HARMFUL T.1/T.2

6. FAITH (tome II)

Il était là. Ici, en bas de chez nous.

J'ai d'abord trouvé ça étrange que Leila ne veuille plus que je réceptionne Ridley, surtout que ça risquait de la mettre en retard pour son service.

Ryan était supposé la déposer, mais il faut croire que ses plans ont pris une tout autre tournure.

La seule raison qui l'a poussé à se dévouer est celle-ci. Je le savais et pourtant, j'y suis allée, à la fenêtre. Les rideaux étant épais, il n'a pas pu voir que j'étais restée là, à l'observer.

Ça fait des mois, mais j'ai l'impression qu'une éternité s'est écoulée sans que l'on ne soit aussi près l'un de l'autre. Un escalier nous séparait, un ascenseur nous séparait.

Il n'a pas changé...

Non pas que j'aurais préféré le contraire, mais le voir, ici, à quelques mètres de moi a éveillé quelque chose, quelque chose que j'espérais refouler au plus vite. Mais si mes pas m'ont amené jusqu'à ce recoin de notre salon, c'est qu'au fond de moi, je le désirais, mon cœur le désirait, je voulais le revoir.

Il m'a menti.

Il ne me fait pas confiance.

J'ai failli y rester par sa faute.

C'est ce que je m'entête à me répéter depuis qu'il est parti et que Ridley et moi sommes seuls à l'appartement.

En fin d'après-midi, j'ai rendez-vous avec le Docteur Brown. Ridley est au courant et je m'en veux de la laisser vadrouiller seule dans cette ville alors qu'elle vient d'arriver.

— Tu m'écoutes quand je te parle, Faith ? elle hèle en secouant une main près de mon visage.

— Oui, j'ai été... distraite pardonne-moi, tu disais ?

Elle hausse un sourcil, peu convaincu et je sais qu'à cet instant, je suis mal barrée.

— Tu pensais à quoi ?

— Rien, rien, je t'écoute, je persiste.

— Tu l'as vu, elle me prend la main dans le sac. Tu pensais à lui, hein ? elle s'amuse, un sourire enjoué aux lèvres.

— Quoi ? Mais non, pas du tout.

Une étincelle brille dans ses yeux, et rien qu'à son sourire en coin diabolique, je comprends que j'ai été stupide.

— Comment tu sais de qui je parle ? Je n'ai dit aucun nom.

Merde.

Je me laisse tomber sur le canapé -qu'on a déplié pour l'installer-, dans un long soupire exaspéré.

— Qu'est-ce que ça t'a fait de l'avoir revu ?

— Qui t'a dit que je l'avais vu ?

— Faith, elle se repositionne sur le canapé-lit et prend mes mains dans les siennes. Je suis pas débile, alors vas-y crache le morceau.

— C'est moi, qui ne suis pas débile, j'ai compris qu'il viendrait à la place de ton frère.

— Et qu'est-ce que ça t'a fait ? elle insiste.

Ça m'a retourné l'estomac, ça me l'a noué dans tous les sens et bizarrement mon corps s'est enveloppé de cette chaleur que je ressens quand il est tout près. Je crois qu'il me manque... Non, j'en suis sûre, mais c'est un menteur, égoïste que je déteste. Je déteste continuer de l'aimer après tout ça parce qu'au fond, je sais qu'il est tout aussi peiné de la situation. Ses mots m'ont touché, mais je ne sais pas si ce sont réellement les siens ou si là aussi, il m'a menti.