Scandal [TERMINÉ]

Chapitre 26 - Harper

Je n'ai pas l'heure, mais je sais que le temps passe et cela me fait particulièrement flipper.

La première projection à laquelle j'assiste est le film que je voulais le plus voir parmi tous ceux présentés cette année.

D'autant que pour une célébrité, l'expérience de voir un film au cinéma est compliquée, comme tous les endroits publiques auxquels n'importe qui peut normalement se rendre.

Je serais vraiment déçue si je ne peux pas visionner le film alors que je n'attendais que ça. Il a l'air si bien.

La porte des sanitaires claque, et j'espère aussitôt qu'il s'agit de Tyler.

— Harper ? Tu es toujours là ? demande justement sa voix.

Sans hésiter, je sors de ma cabine, portant toujours ma combinaison arrachée aux fesses.

— Toujours, déclaré-je alors. Tu as trouvé ?

Il m'adresse un grand sourire et me tend un sac en cuir noir contenant un vêtement.

— Ce n'est pas un taillé sur mesure, alors le chauffeur a pris du M et du L pour être sûr que ça t'aille correctement. Essaie les deux et vois ce qui a l'air le plus adapté.

Je hoche la tête, mais une question me titille.

— Comment il a fait pour connaître ma taille ?

— Tom la lui a dit, affirme-t-il.

— Et comment Tom le sait-il ? Il est réalisateur, ce n'est pas vraiment lui qui s'occupe des vêtements du set.

— Je l'ai dit à Tom.

J'écarquille les yeux.

— Tu fouilles dans mes affaires ? le questionné-je alors.

— Non. Tu ne t'es jamais demandée comment tes vêtements atterrissaient propres devant la porte de ta chambre ?

Oh. Putain. De. Merde.

— On a une femme de ménage. C'était évident que c'était elle qui les faisait ! Comment j'aurais pu un instant me dire que c'est la diva que tu es qui fait ma lessive ? Laisse la femme de ménage le faire, merde !

— Je vais pas me mettre à trier ton linge sale du mien, merci. Tu as qu'à trier toi-même et donner à la femme de ménage. Et puis, ça vient de te sauver la mise, non ? Tu pourrais dire merci au lieu de me faire chier.

Je lève les yeux au ciel. Je n'aime pas l'idée qu'il touche à mes vêtements sales. C'est un peu comme s'il touchait à ma vie privée.

Pourtant, l'idée que ce soit la femme de ménage ne m'a jamais dérangé. En quoi est-ce vraiment différent ? Et comme il l'a dit lui-même, s'il n'avait pas fait ça, il ne connaîtrait pas ma taille et cela aurait rendu les choses d'autant plus compliquées.

Je retourne dans la cabine, pose le sac à terre, me débarrasse de ma sublime combinaison – avec grande tristesse – et ouvre le sac.

Je retiens mon cri de joie en apercevant une robe magnifique, exactement dans les mêmes tons que ma combinaison.

Elle va parfaitement avec mon maquillage et mes accessoires, et cela me fait grandement plaisir.

Rapidement, j'attrape la taille M et la visionne.

Trop petite. Je le vois déjà au buste. Il n'accueillera pas mes bourrelets.

Ainsi, j'attrape finalement la taille L et l'enfile.

C'est parfait.

Je n'irais pas jusqu'à dire que cela a un meilleur qu'avec la combinaison, mais j'adore la tenue finale.

Ainsi, je range dans le sac ma combinaison et ressors de la cabine.

Aussitôt, les yeux de Tyler se posent sur mon corps.

Sous son regard, je me sens nue, déshabillée par ses iris qui me fixent avec attention – avec envie.

— Elle te va bien, déclare-t-il alors.

J'opine du chef.

— Le chauffeur a bien choisi. Il faudra penser à lui donner un bon pourboire.

— Ne t'en fais pas, quand j'ai vu la robe, j'ai su qu'elle allait te plaire. Je lui ai promis un virement de cent dollars dès que je serai de retour à ma chambre.

Je souris mais une voix dans les hauts-parleurs me coupe.

— Mesdames et messieurs, veuillez vous rendre dans la salle de projection pour assister au premier film. Merci.

— On dirait que j'ai agit à temps, déclare Tyler.

— Oui enfin, ne te jette pas trop de fleurs. Tu n'as pas fait grand-chose si ce n'est trouvé Tom et lui demander de l'aide.

Il lâche un rire.

— Tu marques un point, sorcière.

— Tu sais que j'ai déjà gagné la bataille depuis longtemps.

— Peut-être. Mais pas la guerre.

— C'est ce qu'on verra, le défié-je en ouvrant la porte des sanitaires.

— Prépare-toi à perdre.

Je m'arrête si brusquement qu'il me percute de son corps musclé.

Soudain, j'ai une idée.

Ainsi, je me retourne vers lui et plante mes yeux dans les siens.

— Tu sais quoi ? J'ai une proposition à te faire.

— Dis-moi tout, m'encourage-t-il aussitôt.

— Le premier qui cède perd.

— Céder à quoi ? me demande-t-il avec intérêt.

— À ce truc qui nous lie. À cette tension sexuelle. À cette attirance. Appelle ça comme tu le souhaites, au final, ça revient au même.

Un sourire en coin naît sur ses lèvres.

— Donc tu assumes que je t'attire.

— Non. C'est bien pour ça que je vais gagner.

Je mens. Et il le sait aussi bien que moi. Nous savons tous les deux qu'il m'attire autant que je l'attire. Cependant, il est hors de question de l'avouer à voix haute.

Plutôt mourir.

— C'est là que tu as tort, sorcière. Je suis très fort à ce jeu. En fait, c'est mon passe-temps favori. Je n'ai jamais perdu. Et ce n'est pas toi qui changera cela.

— Dans ce cas, prépare-toi à perdre ton trophée. Parce que je ne ressens pas la moindre attirance pour toi.

Il hoche la tête pendant plusieurs secondes avant d'approcher sa bouche de mon oreille droite.

Son souffle chaud caresse ma peau, mon corps est alors parcouru de frissons.

Mon cœur se met à battre plus vite et mon entrejambe se réveille.

— Cela veut donc dire que tu triches. Et par défaut, que je gagne. La victoire était plus facile qu'espéré, se moque-t-il.

La tension qui s'est accumulée en moi retombe aussitôt.

— Tu n'es pas drôle, conclué-je en me dirigeant enfin vers la salle de projection.

Il est absolument hors de question que je rate le début du film pour ses conneries.

Il est incapable de se tenir, et je le comprends, c'est difficile de me résister. Cependant, je ne veux pas en payer le prix.

Ainsi, nous rejoignons juste à temps la salle et trouvons deux places assises dans le milieu.

Peu après, le film démarre.

Pourtant, durant toute sa durée, je sens le regard de Tyler sur mes épaules.