(corrigé)
Tryfort, Royaume de Wreslan, midi.
Le Déchu était un surnom qu'il s'était lui même donné il y a longtemps. Bien que le monde semblait y attacher un intérêt particulier ces dernières semaines.
C'était un nom qui le plaçait à part des membres de sa famille dont les traditions archaïques étaient à l'origine de bien de malheurs. En-dehors de l'aspect physique, il leur était diamétralement opposé. Il avait les mêmes cheveux de jais que son père et le même nez droit et fin que sa mère, mais les ressemblances s'arrêtaient ici.
Il n'était pas fier de son héritage, et ne le criait pas sur tous les toits. Le Déchu était discret et mourrait d'envie de voir le monde et les merveilles qui se cachaient au-delà de la douleur que les siens avaient infligée. Mais il avait surtout un besoin insatiable de réponses. Alors, il avait préparé méticuleusement son départ, avait façonné son plan dans les moindres détails de telle sorte à ne rien laisser derrière lui une fois parti. Le jeune homme avait mémorisé les rotations des gardes, leur nombre, l'heure à laquelle les pièces et les rues étaient vides.
Et après deux semaines sur les routes des Quatre Royaumes, il n'avait pas regardé en arrière, il avait son choix et ne comptait pas revenir dessus.
Tryfort était une ville portuaire animée par la musique de nomades et les fausses notes des vendeurs. Étranger dans le reste du monde, il se surprit à penser que l'extérieur était une chose bien ordinaire contrairement à l'image qu'il s'en était fait.
Il avait réservé une chambre dans une vielle taverne miteuse appelée le Cristal Rusé depuis plusieurs jours, tenue par un vieil homme au nez rouge une bonne partie de la journée. Il planifiait de se rendre à la capitale dans les heures prochaines, et tandis qu'il gardait la tête baissée vers ses pieds, il ouvrit la porte grinçante de l'auberge. Les gens occupaient la plupart des places et célébraient le succès de leur Marché et du début de la saison des épices qui s'annonçait être l'une des plus fructueuses qu'ils eut vu depuis très longtemps. Leur bonheur était peint aux liquides brûlants.
Hommes et femmes frappaient contre les tables bancales et réclamaient plus de boissons, et se racontaient les dernières nouvelles de la semaine par-dessus le brouhaha.- Non mais tu as entendu ce qu'il s'est passé dans l'Arène d'Asquelor ? Fit une femme, de vrais sauvages ces elfes. J'ai entendu dire qu'il y avait eu des centaines de blessés.
- Je sais ! Continua l'autre, d'autres attaques ont eu lieu un peu partout, c'est affreux !
Le Déchu avait entendu cette rumeur pour la première fois le jour précédent, des centaines de morts étaient reportés un peu partout, et les royaumes étaient en ébullition. Le vent de la révolution ne tarderait pas à sonner ses cloches de vengeance.
- Et en plus avec ces accusations à propos du Prince Maven, un homme s'immisça dans leur conversation, on est pas près d'être sorti d'affaire, j'vous le dis.
Le Déchu se raidit et se dirigea d'un pas rapide vers les escaliers en bois à droite du comptoir où le vieux tavernier le salua d'un coup de tête. Le Cristal Rusé était un vieil établissement comme le témoignaient les troues qui décoraient le parquet comme si quelqu'un s'était amusé à pourchasser les rats à coup de balai. De la moisissure faisait des dessins sur les murs, et des marches menaçaient de se casser à tout moment.
Il savait qu'une prochaine attaque elfique n'était qu'une question de temps, que des instants incertains attendaient les Quatre Royaumes. Cela voulait dire qu'il avait enfin une piste à suivre. Il devait juste être patient et se renseigner auprès des bonnes personnes. Les elfes étaient cachés dans des endroits insoupçonnés, leurs Clans restant invisibles aux humains. Les possibilités étaient infinies.
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Vitaris- The Lost Gods (complet)
Fantasy[Les Dieux Perdus] "Elle a fui les enfers pour venger les siens, Il a quitté son palais dans l'espoir de les retrouver" Dans un monde abandonné par les dieux et déchiré par une guerre vieille de cent ans, Lyria Reynan, une elfe, membre d'un ordre...