon cœur bat à tout rompre et ma respiration se saccade rien que de la savoir si proche et dans l'incapacité de l'approcher.

Elle ne m'aime plus.

Et je l'aime encore.

— Cet endroit est magnifique, tu as une préférence pour la nourriture asiatique ? elle reprend.

Moi non, mais elle, oui.

— C'est mangeable.

Il m'est impossible de rester concentré plus d'une minute sans la chercher du regard. Elle rit avec Ridley, ses mains sous son menton, maintenant sa tête. Et cette manie qu'elle a de passer une mèche de cheveux derrière son oreille...

Merde, concentre-toi.

— Ça te plais les états-unis ? je demande dans l'espoir de m'orienter sur autre chose.

— Vous avez de bons fast-foods et la vie ici est plutôt pas mal, mais j'ai tout de même une préférence pour chez moi, elle avoue. Tu devrais venir au Canada, je suis sûre que ça te plairait.

— Mh.

Ne la regarde pas, concentre-toi sur Erica.

Tiens t'en au plan.

— T'es allé à la fac ?

— J'y suis toujours en fait, c'est ma dernière année de science politique.

— De la science politique ? je répète étonné. Tu ne trouves pas ça un peu contradictoire avec les affaires de ton père ?

— Je ne suis pas particulièrement pour ses manigances, mais j'aime ce que je fais et d'un autre côté, il espère s'en servir à l'avenir...

— Et le rôle de ma... De ma mère dans tout ça ?

Elle soupire longuement et je comprends que parler de nos parents ne l'enchante pas vraiment. Elle n'avait sûrement pas prévu que sa soirée se déroule ainsi. Et moi non plus d'ailleurs. Savoir que Faith m'a vu accompagnée d'une autre me déplaît bien plus qu'il ne faut.

— Elle l'approvisionne en armes, c'est elle qui les lui fournit.

— Rassure-moi, tu ne fais pas partie d'une mafia canadienne ?

— Quoi ? Non ! elle s'offusque. Mon père est contre le système, c'est un genre de communiste.

— Il prône la dictature ?