CHAPITRE 28

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Faith


— S'il faut que je lui demande de t'éloigner, je le ferai, me propose Kyle.

Nous sortons à peine du café avec Kyle après avoir fait la fermeture. Deux jours se sont écoulés depuis l'irruption d'Aiden, et Kyle a décidé que c'était le bon moment pour en parler. Je devais rejoindre Leila chez Target dans quelques minutes, car ma meilleure amie a décidé d'organisé une soirée à comité restreint dans notre appartement ce soir. Nous ne serons que tous les trois, comme à notre habitude, mais j'avais envie de proposer à Kyle de se joindre à nous.

Il avait été d'une grande aide et d'une gentillesse remarquables ces derniers jours, proposant de me raccompagner à pied alors qu'il aurait pu le faire en voiture. Et pas n'importe quelle voiture : un magnifique berline coupé noir semi-matte. En l'observant, j'ai supposé qu'il venait d'une famille aisée, et il s'est avéré que j'avais raison. Kyle m'a révélé qu'il avait été adopté, et que ses parents adoptifs étaient très fortunés.

— Ça te dit de passer à l'appartement ce soir ? Leila fait une genre de soirée entre nous, je change de sujet aussitôt.

Il acquiesce et nous nous quittons au coin de la rue. Je le vois rebrousser chemin vers sa voiture pendant que je traverse la route pour emprunter celui qui m'emmènera vers Leila. Il avait proposé de me déposer en voiture, mais l'idée d'écouter Leila débiter sur le beau blond m'agaçait. Cependant, toutes mes pensées me ramenaient à une personne en particulier. Je le détestais toujours après sa scène chez mes parents le soir du réveillon, mais l'avoir revu au café m'avait fait frôler la tachycardie. Que je le veuille ou non, il me faisait de l'effet, bien plus que ce que j'aurais pu imaginer un jour. Mais il était tellement... lui.

Et malgré tout ce mystère qui l'entoure, il me manquait un peu, juste un peu. C'était trop difficile à admettre, et il n'en saurait jamais rien. Après tout, nous sommes amis, et l'idée de le perdre -en quelque sorte- m'attristait.

Je suis tirée de mes pensées lorsque mon téléphone se met à vibrer dans ma main. C'est un message de Caleb.

Caleb : Salut... ça te dirait qu'on se voit à ton travail ? J'ai besoin de te parler.

J'ai un léger froncement de sourcils, mets mon téléphone en veille et le fourre dans ma poche, décidant de ne pas répondre. Me proposer de le rejoindre chez Alice pour prendre un café après ce qui s'est passé ? C'est hors de question. J'aurais bien voulu l'inviter à notre petite soirée si les choses s'étaient déroulées autrement, mais c'est la soirée de Leila, et je ne pense pas qu'elle aurait été emballée à l'idée de le savoir avec nous, peu importe les circonstances.

Il vaut mieux garder ses distances. Plus je vis loin de lui, mieux je me sens...

Cette prise de conscience me pince légèrement le cœur. Je tiens toujours à lui d'une certaine manière, et j'espère qu'il en est de même pour lui. Son initiative de vouloir arranger les choses ne me laisse pas indifférente. Savoir qu'il pense à moi, qu'il regrette sûrement ses gestes, sa maladresse, ça me touche.

On réalise la valeur des choses une fois qu'on les a perdues.

Je suis interrompue par le bruit incessant de paquets qui s'entrechoquent. Leila dévalise les rayons de chips et de bonbons. Pour elle, il est impensable de faire la fête sans. Elle me raconte sa journée interminable, elle aussi a travaillé pour avoir sa soirée de libre. Elle ne sait rien de ce qui s'est passé au cinéma ; pour elle, tout s'est bien passé, aucune bavure.

— Au fait, j'ai invité Aiden et ses amis à se joindre à nous, elle s'empresse de me dire, tandis que je la dévisage longuement.

J'ouvre la bouche, mais aucun mot n'en sort. Elle s'éloigne du cadis un instant me laissant l'espace minimum pour reprendre mes esprits. Ou peut-être pour éviter que je ne m'en prenne physiquement à elle.

HARMFUL T.1/T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant