Chapitre 63 - Harper

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Je me hais, plus que tout, plus que jamais.

Je veux que tout cela s'arrête.

Je n'ai pas envie que cela s'arrête.

J'ai l'impression de devenir folle tant je me déteste.

Un instant, je me suis demandée si partir de ce monde ne serait pas mieux pour tout le monde, puis je me suis souvenue que ça ne ferait de moi qu'une lâche.

Je ne souffre pas à cause du monde, je souffre d'avoir fait de la merde.

Je ne mérite pas de mourir après avoir fait ce que j'ai fait.

Je dois réparer cela. Trouver un moyen pour que Tyler me pardonne.

À sa place, je ne le ferais sans doute pas, je n'en aurais pas envie.

Comment peux-tu pardonner quelqu'un qui te trahit de la sorte ? Qui tente de te détruire toi et ton image, en te filmant à ton insu lorsque tu voulais seulement passer un bon moment en compagnie d'une femme ?

Je ne me blâme plus de l'avoir fait, c'est trop tard, et surtout je me détestais pour ça pendant longtemps.

À présent, je dois penser au fait que j'ai menti à Tyler.

Et à Tom.

Et à Victoria.

Et au monde entier.

Même si ce dernier, nous avons rarement le choix, lorsque nous sommes une célébrité.

Peu importe ce que tu fais, tu mens.

Quand des célébrités annulent un événement, ils font la promesse de le remplacer au plus vite, pour qu'au final ce soit l'année suivante, alors que tu as déjà oublié qu'il existait.

Quand j'étais plus jeune, je ne compte pas le nombre d'artistes qui ont fait ça pour au final ne revenir que lors de leur prochain tour plutôt que de le rajouter dans leur emploi du temps au plus vite.

Maintenant que je sais ce que c'est d'être célèbre, j'ai conscience que ce n'est pas aussi facile qu'on ne le croit. Pour autant, j'en voudrais toujours à ceux qui ne sont jamais revenus malgré les concerts qu'ils ont fait partout ailleurs, même dans la ville d'à côté.

Alors je me suis promis que jamais je n'annulerais quoi que ce soit, sauf si je suis sur mon lit de mort – et encore.

Cependant, au final, que valent mes promesses alors qu'à la première occasion, je trahis l'homme que j'aime.

Quand bien même je ne l'aimais pas à l'époque où j'ai fait l'erreur de le filmer, je n'aurais pas dû garder ça pour moi. J'aurais dû le lui dire à la minute où mes sentiments ont commencé à prendre le dessus.

Avoir peur, c'était ça mon excuse ? Je suis pitoyable.

En quoi est-ce une excuse ? Surtout lorsqu'on est les seuls responsables.

J'avais peur de faire face aux conséquences de mes actions et ai préféré le déni. J'ai préféré tomber amoureuse, laisser Tyler tomber amoureux – du moins, c'est ce que je pensais, je suis contente que ce ne soit pas réellement le cas, il mérite bien mieux.

Mais une part de moi se dit malgré tout que j'ai encore une chance.

La seconde chance, ce n'est pas que dans les films, n'est-ce pas ? Peut-être sue Tyler aussi peut me donner la chance folle d'y goûter malgré mes fautes.

J'en viens alors à chercher ce que je pourrais faire pour qu'il me pardonne, pour qu'il décide de me dire qu'il m'accorde une deuxième fois son coeur, sa confiance, mais que cette fois, je devrais faire un sans faute.

J'y suis prête.

Je ne ferais plus de conneries, je me promets ne jamais lui refaire du mal et surtout de ne plus jamais le trahir.

Et même si cela doit tout me coûter, tant pis.

Parce que sans lui, je ne vis pas.

Sans lui, je n'existe pas.

J'ai besoin de lui, je l'aime d'un amour fou.

Je n'ai qu'une limite : Hollywood.

Je ne suis pas prête à quitter Hollywood, je ne peux pas toucher à l'image que les gens ont de moi, pas après tant de travail pour la mettre en place.

Ce serait détruire mes parents, eux qui ont mis tant d'argent dans mes études parce qu'ils croyaient en moi.

Et puis, je détruirais aussi leur image.

Là où nous vivons, tout le monde sait qui est leur fille, qui sont mes parents. Comment pourraient-ils encore sortir et clamer leur fierté si le monde découvrait mes erreurs ? Ils seront lynchés à ma place pour m'avoir éduquée comme une menteuse alors même qu'ils n'y sont pour rien.

À mon âge, je ne peux pas les blâmer pour mon éducation. Ils ne m'ont jamais encouragée à faire de mauvaises actions pour me rendre meilleure, plus au centre de l'attention et encore moins pour me venger.

Je suis la seule à devoir être détestée.

Contrairement à eux, moi je le mérite.

Une idée me vient en tête, probablement pas la meilleure, mais la seule que j'ai.

Même si ce n'est pas franchement génial, ça restera quelque chose et à force, cela marquera Tyler, même si ce n'est pas ce qui le fait changer d'avis.

Je préfère agir quitte à me rater que ne rien faire. Comme on dit, on apprend de nos erreurs et j'ai fini d'attendre que le temps passe en espérant que les choses s'arrangent d'elles-même alors que c'est impossible.

Dans le tiroir de mon bureau, je cherche alors un bloc de post-it et un crayon.

Puis j'écris dessus tout ce qui me vient en tête.

"Désolée."

"Mon amour pour toi est sincère."

"Je t'aime plus que tout."

"Pardonne-moi."

"Les secondes chances, ce n'est pas que dans les films, n'est-ce pas ?"

"Je ferais tout pour que tu me pardonnes."

"Tu te souviens de ces date auxquels tu m'as emmenée ? C'était les plus beaux que j'ai vécu."

"Tu es la meilleure chose qui me soit arrivée."

"J'abandonnerais Hollywood pour toi."

Et encore de nombreux autres, espérant que mes mots l'impacteront suffisamment pour qu'il me pardonne, même si je n'y mets pas beaucoup d'espoir.

D'un coup d'œil, je vérifie qu'il n'est pas dans les parties communes puis me glisse hors de ma chambre pour rejoindre le salon – mon premier arrêt.

Je colle plusieurs post-it à des endroits stratégiques et fais de même pour la cuisine et la salle de bain qu'il utilise.

Pitié que cela fonctionne. C'est ma seule option.

Plus tard, alors que je suis retournée dans ma chambre, j'entends la porte de celle de Tyler s'ouvrir – pile à vingt minutes avant l'heure du dîner pour qu'il fasse à manger, comme à son habitude.

Une fois que la dernière marche de l'escalier a grincé, m'alertant qu'il est en bas, je me précipite sans un bruit en haut de celui-ci pour observer Tyler.

Son visage est fermé, bien plus qu'à l'habitude, et il est comme éteint, me brisant le cœur.

C'est ma faute.

Mais ce qui me fait le plus mal, c'est le moment où ses yeux se posent sur les nombreux post-it qui habillent la pièce, transformant son visage dans une émotion de dégoût pure et intense.

Sa seconde action finit de me détruire alors qu'il les arrache un par un sans hésitation pour en faire une boule chiffonnée qu'il jette à la poubelle sans un regard en arrière.

Il ne les a pas lus, et il s'en fiche.

Je l'ai détruit.

Et jamais je ne me pardonnerai pour ça.

Scandal [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant