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Je n'eus même pas le temps de m'ennuyer que Lino arrivait déjà.
Comme à son habitude son apparence était tirée à quatre épingles. Cette fois, il était habillé tout en noir. Sa veste sur son bras, il laissait pleinement apparaître sa chemise noire qui contrastait parfaitement avec sa peau mate.
Il arrivait avec trois de ses hommes, son entrée n'avait rien de discret. Il me cherchait du regard quelques secondes avant de me repérer.

Alors qu'il marchait vers moi, je sentais ma gorge se serrer. J'étais en plein conflit avec moi même. Plus il s'approchait, plus j'étais en colère contre lui. Mais cette colère se battait en duel avec l'amour que j'avais pour lui et ainsi, je ne savais pas qui allait gagner.
Cependant, je gardais un visage impassible. C'était une rencontre banale. Rien de plus normal.

-Serafina, tout va bien ? demandait-il en me regardant les sourcils froncés.

Il regardait mes vêtements, encore tachés de sang.

-Oui, merci.

Il y eut quelques secondes de flottements. Des secondes qui paraissaient être des heures tellement c'était gênant.
Je ne savais pas quoi dire. En réalité, je n'avais même pas envie d'être là. Face à lui. Si je pouvais, je m'enfuirais en courant.

-Tu ne peux pas sortir comme ça, on va te trouver des vêtements.

-Quoi ?

Lino ne prit pas la peine de me répondre et interpellait un des hommes qui était avec lui.

-Va lui chercher des affaires. On attend ici.

L'homme en question hochait la tête et partait.
Nous le regardions sortir de l'hôpital et je me sentais coupable qu'il ait envoyé quelqu'un alors que ce n'était pas nécessaire.
Ce n'était pas comme si c'était une histoire de famille. Je portais mes vêtements d'infirmière, personne ne penserait que j'étais impliquée dans de sales histoires.

-Je dois y aller, Lino. Merci d'être venu et pour les vêtements mais-

Lino ne me laissait pas finir ma phrase. En réalité, il attrapait seulement ma main et marchait je ne sais où, moi derrière lui. Je m'étais stoppée toute seule en sentant la chaleur de ses doigts sur les miens.
Je ne me débattais pas. Au fond, je ne voulais pas qu'il se détache de moi.

Seulement, arrivés dans un bureau, Lino refermait la porte derrière moi et laissait nos mains s'échapper. Je regardais mes doigts, surprise de mes propres pensées.
Je n'avais jamais été rancunière. C'était ironique, étant donné tout ce qui m'était arrivé, je devrais l'être. Je devrais accuser le monde entier et haïr tous ceux qui m'avaient un tant sois peu blessée.
Mais je n'y arrivais pas. Au contraire, j'étais simplement blessée. Il n'y avait pas la phase d'après où je détestais la personne. Il n'y avait que moi et mon âme brisée, attendant qu'on nous piétine encore un peu plus.

-Qu'est-ce qu'on fait ici ? demandais-je les bras croisés.

Toutefois, ça ne m'empêchait pas d'être en colère. Mais la colère était une émotion de passage. Et lorsque la colère disparaissait, il ne restait que les sentiments envers la personne. Et Lino... C'était dur. Je voulais rester en colère. Je ne voulais pas le pardonner car s'il y a bien une chose que je savais, c'était que je ne supporterais pas une énième trahison. Pas de lui.
Si la colère passait, le pardon serait la suite logique. Mais je ne voulais pas lui laisser l'occasion de me blesser comme il l'avait fait à nouveau.

-As-tu reçu ce que je t'ai envoyé ?

Il savait pertinemment que oui. Je le savais car Helliott m'avait informé que Lino était toujours à proximité lorsqu'il y avait une livraison. Il observait mes réactions et je savais que ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne craque face à mon silence.

The Wolf On The LooseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant