Chapitre 53 - Tyler

1.2K 75 13
                                    

Peu à peu, l'orage se calme.

Peu à peu, je vais mieux.

Je pourrais mentir et dire que ce n'est pas grâce à Harper, mais je sais qu'elle a été d'une grande d'aide cette fois encore.

Cependant, j'ai peur.

Peur de lui dire ce que j'ai vécu, parce que personne ne le sait.

Je n'ai jamais réussi à en parler.

En dehors de ma famille, seul Karl est au courant parce que nous nous connaissons depuis toujours et qu'il les a connus avant leur mort.

Je sais que je ne pourrais plus le cacher. Qu'un jour le monde découvrira qu'ils ont quitté ma vie avant que celle-ci commence vraiment.

J'ai été forcé à grandir trop vite, à me détester et à refuser de m'attacher à ceux qui pouvaient m'entourer.

Karl a subi cette histoire et je m'en voudrais toujours pour cela. Je ne sais pas pourquoi il est encore à mes côtés alors que je ne le mérite pas.

Pendant des années, je l'ai repoussé, j'ai refusé son amitié. Je voulais être seul, je ne voulais plus faire de mal à quelqu'un d'autre.

Mais jamais il n'a abandonné, jamais il a arrêté d'être mon ami, d'être à mes côtés et même quand je coupais les ponts, il me retrouvait, dépensant toutes ses économies et prenant même des crédits à la banque, juste pour me suivre à l'autre bout du monde pour ne pas perdre ma trace.

Le jour où j'ai découvert cela, j'ai immédiatement arrêté de le fuir et je lui ai remboursé tout l'argent qu'il avait dépensé, espérant que ce serait suffisant pour ne pas le détruire comme je l'ai fait avec mes parents.

J'ai alors compris que si je ne voulais pas faire du mal autour de moi, ce n'est pas moi qui devait ne pas m'attacher, mais les autres.

Après tout, je mérite la douleur, je l'ai trop évité pour faire ensuite souffrir d'autres personnes à ma place.

Je suis devenu la personne la plus détestable possible, espérant ne pas faire trop de mal autour de moi, seulement pour qu'on ne m'aime pas assez pour s'attacher à la personne ignoble que je suis, tout au fond de moi.

— Tu vas mieux ? me questionne alors Harper, me rappelant que je suis un putain de raté.

Que je ne suis même pas capable de faire en sorte qu'on ne m'aime pas.

Qu'agir comme si je la haïssais n'a pas suffit pour la faire fuir.

Comme un lâche, j'ignore mes pensées et à la place, j'acquiesce pour répondre à sa question.

— Tu veux m'en parler ?

Immédiatement, je secoue la tête avec force.

Il est hors de question que je me confie.

Elle va prendre pitié de moi et dire que rien de tout ça n'est de ma faute, comme me l'a dit des milliers de fois Karl et ma famille.

Ils mentent et ils le savent autant que moi.

— Tu sais, je ne veux pas faire la psy, ce n'est pas mon rôle. Mais parler fait du bien. Quand les choses vont mal, se libérer de ses maux par des mots, c'est la meilleure chose à faire. Je te promets qu'après ça, tout ira mieux.

Menteuse.

Elle sait que c'est faux. Parler ne fera pas revenir mes parents à la vie, ne réparera pas mon erreur qui a causé leur mort.

Rien ne peut les faire revenir, rien ne peut me libérer.

Et même si c'était le cas, je ne serais qu'un foutu égoïste de le faire.

Scandal [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant