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-Tu es prête ? Nous décollons dans deux heures.

    Foutue mission.

    Je me grattais l'arrière de la tête, fortement agacée par ce voyage. Je n'avais aucune envie d'y aller. Je ne voulais pas servir l'entreprise familiale et encore moins remplir ma mission parfaitement. Pour rendre fier qui ?
Avec tout ce qu'il s'était passé, j'avais espéré pouvoir échapper à cette mission. Toutefois, il fallait que je vois la vérité en face : j'allais devenir cheffe de famille. Ma position était délicate et même si je refusais ce trône de tout mon coeur, c'est à moi qu'il revenait. Et à personne d'autre.
    Et s'il y avait bien une chose dont j'allais m'assurer, c'était qu'il ne tomberait pas entre les mains de quelqu'un aussi malveillant et vicieux que Feliciano. Parce que même si c'était difficile à l'admettre, cette position pouvait être bénéfique. Elle pouvait m'aider à améliorer certaines choses, et je n'allais pas me gêner.

-Je ne veux pas y aller.

    Lino me regardait, les sourcils haussés. Lui qui avait tant l'habitude de la Serafina déterminée et intouchable, il allait être surpris de voir qui j'étais vraiment : flemmarde et aigrie.

-Nous n'avons pas le choix.

-On l'a. Je suis cheffe de famille, maintenant.

-Tu ne l'es pas encore.

    C'était vrai. Officiellement, le pouvoir ne m'avait pas encore été passé. Ce n'était qu'une question de temps avant que la cérémonie soit prononcée. Parce que oui, chez nous, il y avait une cérémonie. Le Conseil ne se prenait pas pour n'importe qui.

-De toute façon si je n'y vais pas, personne ne dira rien.

    Lino s'asseyait à côté de moi, me tendant un paquet de bonbons.

-Sera. On est déjà à l'aéroport. Ça ne servirait à rien de faire demi-tour.

    Lino me connaissait peut être plus que je ne voulais le croire. En effet, il m'avait réveillée, m'avait directement traînée hors du lit et jetée dans une voiture. Il avait profité de mon long temps d'adaptation de réveil pour m'envoyer tout droit en Algérie.
Nous étions alors rapidement arrivés à l'aéroport. Les Boumena avaient marqué le coup: ils nous avaient envoyé un jet privé.
Nous nous asseyons alors dans nos siège, chacun a sa rangée.

-Croiser les bras et bouder n'y changera rien.

    Je le fusillais du regard.

-J'ai vingt-trois ans. Je ne boude pas.

-Dans ce cas agis en fonction de ton âge.

    Je m'apprêtais à lui lancer mon regard le plus meurtrier mais je tombais nez à nez avec un grand sourire jusqu'aux oreilles. Et malgré que je ne l'admettrais jamais à voix haute, ça m'avait perturbée.

-Fou-moi la paix, grognais-je.

    Comme toujours, Lino ne s'arrêtait pas de sourire. Sûrement satisfait de ma retraite.
    Il remontait les manches de son habituelle chemise blanche, non sans me lâcher du regard.

-Quoi ?

-Rien, se contentait-il de répondre.

    Enfin, c'était à notre tour de décoller.
   Une des hôtesses de l'air arrivait vers nous, un paquet à la main. Elle était sublime. Ses beaux cheveux noirs bouclés s'alliaient parfaitement à son teint foncé.
    Toutefois, lorsqu'elle s'arrêtait au niveau de Lino, je savais que ça n'allait pas me plaire.

The Wolf On The LooseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant