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Je savais que Lino mijotait quelque chose. Mais j'étais loin de m'imaginer ça.

-C'est une blague ? grognais-je.

Je ne pouvais m'empêcher de regarder la bague autour de mon annulaire avec dégoût. Elle était gigantesque. Immonde.

-Il est hors de question que l'on pense que je ne gâte pas ma fiancée.

Tout ce qu'il venait de dire me donnait envie de vomir.
La sincérité que je pensais avoir vue dans ses yeux hier avait disparue. Il avait recouvré son masque de chieur, même s'il m'épargnait pour l'instant de sa drague à deux balles.

-Et ce n'est pas avec ton fil de fer que l'on va penser le contraire, ajoutait-il en fronçant les sourcils devant son téléphone.

Je savais qu'il préparait un mauvais coup au niveau de la bague. J'avais alors tenté de prendre les devants hier soir et était revenue avec une petite bague, bien discrète. Toutefois, c'était sans compter l'ego surdimensionné de l'héritier.

-Tu veux dire que me poser une caillou brillant sur le doigts va faire croire au monde extérieur que tu m'aimes ?

Je ne pouvais m'empêcher de ricaner nerveusement. Dans quel monde vivait-il ?

-Tu es la future femme du chef de famille De Vito. Il faut que l'on te traite comme telle.

Il n'avait pas levé les yeux depuis que nous nous étions assis.
En me réveillant ce matin, je m'attendais à tout sauf à voir ses nombreux messages ainsi qu'appels manqués. En décrochant, toujours à moitié endormie, je lui avais clairement fait comprendre que je voulais qu'il me foute la paix. Tout ça avant de lui raccrocher au nez, bien sûr.
Cependant, ça ne l'avait pas dissuadé. Je mettais alors mon téléphone en silencieux, prête à me rendormir. Mais c'était sans compter sur la persistance de Lino : il était maintenant en train de klaxonner en bas de ma fenêtre. Je m'étais alors levée, non sans jurer dans ma barbe inexistante. J'ouvrais la fenêtre, prête à lui jeter un vase sur sa maudite voiture mais je me stoppais immédiatement dans ma course. C'était la voiture de mon père.

Et voilà, comment je m'étais retrouvée dans cette bijouterie : à moitié réveillée, encore de l'alcool dans le sang et une fichue bague de fiançailles au doigt. Un véritable guet-apens.

-Je n'ai aucune envie de me trimballer avec ça.

Lino s'apprêtait à répliquer mais le bijoutier rentrait dans la pièce.

-Vous avez choisi ?

Il m'avait ramené un plateau où de nombreuses bagues y reposaient, toutes aussi imposantes les unes que les autres.

-Vous n'auriez pas des plus... Discrètes ?

    Le bijoutier haussait un sourcil, surpris.

-C'est bien la première fois que l'on me fait ce genre de demande... En général, c'est plutôt l'inverse.

    Évidemment, cette boutique était réputée pour concevoir les bijoux les plus élégants et hauts de gamme.
    Mais je m'en fichais de ses commentaires. Je n'étais pas là pour me faire passer pour la fille du peuple ou me faire apprécier pour ma bonté d'âme. Tout ce que je voulais, c'était qu'on en finisse au plus tôt.

-Vous avez de la chance, Monsieur De Vito, continuait le vieil homme aux cheveux gris. Vous semblez avoir trouvé la perle rare.

    Je voulais me jeter dans un trou et y rester coincée des heures.
    Je n'étais pas une perle. Tout ce qu'il y avait de rare chez moi était mon titre, seulement donné aux héritiers. Et Lino ne m'avait pas trouvée. J'avais été déposée dans le creux de sa main sans qu'il n'ait à faire quoique ce soit.
    D'ailleurs, il ne prenait pas la peine de répondre. Il se contentait de ricaner sans quitter des yeux son téléphone.

The Wolf On The LooseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant