QUATRE - Vaincre et endurer 1/2

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(corrigé)

Elle ne sentit plus la pression sur ses épaules, ni la sensation d'être suspendue au-dessus du sol par un fil. C'était comme si ce dernier la retenait quelques instants plus tôt venait d'être brusquement coupé. Et sur le coup, elle se dit qu'il valait peut-être mieux que les arbres l'ignorent. Elle éviterait peut-être la punition de faire aux regards déçus des autres membres de l'Ordre, la honte de ne pas avoir été à la hauteur. Elle passerait directement le jugement des Dieux Perdus pour les crimes qu'elle avait commis.

Mais elle venait d'être sauvée, elle était maintenant loin des démons, loin de ses fautes et des flots écarlates qu'elle avait fait couler.

Elle ne s'entendit pas crier, seulement le vent qui glissait contre sa peau et elle ne voyait que le soleil qui commençait lentement sa course vers l'Ouest. Le temps s'était arrêté, la laissant peut-être profiter de ce qui semblait être ses derniers instants.

Puis soudainement, l'humidité vint la submerger, et elle sentit une surface froide et instable mais assez grande pour la retenir toute entière. Elle glissait, incapable de trouver de quoi s'accrocher, elle distingua le frottement des feuilles et le grondement des écorces, la douce odeur des chênes ; et encore une fois elle sentit le vide.

Seulement quelques secondes avant de retomber sur une surface très similaire à la précédente. Elle atterrit à plat ventre, le choc résonnant entre ses os. Elle daigna rouvrir les yeux, peu sûre de ce qu'elle allait trouver à part une forêt. Mais son regard dut s'y reprendre à deux fois, avant de voir un énorme champignon accroché au tronc d'un arbre, un parasite naturel qui était normalement d'une taille plus raisonnable.

- C'était épique, Lyria releva la tête pour voir Ronan et le garçon qui l'avait porté dans les airs feindre des sourires hilares.

- Tu devrais voir ta tête, fit la voix de Lisar.

  Lyria remarqua la présence d'un autre elfe à côté du roux, un jeune homme aux traits beaucoup plus fins mais étrangement très similaire à son voisin. Ils étaient frères au vu des ailes totalement identiques. Ses cheveux étaient un brin plus foncés et rasés que d'un seul côté, le reste rabattu de l'autre. Elle put voir ses yeux transparaître d'un vert profond, et ses joues dépourvue de barbe. Il portait la même tenue son frère, juste moins de couteaux recouvraient le cuir, simplement un carquois et un arc logeaient dans son dos par-dessus sa cape. Lyria s'était trompé, ces deux-là malgré les couleurs froides de leur cape, ne venaient pas du Nord, mais de Solbrunnin, tout comme Ronan .

Elle se releva, une grimace traversant son visage, elle avait l'impression que son corps avait été tordu dans tous les sens possibles et la sensation physique était pire que celle de la fin d'un combat.

Elle lança un regard de travers aux trois Primeurs qui se trouvaient devant elle, le même air satisfait peignant leurs traits.

- Comment ça se fait que tu sois déjà là ? Lyria demanda à Ronan quand elle vit debout les deux mains sur ses hanches, un sourcil relevé, elle était pourtant sûre d'avoir été lâchée avant lui.

- Disons qu'Aelis est le plus raisonnable des deux, répondit-il visiblement pas gêné le moins du monde.

  Lyria tira un regard noir vers Lisar qui souriait à pleine dent. Ce dernier fut vite perdu. Ronan n'avait pas sauté. Faisait-il ce genre de blague à chaque mission ? Elle aurait pu mourir, par les Dieux !

- Vous n'auriez pas dû venir, dit Lyria après une minute de jonglage entre les trois elfes. Je vous remercie, mais ce n'est pas la peine de vous donner plus de mal.

  Elle épousseta d'un geste maladroit les guenilles marronnes qui la couvraient et s'apprêta à partir à l'opposé, ses deux armes maintenant en main.

Vitaris- The Lost Gods (complet)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant