Chapitre 30 - Harper

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Des cris d'agonie me réveillent.

Autour de moi, les rayons du soleil percent tout juste les rideaux qui tombent jusqu'au sol.

Je cille des yeux, troublée.

La terreur dans laquelle semble être plongé Tyler me terrifie.

Il est bien plus pâle qu'à son habitude, il tremble de tout son corps, et pour constater tout ça, la seule lumière que m'offre le soleil levant me suffit.

Que dois-je faire ?

Le regarder ?

Appeler les secours ?

Le toucher pour espérer le faire sortir de sa torpeur ?

Je n'ai jamais eu à faire face à un tel comportement, mais cela ressemble en tous points à une crise d'angoisse.

Incapable de réfléchir, je l'observe en silence, espérant qu'il va s'arrêter seul.

Mon cœur se brise en le voyant souffrir de cette manière.

Le jour où je l'ai rencontré, j'ai immédiatement remarqué ce côté sombre qui cachait beaucoup de choses dont je n'avais pas grand-chose à faire à cette époque.

Mais aujourd'hui, puis-je toujours dire cela ? Puis-je toujours me laisser croire que je me fiche de ce qu'il traverse ?

J'ai l'impression qu'un poignard transperce ma cage thoracique pour venir se loger dans mon palpitant, seulement parce que je ne supporte pas le voir souffrir ainsi.

Je suis perdue.

L'idée de mal faire les choses fait monter en flèche mon stress, mais je dois garder mon calme.

Sinon, je serais incapable d'aider Tyler.

Et je ne pourrais jamais me le pardonner.

Je prends une grande respiration et décide d'agir, quitte à faire l'inverse de ce que je devrais faire.

Le mieux, c'est de tester.

Je ne pense pas qu'il y ait le moindre risque de mort, bien que je ne suis pas tout à fait certaine de ce que je fais.

Ainsi, je pose doucement ma main sur son épaule, espérant que cela ait un effet positif sur lui.

— Tyler ? murmuré-je, pesant mon ton pour ne pas le brusquer.

Il ne réagit pas.

Rien du tout, pas même un léger mouvement ou un arrêt de ses tremblements.

Je réalise alors que les larmes coulent à flot le long de ses joues.

Putain, pourquoi est-ce si dur de faire face à Tyler dans un tel état ? Ne suis-je pas censée le haïr ?

Comment ma relation avec lui a-t-elle pu évoluer à un tel point ? Et surtout dans un tel sens ?

Il ne s'est pas passé tant de temps depuis notre rencontre, et pourtant de nombreuses choses ont changé depuis.

J'ai envie de rester dans une sorte de déni, de me laisser croire que nous nous détestons encore, et que ma réaction quant à sa crise n'est liée qu'à ma gentillesse sans merci.

Après tout, je ne suis pas du genre à laisser les gens souffrir sans essayer de les aider.

Je préfère leur offrir mon temps et mon argent.

Je ne suis pas certaine que je serais capable de faire ce que je fais aujourd'hui si je n'étais pas devenue une célèbre actrice.

L'air de rien, aider le monde peut coûter cher.

Je suis heureuse d'avoir bien plus d'argent que je n'en aurais jamais besoin, parce que ça me permet de partager avec tous ceux que j'aime et tous ceux qui en ont besoin.

Faire des dons aux associations, venir aider pour distribuer des repas ou encore préparer les lits des centres pour les personnes sans abris et en difficultés.

Tout ce que je peux faire, je le fais.

Tyler n'est qu'une personne de plus que je veux aider parce que mon coeur est assez gros pour aider même mon plus grand ennemi.

Alors pourquoi, malgré cela, je sais, au fond de moi, que j'ai tort, que je mens ?

De son côté, Tyler est toujours dans un état léthargique sans aucune amélioration.

J'ai besoin que cela s'arrête.

Non.

Il a besoin que cela s'arrête.

Ainsi, je décide de tenter une nouvelle fois de le toucher, peut-être de façon moins délicate cette fois-ci.

— Tyler ? prononcé-je, le ton moins bas que lors du premier essai.

Ma main se pose sur son épaule, et le secoue de manière douce.

Cette fois, Tyler réagit.

Ses yeux observent ce qui l'entoure avant de se planter dans les miens.

— Tu vas bien ? le questionné-je alors que c'est stupide.

Comment pourrait-il acquiescer alors qu'il tremble encore de sa crise d'angoisse, bien qu'il paraisse peu à peu reprendre le contrôle ?

Il secoue la tête, perdu.

— C'est fini. Prends de grandes respirations. Ça va aller. Quoi qu'il arrive, je ne vais pas t'abandonner.

Il cligne des yeux, paraissant ne pas comprendre mes mots.

Ou plus précisément il ne paraît pas y croire, comme si c'était le genre de promesse qui ne se fait pas parce qu'elle est impossible à respecter.

De mon côté, je suis troublée par cette situation. Même si on fait l'impasse sur le fait que lui et moi ne sommes pas censés nous entendre, cette situation me paraît irréaliste.

J'ai toujours pensé que Tyler faisait partie de ces quelques chanceux qui peuvent clâmer vivre une vie de rêve sans traumatisme.

Pour être honnête, j'en faisais partie avant de mettre les pieds à Hollywood.

Aujourd'hui, je ne peux pas dire que j'ai la pire vie du monde. J'ai conscience de ma chance. Mais tous ces paparazzis qui me tracent constamment me font peur. Je ne me sens plus en sécurité lorsque je sors sans garde du corps et pire : je ne me sens pas en sécurité même chez moi.

Je ne compte plus le nombre de fois où des gens sont venus sonner chez moi alors que mon adresse était censée rester privée et que j'avais payé ceux qui la connaissaient pour qu'ils ne la partagent pas.

Dommage que j'ai fait l'erreur d'être naïve et de ne pas avoir vu d'intérêt à leur faire signer un contrat de confidentialité.

J'ai toujours pensé que Tyler n'avait rien vécu parce qu'il ne paraissait pas être quelqu'un de souffrant. Il paraissait plutôt être quelqu'un qui s'amuse à faire du mal aux autres.

Cependant, une crise d'angoisse est le signe SOS du corps et personne n'en vit sans raison.

Elles viennent souvent de traumatismes profonds, et parfois, rien ne peut mettre la puce à l'oreille.

Pour lui, j'aurais pu m'en douter, mais à ce moment, je me fichais de lui. Puis, par la suite, j'ai fini par m'amuser de ses comportements que j'ai pris pour de l'humour.

Si seulement, dès ce moment-là, j'avais compris que c'était un appel à l'aide.

Enfin, il paraît revenir dans notre monde.

— Comment vas-tu ? lui demandé-je, à présent qu'il paraît être en capacité de parler.

— Mal, avoue-t-il au bout de plusieurs secondes.

— Bonne réponse, dis-je en riant doucement, espérant le faire sourire.

Bien entendu, il est encore trop tôt pour que cela fonctionne, mais peu importe, le principal est qu'il se soit sorti de sa crise.

À la place de me répondre, ses iris se plantent dans les miens.

Avant de dévier vers mes lèvres.

Scandal [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant