Chapitre 28 - Tyler

1.3K 87 9
                                    

La nuit est tombée depuis bien longtemps.

La pluie tombe à grosses gouttes.

Si avant, ce bruit était pour moi apaisant, il est aujourd'hui ma plus grande phobie.

Avant, je sortais dans la rue et jouais dans les flaques d'eau, me fichant de ce qui pouvait arriver demain.

À présent, je ne ressens que douleur, tristesse, colère, déception.

Haine.

Seule la haine me compose.

Comment faire autrement quand de telles choses arrivent ?

Pourquoi la vie est-elle faite ainsi ?

Pourquoi est-il parfois nécessaire de dire au revoir ?

À présent, la pluie me rappelle de ma solitude. Elle me rappelle que je n'ai jamais rien mérité et que je ne mériterai jamais quoi que ce soit.

Tout ce qui me sera donné ne sera qu'erreur.

Je suis l'Enfer de ce monde.

La sombreur de mon âme couvre d'un voile la vie de tous ceux qui m'entourent.

Je ne les mérite pas.

Je ne le peux pas.

Je ne le dois pas.

Je n'en ai pas le droit.

Je devrais mourir.

C'est la seule chose que je mérite.

Mes doigts sont interdits de toucher au bonheur, comme s'il me brûlait si jamais j'étais amené à y goûter par inadvertance.

Le mot interdit est plaqué au-dessus du mot "amour" à la tendance de la propriété privée.

Mettre un pied dans ce jeu dangereux serait mettre en danger tout ce qui m'entoure.

Je ne peux plus me permettre de jouer.

C'est la fin.

Je dois y mettre un terme dans les plus brefs délais si je ne veux pas lui brûler les ailes.

C'est peut-être déjà trop tard.

Et si c'était trop tard ?

Je ne me le pardonnerais pas.

Elle ne le mérite pas.

Je n'ai pas le droit d'éteindre sa lumière.

Peu importe les événements, sa flamme reste allumée.

Et si j'étais un jour la cause de la fumée ?

Non.

Je le refuse.

J'ai besoin de plus de temps.

J'ai besoin de rester seul.

J'ai besoin de réfléchir.

J'ai besoin de me perdre dans un labyrinthe pour ne jamais en sortir, pour ne jamais partager mes tourments avec le monde.

Je dois partir.

Loin.

Loin de tout.

Loin d'elle.

Je rêve d'avoir eu une vie normale, comme la sienne.

Certains disent que les traumatismes font de nous qui nous sommes, et en un sens ils ont raison. Cependant, ils oublient de dire à quel point ils font de nous des personnes misérables.

À quel point ils nous ont gâché l'expérience unique de la vie.

Je ne goûterai jamais au bonheur pur.

Une ombre sera toujours au-dessus de ma tête, planant là, sans jamais partir, contrairement aux nuages.

J'envie la liberté.

L'idée de pouvoir aimer, rire, être heureux.

Pourquoi certains d'entre nous en sont privés ? Qu'avons-nous fait au monde pour que l'on nous refuse l'entrée du Paradis sur Terre.

Pourquoi n'avons-nous le droit qu'à la terreur de l'Enfer ?

Une fois la nuit tombée, quand je suis seul dans mon lit, Satan m'envoie ses meilleurs démons pour me hanter.

Me rappeler en boucle mon erreur et mes douleurs causées par celle-ci.

Pourquoi ont-il à présent décidé qu'ils me feraient tomber ? Ils cherchent à ce que je ressente quelque chose.

Précisément de l'amour.

Mais je ne veux pas.

Mais je ne peux pas.

Je m'oppose à leur choix, je trace mon propre chemin.

Ce sera seul que je mourrai.

Et elle trouvera quelqu'un de bien meilleur que moi, capable de ressentir, capable d'aimer, capable d'être solaire comme elle peut l'être.

Parce que je ne m'attacherai pas à elle.

Je ne l'aimerai pas.

Jamais.

C'est dangereux, et je ne veux plus prendre de risque.

Scandal [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant