(corrigé)
Le plafond de sa cellule était curieusement relaxant. Les motifs créés par la mousse entre les pavés lui faisaient presque oublier l'endroit où elle se trouvait.
Le soleil ne s'était pas levé il y a longtemps en vue d'une petite ouverture qui lui servait de fenêtre d'où la faible brise venait lui caresser sa peau grisonnante.
La ville était calme, Asquelor dormait encore, les humains bien au chaud emmitouflés sous des couches de tissu malgré les quelque marchants qui commençaient à mettre en place leur marché sous le chant des corbeaux.
Le sommeil était devenu un luxe que les Dieux Perdus refusaient de lui accorder depuis un certain temps. Ses paupières étaient lourdes, conséquence de son inconscient cruel où les images d'un homme qui se vidait de son sang défilaient, ses yeux grands ouverts et pétillants comme s'ils avaient vu la plus belle chose au monde.
Depuis son combat contre l'elfe du Nord, Lyria retrouvait des pièces d'un puzzle dont ces dernières semblaient s'être égarées il y a longtemps. Des sons et des odeurs refaisaient surface en prenant un grand bol d'air frais. Sentiments accablants qui la coinçaient souvent sur son lit -si l'on pouvait appeler une planche bois contre un mur un lit.
Les pierres froides qui pavaient le sol lui apportaient un certain réconfort, un rappel qui lui faisait garder les pieds sur terre quand la réalité revenait vers elle encourant après tant de temps endormie.
Se perdre dans les tréfonds de son esprit était dangereux lorsque l'on se trouvait prisonnière des Geôles de l'Arène. Endroit connu pour être la dernière image de la vie d'un elfe, une réputation mortelle qui ne faisait qu'entretenir la légende d'une bâtisse hantée par les âmes corrompues d'être purs.
Rêver devenait source d'espoir ou de folie.
Elle écoutait le rythme des gouttes tombées dans une mélodie infinie, et parfois, le son d'une porte qui s'ouvrait et se refermait ajoutait un instrument dans son orchestre sans musiciens.
En tailleur au milieu des quatre murs, elle s'imprégnait du silence pesant qui régnait dans l'air. La notion du temps n'existait plus. Cela faisait longtemps que Lyria ne comptait plus les jours, les semaines ou bien les mois depuis son arrivée. Le soleil se levait et se couchait chaque jour, et lorsqu'elle sortait, du sang allait être versé. Mais depuis longtemps, la date de sa première nuit dans les Geôles était effacée de son esprit.
Elle était devenue un Spectre. Des prisonniers devenus fou, des machines à tuer incapables de se souvenir de qui ils étaient. Tous des elfes qui n'avaient plus rien à perdre, mais tout à gagner dans les Arènes à répandre le sang de leurs semblables.
- Quand est-ce qu'on en aura fini avec ces saletés, la voix d'un garde sorti Lyria de sa torpeur, je te jure plus ils meurent plus ils reviennent. Une vraie plaie !
Sa mémoire laissait à désirer, mais elle était sûre d'au moins une chose : sa haine contre les humains n'avait jamais disparu. Créatures barbares qui avaient fait d'elle ce qu'elle était aujourd'hui. Un peuple fier de ses exploits lors de la Guerre Ancestrale.
- Une plaie qui nous rapporte du boulot je te fait dire, fit le second, encore hier la farine à augmenté de trois ryades !
- M'en parle pas, les temps sont fous mon ami, les temps sont fous.
Le bruit de chaînes s'immisça dans la conversation et Lyria devina qu'ils n'étaient pas là par hasard.
- T'as entendu que le Prince d'Aikeria s'est enfui du palais de Pandore?
Lyria entendit les bruits de chaînes qui s'entrechoquaient résonner et elle tendit plus finement l'oreille
- Ça sent pas bon mon ami, fit l'un dans un soupire. Qu'est ce qu'il irait foutre en dehors de son palais? Si tu veux mon avis ça doit encore être une tentative de Varyn.
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Vitaris- The Lost Gods (complet)
Fantasy[Les Dieux Perdus] "Elle a fui les enfers pour venger les siens, Il a quitté son palais dans l'espoir de les retrouver" Dans un monde abandonné par les dieux et déchiré par une guerre vieille de cent ans, Lyria Reynan, une elfe, membre d'un ordre...