TREIZE - Désert et Maître des Sables 1/2

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 (Corrigé) 

  Au fil de leur marche, Lyria s'était attelée à se concentrer sur sa connexion avec la terre. Depuis sa sortie de l'Arène d'Asquelor, elle entendait les pulsations de la terre comme un écho. Loin du son clair qu'elle entendait auparavant. Pourtant, elle se sentait plus forte. Comme si elle ouvrait les yeux après des années d'aveuglement.

Elle redoutait de perdre sa connexion avec la terre plus que jamais. Les Dieux pouvaient décider de la punir pour tous ses crimes quand ils voulaient si l'envie leur venait.

Ce fut la pleine lune qui la garda éveillée jusqu'au milieu de la nuit et qui lui donna envie d'explorer la petite clairière qui se trouvait dans le sous-bois dans lequel le groupe avait décidé de passer la nuit. Cette partie du pays aride était dénuée de toute action humaine. Les arbres prospéraient et dansaient dans la nuit au gré de la faible brise qui caressait leurs feuilles.

Elle était en tailleur, les yeux fermés et les paumes de ses mains enfoncées dans l'herbe. Elle entendait le monde respirer, les grillons chanter leur mélodie nocturne, les chouettes qui revenaient de la chasse. Tout autour d'elle était d'un calme revigorant.

- Tu n'es peut-être pas aussi redoutable que tout le monde le pense finalement.

Lyria était sur ses deux jambes en une fraction de seconde en entendant la voix du Prince Déchu dans son dos. Ce dernier avait une épaule contre un tronc d'arbre et arborait ses deux mains devant lui avec pacifisme.

- Oh là ! Il fit un pas vers elle, je venais juste voir ce que tu venais faire ici au beau milieu de la nuit.

- Tu m'as suivi ?

- Disons que je t'ai entendu te lever, il haussa des épaules avec un air innocent collé au visage.

- Bien alors maintenant que tu as vu où j'étais, repars au camp.

Il tiqua et ne bougea pas, l'air indéchiffrable. Seul son regard brillait de détermination en parcourant les alentours avec précaution. Sa Labrys reposait à côté de lui.

Lyria se sentait presque épiée, privée d'un moment intime avec son esprit en conflit permanent. Pour un prince, il était étrangement à l'aise dans la nature. Il rayonnait entre les rayons de lumière de la lune, son teint allé transparaissait ses émotions apaisées. Il avait changé de comportement en la présence de Lyria depuis leur court séjour à Lemont. Elle frissonnait encore à la pensée des nuits passées dans la même chambre.

Dans le même lit.

  Elle ne pouvait que se maudire de lui trouver un peu plus de qualités chaque jour. Comment il semblait réellement préoccupé par la situation des elfes, comment il ne vantait jamais les actions de son peuple (et certainement pas de son royaume). Il faisait tout pour s'intégrer malgré les quelques maladresses. Maven était celui qui riait aux blagues de Lisar, même quand celles-ci n'étaient pas drôles.

- Je pense que nous devrions parler toi et moi, sa voix était ridiculement rauque et Lyria arqua un sourcil et pouffa.

- Je n'ai rien à te dire.

- Oh bien au contraire, il lui fit un sourire satisfait, tu mens.

Lyria croisa ses bras sur sa poitrine, intriguée.

- Qu'est-ce que tu veux ? Il avança vers elle un peu plus pendant qu'elle reculait. 

La distance qui les séparait était voulue. Plus on était loin d'un ennemi, moins il avait de chance de nous atteindre. Dans le cas contraire : il avait d'opportunité de l'attaquer elle.

- Je te propose un marché, il avait son arme en main et prit appui dessus le coude posé sur la tige, on s'affronte toi et moi. Maintenant. Si tu gagnes, tu peux me poser toutes les questions que tu veux jusqu'à ce que nos routes se séparent. Si je gagne, la même chose.
Lyria ria amèrement.

Vitaris- The Lost Gods (complet)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant