HARMFUL T.1/T.2

3. AIDEN (tome II)

J'arbore chaque pièce de cette maison à sa recherche. Je cours à en perdre haleine. Je sue, j'ai chaud. J'étouffe.

Où est-ce qu'elle est ?

J'ouvre l'une des nombreuses portes donnant sur ce couloir infini et tombe sur elle. Sur lui. Elle est là, allongée sur ce lit. Elle essaye de se battre contre son assaillant, mais rien à faire, il ne bouge pas. Et moi non plus.

Je n'arrive pas à exécuter le moindre mouvement, mes membres refusent de coopérer. Je reste cloué au sol, contrains de le laisser faire. J'hurle, mais rien à faire. Il ne m'entend pas.

S'il te plaît, arrête.

— Putain arrête ! Lâche-la, tu lui fais mal ! je m'époumone, suppliant.

Elle souffre. Je l'entends pousser un râle de douleur perçant. Ses pleurs sont la seule chose que je suis capable d'assimiler dans ce brouillard. Et sa douleur... elle a mal, elle souffre.

— Tu avais promis... je l'entends geindre. Tu avais promis et aujourd'hui, je suis morte. Tu m'as tué Aiden, comme tu as tué ton père avant moi.

Non, non, non.

— Nous sommes morts tous les deux, par ta faute.

— Ça suffit ! STOP !

*

C'est en sursaut que je me réveille une fois de plus. Ce même cauchemar, cette douleur lancinante à la poitrine qui m'empêche de respirer correctement. Mes crises de paniques qui me réveillent plus souvent que je le voudrais.

Je suis transpirant et mes draps aussi. L'heure sur mon téléphone m'indique qu'il n'est que trois heures du matin et je sais que je n'arriverais pas à me rendormir. C'est ce même cercle vicieux qui me hante chaque nuit. Ce parallèle où je suis impuissant, incapable de lui venir en aide, où je le regarde lui faire du mal.

C'est sur cette même routine que je me lève, change de draps et file prendre une douche rapide et m'habille. Je saisis mes clés de voiture posée à l'entrée et je sors.

C'est sans but précis que j'erre dans les rues de la ville qui ne dort jamais. Soudain, l'idée d'aller la trouver me traverse l'esprit. Il faut que je la voie, au moins une fois, que je sache si elle va bien. Je dois m'en assurer.

Les garçons me tueraient s'ils l'apprenaient. Ryan plus que Tom. Il pense que je devrais attendre qu'elle prenne elle-même cette décision. Je sais que je ne devrais pas, que cette situation me ferait plus de mal qu'autre chose, mais comment résister ?

J'empreinte la route qui mène directement chez elle et y arrive en quelques minutes. Malgré la distance qui nous sépare, la route est fluide et ma vitesse légèrement au-dessus de la limitation.

Les lumières sont éteintes quand j'arrive. Je reste assez loin pour ne pas être aperçu au cas où elles décideraient de se lever. De là où je suis, je peux entrevoir les stores de sa fenêtre qui ne sont pas descendus. J'aurais presque envie d'emprunter les escaliers de secours pour la rejoindre. Presque.

Je donnerais corps et âme pour la sentir près de moi à nouveau, juste un court instant.

Soudain, du mouvement jaillit au niveau du toit de l'immeuble et c'est là que je la vois. Accoudée au rebord, près du vide, les yeux rivés sur un point fixe face à elle. Elle porte l'un de ses pulls un peu trop grand pour elle, mais qui n'empêche lui vont à merveille. Ses cheveux sont relevés en une queue-de-chevale haute et je peine à percevoir le reste de sa tenue.

Je ne saurais affirmer ce qui l'a tiens éveillé à cette heure-ci. Peut-être les mêmes raisons que les miennes ? Trouve-t-elle le sommeil après ce qu'il lui est arrivé ? Continue-t-il de la tourmenter, jusque ses rêves ? Beaucoup de questions, mais peu de réponses. Réponse que je n'aurais sûrement pas. Jamais.