Haru x Riko

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Debout devant le miroir de sa salle de bain, Riko mettait la dernière touche à son maquillage. En reposant son gloss, elle inspira profondément et s'efforça de se calmer.

Ça va bien se passer, se dit-elle, tout va bien se passer.

Elle savait pourtant que ça ne serait pas le cas. Depuis qu'elle travaillait au Yoru No Kuchi, il ne s'était presque jamais passé une soirée sans qu'elle se retrouve obligée de se prostituer.

Les sanglots lui envahirent la gorge et elle se retint au bord du lavabo pour pleurer, parcourue de tremblements.

Ça suffit, s'intima-t-elle, redresse-toi, tu fais pitié... Nana ne pleurerait pas comme ça !

Quelques mois plus tôt, à la recherche d'un petit travail pour soulager son grand-père qui payait ses études, Riko avait été attirée par le contrat mirobolant que lui avait présenté Kōichiro Kōji – l'homme qui voulait qu'on l'appelle Kōkō. Pour trois soirées de représentations par semaine, elle toucherait presque autant qu'avec ses deux petits boulots actuels. Une aubaine, surtout quand on savait que les finances familiales étaient dans le rouge à un tel point que Nanaka avait dû renoncer à revenir des États-Unis pendant les vacances.

Riko s'était dit que c'était la solution. Elle qui appréciait l'art et la danse, elle allait pouvoir aider sa famille en faisant ce qu'elle aimait.

Bien sûr, il ne lui avait pas échappé que les danseuses du Yoru No Kuchi étaient pour la plupart des strip-teaseuses qui vendaient leurs corps une fois leurs numéro fini, mais elle s'était naïvement dit que cela ne la concernerait pas.

Je ferai mon show, mais pas question d'aller plus loin, ils ne peuvent pas me forcer !

Malheureusement, elle avait vite découvert qu'ils le pouvaient. Dès le premier soir, Kōkō l'avait laissée sanglotante et meurtrie sur le sol de son bureau. Avant de sortir, il lui avait balancé une liasse de billets avec un clin d'œil.

– À demain ma belle, lui avait-il dit.

Riko avait voulu mettre fin à ses jours ce soir-là. Recroquevillée sur le sol de sa salle de bain, une lame de rasoir serrée entre les doigts, elle avait essayé de s'entailler les poignets. Finalement, elle l'avait jeté d'un geste rageur dans l'évier.

Nana ne ferait jamais ça ! S'était-elle dit. Nana trouverait une solution pour s'en sortir ! Elle ne pleurnicherait pas ! Moi aussi je serai forte comme Nana ! Je trouverai comment m'en sortir et je trouverai toute seule ! Hors de question de mêler papy et Nana à mes problèmes !

Les semaines suivantes, Riko avait cherché le moyen d'échapper à l'emprise de Kōkō, sans y parvenir. Elle avait rapidement compris qu'il ne comptait pas se contenter d'abuser d'elle, mais qu'il allait la vendre, comme les autres. Angel était une artiste, contrairement aux danseuses qu'employait le bar, et elle attira rapidement l'attention des plus influents membres de la pègres Tokyoïtes.

Un soir, Kōkō avait ajouté une dose d'héroïne à son cachet.

– Tu as bien bossé, lui avait-il dit, tu mérites un bonus, tiens c'est cadeau !

Riko n'avait pas réalisé que c'était un piège. En rentrant chez elle, elle avait examiné le petit sachet de poudre blanche.

Juste une fois, avait-elle décidé. Ça me fera du bien.

Lorsqu'elle avait compris qu'il voulait juste l'enchaîner un peu plus, il était trop tard. Elle était accro et la drogue lui tenait lieu de filet qui empêchait son esprit de sombrer.




Riko arriva à la porte du bar quelques minutes seulement avant son show. Masaka l'attendait déjà dans le couloir.

– Tes clients sont prêts, ma grande ! Lui dit-il en l'accompagnant jusqu'à la loge. Donne tout ce que tu as, on a un investisseur important dans la salle ! Faut lui en mettre plein la vue a dit Kōkō !

Riko ne répondit pas. Elle posa son sac sur la coiffeuse qui lui était attitrée et examina son reflet. Elle avait les traits tirés, mais le maquillage cachait pour le moment les effets de la drogue. Il y avait une autre fille avec elle ce soir. Toutes les deux ne se regardèrent pas. Il n'existait aucune fraternité dans ce milieu. Toutes étaient prêtes à n'importe quoi pour survivre, même à écraser les autres.

Riko ajusta sa perruque puis elle sortit et rejoignit la scène.

Pendant son show, Riko pouvait presque sentir les regards des hommes posés sur elle. Tous s'imaginaient l'avoir dans leur lit et, pour certains, leur souhait serait exaucé ce soir, Kōkō y veillerait.

Assis dans l'ombre, son verre à la main, un homme en particulier ne parvenait pas à détacher ses yeux d'elle. Sanzu semblait plus fasciné. Il était hypnotisé.

Quand le numéro fut fini, il abandonna son verre sur la table et il se dirigea vers les coulisses.

Riko se pressa vers sa loge dès que les lumières furent éteintes.

– Tu as été géniale ma grande ! Lui dit Masaka. Du grand art ! Kōkō va être ravi ! Tu pourrais bien avoir un petit bonus ce soir !

Il lui adressa un clin d'œil égrillard, mais Riko ne releva pas.

Je veux rentrer chez moi... S'il vous plaît, je veux rentrer chez moi...

Au moment où elle arrivait au niveau de la loge, Masaka l'attrapa par le bras pour la retenir.

– Kōkō veut te voir avant, dit-il.

Riko sentit sa poitrine se serrer et elle eut l'impression de se briser un peu plus.

Non... Pas encore...

– Lâche-la connard, dit une voix. C'est pas une fille pour toi ça.

Masaka se haussa sur ses talons comme un coq prêt au combat, mais quand il reconnut Sanzu son regard s'adoucit aussitôt.

– Monsieur Sanzu ! Dit-il. Le spectacle vous a plu ? Monsieur Kōji a choisi ces danseuses spécialement pour vous !

Sanzu ne l'écoutait pas. Toute son attention était tournée vers Riko.

– Je t'ai dit de la lâcher, répéta-t-il voyant qu'il la tenait toujours. T'es sourd ?

Masaka lâcha Riko comme s'il venait de se brûler et Sanzu reprit.

– Casse-toi maintenant.

Le gérant disparut et Sanzu le regarda s'éloigner avant de revenir vers Riko.

– Ça va ? Dit-il.

Elle leva vers lui un regard éperdu de reconnaissance. Il prit son visage dans sa main pour caresser sa joue du pouce.

– Oui, dit-elle.

Elle aurait pu se noyer dans ses yeux tellement ils la couvaient avec douceur.

C'est un ange... Se dit-elle. Un ange est venu pour moi...

Il se pencha et murmura à son oreille.

– Tu veux bien venir avec moi ce soir ? Dit-il. Je ne te ferai pas de mal, je te le promets.

Riko hocha la tête et le sourire rayonnant qu'elle lui retourna fit flancher le cœur de Sanzu.

– Oui, dit-elle. Je veux bien monsieur Sanzu.

– Haru, lui dit-il. Appelle-moi juste Haru. Et toi ? C'est quoi ton petit nom ?

– Angel... Je suis Angel.

 Je suis Angel

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Bonten's Crimes [Mikey x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant