SEIZE - Respirer 2/2

9 2 4
                                    

La glace et le froid étaient un lointain souvenir dans les rues de la Cité des Rocs. Le soleil, malgré l'aube qui s'était levée une heure plus tôt, était déjà haut dans le ciel et resplendissait de ses rayons aveuglants.

Les ponts et les balcons bouillonnaient d'elfes. Lyria reconnaissait les gardes aux visages couverts qui patrouillaient dans les rues, leur synchronisation toujours aussi parfaite. Solbrunnin fonctionnait d'une toute autre manière que Xilinos. Son Clan semblait rustique à côté de cette ville aux allures humaines. Xilinos n'avait pas de gardes, n'avait pas de bâtiments et de galeries aussi élaborées. Les Primeurs qui n'étaient pas en mission s'occupaient de la protection certes, mais c'était le strict minimum. Son Clan ne comportait pas autant de personnes, tout le monde se connaissait ou du moins s'était déjà vu une fois ou deux en passant. Mais la Cité du Soleil était une ville, une capitale, qui comportait les institutions les plus importantes du peuple elfique. Les élites de l'Ordre des Primeurs venaient d'ici, les Sages et les Anciens. Solbrunnin était une terre d'asile, un sanctuaire protégé et secret.

- C'est beau n'est ce pas ? Aelis observait la vue avec émerveillement comme s'il voyait lui aussi cette image pour la première fois.

Lyria lui sourit, trop happée par la vue qui se dressait devant elle pour déroger à ce calme qui s'était installé.

Elle espérait secrètement que ce serait le même regard d'émerveillement qu'elle porterait sur Xilinos, pas sur un champs de ruines.

Ils étaient tout les cinq perchés sur le toit de l'une des nombreuses tours qui semblaient flotter dans le vide, penchés sur la balustrade sculptée. De là, Lyria pouvait observer les gens sortir et rentrer par les innombrables portes qui traversaient la totalité de la crevasse dans laquelle le Clan était construit. Elle pouvait voir quelques Navigateurs occuper les airs comme si le ciel leur appartenait. C'était difficile à croire qu'à des kilomètres d'ici un complot se préparait peut-être dans les tunnels du royaume d'Aikeria, et que les humains se préparaient à leur tomber dessus.

- Sauf quand tu sais que certains d'entre nous foncent dans des murs pour montrer ses muscles et se retrouvent coincé, dit Lisar d'un complètement hilare.

- Oh, par les Dieux, Ronan haleta avec les regards faussement trahis, on avait dit qu'on ne reparlerait plus de ça !

Aelis et Lyria se jetèrent un regard complice et joignirent Lisar dans ses rires. Le rouge avait atteint les joues de Ronan et s'en suivit une bagarre enfantine qui lui donnait une impression de déjà vu.

- S'ils sont toujours comme ça, je vous plains toi et les autres.

- On s'y fait.

- Comme avec Kamryn ? Cette dernière s'était volatilisée au moment où ils sortirent de l'appartement disant qu'elle avait des choses à faire.

Aelis soupira en voyant son frère entourer Ronan avec son ail et le coller brusquement contre lui. Le Scientifique fit un cri étouffé et luttait pour se dégager sous les rires moqueurs de Lisar.

- Elle n'est pas méchante dans le fond, la défendit-il, elle a juste... Vu l'obscurité des Abysses de près. Ce n'est qu'une carapace.

- On a au moins ça en commun.

Les Insurgés avaient tous vécu quelque chose qui les avait marqués. C'était ce qui les liait et les faisait se comprendre. Au fond, leurs traumatismes étaient ce qu'ils faisaient d'eux des Vagabonds : ils étaient blessés et avaient besoin de trouver un moyen de guérir ensemble.

Ronan esquiva Lisar lorsqu'il essaya de le prendre parla taille pour le soulever dans les airs. Leurs chamailleries ne semblaient pas avoir de fin. Lyria les regardait comme si elle surveillait une des novices qui soulevait des épées pour la première fois.

Vitaris- The Lost Gods (complet)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant