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-Arrêtes-toi.

    Miran fronçait les sourcils.

-Pourquoi ?

    Malgré mon manque de réponse, il s'arrêtait quand même.

-Si c'est pour repartir voir Cole, j'ai vu l'ambulance rentrer dans-

-Ce n'est pas ça, soufflais-je en détachant ma ceinture. Je ne peux pas venir avec toi.

-Je ne comprends pas.

-Ce sera plus difficile pour eux de nous suivre si on se sépare. Tu dois y aller pour moi.

-Quoi ? Mais-

-C'est la seule chose que je te demande, le coupais-je. Vas-y et mets les dans un endroit sûr. Je vous rejoindrais dès que j'ai fini.

-Fini quoi ?

    Je sortais de la voiture. Heureusement nous n'avions fait que quelques mètres et étions encore en centre-ville.

-Ne t'en fait pas pour moi.

    Je claquais la porte mais Miran restait encore, hésitant.

-Je compte sur toi, clamais-je.

    Il hochait la tête, finalement convaincu. Je voyais la voiture s'éloigner et lorsqu'elle ne fut plus dans mon champs de vision, je savais exactement où me diriger.


     La porte de mon bureau claquait. C'était si fort et si brusque, c'était comme si un géant avait mis un coup de pied dedans.

-Mademoiselle, vous devez attendre que nous-

-Foutez-moi la paix.

    Toutefois, en levant les yeux, le géant n'avait rien d'effrayant. Au contraire.

-Serafina.

    D'un geste de la main, j'indiquais à une des secrétaires que tout allait bien. Cette dernière hochait la tête et sortait de mon bureau, me laissant seul avec Serafina.
    Ses cheveux bouclés étaient en batailles, comme s'ils venaient de mener une guerre à eux seuls. Elle semblait essoufflée, ou peut-être était-elle tellement en colère qu'elle n'arrivait plus à se contenir.
Elle avait du sang sur les mains et son haut et je me surprenais m'inquiéter. Toutefois, avant même que je ne puisse dire quoique ce soit, elle me devançait.

-Je veux des réponses.

    Le temps était venu.

-Que dis-tu de t'installer ? Nous pourrions discuter et-

-Discuter ? Vous pensez vraiment que j'ai envie de discuter ?

    Ses yeux me jetaient des éclairs et je n'arrivais pas à déterminer ce que je ressentais. C'était ma fille que j'avais en face de moi. C'était ma fille et je ne savais même pas comment l'aborder et encore moins comment lui parler.
Ses yeux me jetaient des éclairs et je voyais très bien le dégoût qu'elle éprouvait. Elle ne se le cachait pas.

-Tu lui ressembles, murmurais-je.

    Pendant une fraction de seconde, j'avais l'impression de voir quelque chose se briser dans ses yeux.

-Alors c'est vrai, chuchotait-elle.

    Ces quelques mots avaient été prononcés si bas, comme si elle n'arrivait pas à les assimiler.
    Je baissais la tête. J'avais tellement redouté ce moment que je m'en sentais honteux. Moi, du haut de mes longues années, je baissais la tête devant elle. Devant ma fille.

The Wolf On The LooseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant