Chapitre 38 - Harper

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Depuis hier soir, je ne fais qu'éviter Tyler.

Malheureusement, cela ne pourra pas durer.

Si nous avons quitté Cannes, nous ne rentrons pas encore à Los Angeles.

Avant cela, nous devons faire un arrêt à Las Vegas pour une collaboration avec un casino.

En couple, encore une fois.

Ainsi, nous sommes dans l'avion qui s'y dirige. Chacun de nous de notre côté du double siège de la première classe.

Je ne peux pas mentir, j'aime le confort de la première classe. J'aime l'idée d'être traitée comme une personne individuelle et pas seulement comme un numéro comme c'était le cas lorsque je voyageais en économique.

La seule chose que je déteste, c'est que je pollue plus en voyageant dans ces places, d'autant plus que cette partie de l'avion est rarement remplie.

Je n'aime pas prendre l'avion, mais être une célébrité me force à le faire. Je n'ai pas le choix que d'aller sur un autre continent, alors qu'un océan m'en sépare. Je n'ai pas le temps d'aller à droite et à gauche en prenant à chaque fois un moyen de transport moins polluant parce qu'il serait bien plus long. Je ne peux pas voyager en économique parce qu'on ne me laisse pas le droit.

La première fois que j'ai voulu voyagé en avion par moi-même en étant célèbre, on m'a gratuitement mise en première classe, argumentant qu'il serait plus simple pour moi de respirer.

La seconde fois – parce que je n'aime pas abandonner dès le premier échec –, je n'ai pas été reconnue par les hôtesses, mais je l'ai été par d'autres passagers. Puisque j'étais du côté couloir, j'ai passé tout le vol à faire des photos et à signer des autographes.

Cette dernière expérience m'a malheureusement poussé à voyager en première classe à chaque fois. Les trois heures de vol que j'ai passé à signer et faire des photos étaient de trop. C'était insupportable et je ne me voyais pas continuer à faire ça alors que j'allais devenir de plus en plus connue.

Alors j'ai pris cette décision, aussi difficile pouvait-elle être.

Lorsque je n'étais pas connue, je m'étais promise que je resterais humble et que je ne me permettrais pas des hôtels cinq étoiles ou des voyages en première classe. Mais avec le temps, j'ai réalisé que l'un n'avait rien à voir avec l'autre. Les hôtels cinq étoiles et les premières classes des avions sont si chers que personne n'est prêt à mettre un tel prix pour rencontrer des célébrités, parce que sans cela, ils ont peu de chance de réussir à nous parler tant la sécurité est grande. Dans un hôtel cinq étoiles, tu ne rentres pas comme tu le souhaites – surtout dans ceux réputés auprès des stars, justement pour leurs services de protection de la vie privée infaillible – et de même pour la première classe des avions.

La seule chose que je ne m'autoriserais jamais, parce que c'est une catastrophe écologique et que je n'en ai pas besoin, c'est le jet privé. Je trouve cela aberrant que cela existe. Au final, même en empruntant ceux-ci, nous devons nous rendre à l'aéroport, y passer les contrôles et il n'est pas impossible de s'y faire interpeller. Une fois dans l'avion, que ce soit un jet privé ou une première classe, nous sommes en paix et ne risquons pas de trouver un fan à nos pieds.

Il arrive très rarement qu'un steward ou une hôtesse de l'air ose demander quoi que ce soit. Cela arrive lorsqu'eux ou un membre de leur famille est très fan, mais en trois ans, cela ne m'est encore jamais arrivé personnellement, même si j'ai entendu plusieurs histoires par-ci par-là.

Je lance un regard vers Tyler qui a déjà raconté cela lors d'une pause pendant le tournage de Save Your Tears.

Je rêve ou il me fixe ?

Déjà, je sens mes joues s'échauffer et déjà, j'ai envie de me taper la tête dans la tablette se trouvant en face de moi.

Laisse-moi tranquille, putain de bite sur pattes.

Je n'ai pas envie de l'apprécier.

En fait, c'est tout l'inverse : je veux le détester, comme auparavant.

Je déteste que les choses aient changé pour aller dans cette direction. Je n'avais pas prévu de me retrouver face à un homme qui ne me rendrait pas indemne.

Nous étions seulement censés jouer un couple à l'écran, puis nous avons dû jouer un couple dans la réalité, et maintenant je rêve que nous ne jouions plus ?

Non. Impossible. On se déteste.

Il me déteste.

Je le déteste.

Point.

Rien de plus, rien de moins.

Je veux oublier les dérapages. Ces quelques baisers volés qui n'auraient jamais dû exister.

Comment a-t-on pu laisser cela arriver ? Quand je pense que je ne pouvais pas le voir au point de vouloir ruiner sa vie...

Certains disent que la ligne qui sépare la haine et l'amour est très fine, mais qu'en est-il de la ligne qui sépare la haine de l'attirance sexuelle ?

Ce n'est pas de l'amour. Cela ne peut pas en être.

J'ai beau regretté ce que j'ai fait par le passé, mais la situation était tellement plus simple malgré tout.

Finalement, je décide de fermer le petit volet qui permet de séparer nos sièges afin de me sentir dans mon espace, seule.

Bien entendu, Tyler ne sait pas être suffisamment discret pour que j'oublie sa présence. Au contraire, mes sens sont dans un tel éveil que le moindre de ses mouvements, même les plus insignifiants, me parviennent.

Soudain, j'ouvre de nouveau le volet, le faisant sursauter.

— Arrête de bouger dans tous les sens, bon sang ! m'énervé-je.

Il fronce alors les sourcils, perdu.

— J'ai fait quoi ? s'étonne-t-il alors qu'il est immobile dans son siège.

Je soupire et montre ses pieds tapant contre son siège.

Il lève les yeux au ciel et se met à rire.

— Je n'ai plus le droit de taper des pieds, sorcière ?

— Sauf si tu veux qu'on te prenne pour un enfant de trois ans pas content, tu devrais arrêter.

Un sourire en coin naît sur son visage.

— Je me fiche de ce que les gens peuvent penser de moi. Nos sièges ont été payés au même titre que les leurs.

— Dans ce cas, si tu continues, je vais te tuer. Ça te va comme argument pour que tu arrêtes.

— Tant que je finis au paradis avec toi, tout me va.

Je me mords la lèvre inférieure et sent de nouveau mes joues s'échauffer.

Sans réfléchir, je ferme le volet et le bloque afin qu'il ne puisse pas l'ouvrir de son côté.

Je ne veux plus qu'il me fasse tant d'effet, je n'ai pas le droit de ressentir quoi que ce soit pour lui.

Je ne devrais même pas ressentir la moindre attirance physique.

Je ne le mérite pas, pas après ce que je lui ai fait, pas après avoir risqué sa carrière.

Je ne sais plus comment me comporter avec lui. Je ne sais que l'éviter, l'ignorer afin que tout soit plus simple.

Alors pourquoi est-ce qu'à la fin, je cède toujours à la discussion avec lui ? Pourquoi est-ce si dur de me tenir éloignée de lui ?

Il faut que je trouve un moyen de me dégoûter de lui pour ne plus être tentée.

Je ne mérite pas de le vouloir pour moi et moi seule.

Scandal [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant