The Black Storm

Chapitre 71

▪︎ Jace ▪︎

Le silence retombe soudainement. Il n'est pas déplaisant, seulement chargé de tension. La bière à la main, la clope à la bouche, je ferme les yeux en recrachant la fumée en direction du plafond.

Je passe ma main libre dans mes cheveux et reste dans cette position un court instant. Je pose les pieds sur la table basse et soupire en même temps que les garçons.

- J'ai recommencé à fréquenter Molly. Annonce Alec, subitement en observant le plafond.

- Molly est une pute. Lâché-je en grognant. Comment tu fais pour passer du caviar à de la pâtée pour chat ?

- Parce que j'ai conscience que le caviar est trop bien pour moi et que je ne mérite que la pâté pour chat.

- Si tu étais moins con, tu l'aurais mérité ton caviar. Ajoute Ty en s'allongeant complètement sur la table.

Cette femme qu'il fréquente de nouveau est sans doute la seule capable de gérer les problèmes mentaux du noiraud. Elle n'est pas dans mon cœur, mais quand Alec avait perdu sa mère, il a trouvé refuge chez elle. J'ai conscience de la place énorme qu'elle a dans son cœur, je sais que Molly compte beaucoup pour lui. Et pourtant, je suis incapable de l'aimer.

Je sors de mes pensées en apercevant ‹‹ Seth ›› sur l'écran de mon téléphone. Je me redresse et décroche.

- Allô ?

- Ça faisait longtemps Jace Williams. Ricane Jason.

- Pas assez à mon goût, Jason. Craché-je en mettant sur haut-parleur.

- Voyons ne me dis pas ça, tu me brises le cœur. Rigole-t-il. Seth, Jacob et Lola n'étaient vraiment pas faciles à attraper, mais je sens que nous allons pouvoir nous amuser ce soir. Les voix étouffées des trois résonnent et ma rage monte en même temps que celle des gars. Vois-tu, Kyle souhaitait que j'appelle Alec, seulement ce fils de pute est incapable de répondre au téléphone.

Un bruit sourd traverse le combiné. Je me fais violence pour ne pas démarrer au quart de tour. Je me dois de rester calme pour ne pas envenimer la situation.

Ty sort son téléphone et enregistre la discussion. Je ravale ma haine et reprends en essayant de rester le plus calme possible.

- Qu'est-ce que vous voulez ? Demandé-je froidement en ancrant mon regard dans celui de mon second qui s'éloigne à reculons pour éclater sa bouteille de bière contre le mur. Passe-moi, Kyle.

Le chien obéit. Pendant ce temps, le noiraud s'approche avec nonchalance en faisant craquer le placher en appuyant volontairement dessus avec ses boots.

Alec se vautre sur le canapé à côté de moi en croisant les jambes sur la table basse. Il s'allume une clope et pose mon téléphone sur son torse, le micro en direction de sa bouche. Un bras sous sa tête, il soupire en attendant que le second des DOD daigne prendre la parole.

- Je savais que les Black Storm étaient composés de fils de pute. Dit Kyle, la voix chargée de provocation. Vous pensiez que je n'allais pas le savoir ? Lewis, Williams, la vérité finit toujours par éclater.

- Et que sais-tu au juste, Evans ? Demande Alec, froidement. Moi, ce que je sais, c'est que tu as assassiné ma mère. Je vais te retrouver, quitte à te traquer et je vais te faire la peau.

- Mais je n'attends que ça, Alec Lewis. Annonce-t-il d'un ton enjoué. Dis-moi, j'espère que tu ne m'en veux pas si je mutile ton jouet, ce n'est pas cher payé quand on pense qu'elle a tué ma copine.

Ma haine m'explose littéralement à la figure. La bouteille de bière s'éclate en plusieurs petits morceaux de verres, lorsque je la jette violemment contre le mur.

Je ne suis qu'une boule de nerf. L'esclave de mes émotions. Ty pose sa main sur mon épaule et m'oblige à m'assoir. Je ne peux pas foncer tête baissée, il nous faut un plan.

La première personne qui me vient à l'esprit est Caleb. L'ancêtre est un putain de stratège, un génie sur tous les plans. Il saura trouver la solution, je sais qu'il y arrivera.

Rageusement, j'attrape mon paquet de cigarettes. D'une main tremblante dû aux nerfs qui me lâchent, j'en coince une entre mes lèvres et l'allume rapidement pour sentir les effets toxiques se propager dans mon corps.

Je recrache la fumée par le nez en essayant de rester le plus calme possible. C'est voué à l'échec dès l'instant où les pupilles dilatées de mon meilleur ami me scrutent. Lui aussi n'est plus maître de son corps, il n'est qu'un vulgaire pantin contrôlé par sa rage, cette haine destructrice le consume lentement de l'intérieur.

Il est soudainement pris d'un fou rire incontrôlable et là je comprends qu'il va le tuer s'il croise Kyle. Là, ce ne sont que ses pulsions meurtrières qui lui dictent sa conduite.

- Rejoins-moi à l'usine abandonnée. Tu sais de laquelle je parle, nous y avons joué durant toute notre enfance. Ricane Kyle. Je te ferais regretter d'être venu au monde, Alec. Tu sais quoi ? Je suis d'humeur généreuse aujourd'hui, je vais t'envoyer rejoindre ta salope de mère. Rigole-t-il. À de suite, mon chéri.

Le second des DOD raccroche. Quant à Alec, il se lève et commence à tourner en rond comme un lion en cage. Nous ne pouvons pas y aller sans renfort, c'est du suicide. Et c'est ce qui bloque le noiraud dans sa décision suicidaire.

Je manque de m'écrouler au moment où le regard rempli de détresse de mon meilleur ami s'ancre dans le mien. Je n'ai jamais vu Alec dans cet état. Pas même le jour où il a retrouvé le corps inerte de sa mère dans son propre sang. Ni l'instant où Kyle lui a porté le coup de grâce.

Le noiraud se retrouve piégé. Il se bat contre ses pulsions, contre lui-même. Et dans un excès de rage, l'intéressé fracasse absolument tout ce qui lui passe sous la main.

Il ne se contrôle plus. Il n'y arrive plus. Tout ce qu'il s'est donné tant de mal à dissimuler en lui, explose.

Alec hurle de toutes ses forces lorsque son poing traverse la vitre, il tape encore et encore sans se soucier des morceaux de verres qui se sont profondément plantés dans sa chair meurtrie.

- JE VAIS TUER CE FILS DE PUTE DE KYLE EVANS ! Hurle-t-il en continuant de tout casser.

Pendant ce temps, Ty et moi ne sommes que des spectateurs devant la folie meurtrière de notre second. Impuissants, nous regardons. J'attrape rapidement mon téléphone et appelle Caleb pour lui expliquer toute la situation. La seule réponse obtenue :

‹‹ Ils veulent la guerre, alors ils l'auront. Personne ne touche à mes enfants. ››