Chapitre 64 - Tyler

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Je dois agir, et vite.

Je ne pensais pas que ce magazine nous mettrait un jour des bâtons dans les roues de cette façon, au contraire.

C'est ceux qui ont toujours été de notre côté.

Mais pas cette fois, apparemment.

Cette fois, c'est eux qui lancent la fake news, rendant au passage Hollywood plus bordélique que jamais.

Les journalistes sont regroupés devant chez nous, nos agents reçoivent des dizaines de mails à la minute pour avoir une interview, les réseaux sociaux ne parlent que de ça.

Ma vie est placardée devant le monde entier, et s'il y a quelque temps, j'aurais sans doute voulu prendre ce moment comme un signe pour mettre fin à la fausse relation que nous avons entretenu, je veux cette fois calmer la furie qui m'entoure.

Et malheureusement, pour ça, je vais devoir parler à Harper.

Ses post-it m'auraient touchés si je n'avais pas été si en colère contre elle.

En temps normal, je ne les aurais jamais jetés de cette manière sans même y jeter un œil, mais cette fois, je ne pouvais faire que ça.

Parce que je savais que, du haut des escaliers, elle m'observait.

Elle peut être très discrète quand elle est entourée de nombreuses personnes, mais à la maison, j'ai parfois l'impression de vivre avec un géant tant elle est bruyante.

Et même cette fois, alors qu'elle a tout fait pour que je ne la remarque pas, je l'ai quand même entendue.

Alors pour lui briser le cœur autant qu'elle a brisé le mien, j'ai arraché tous les post-it sans hésitation et les ai jetés dans une grosse boulette dans la poubelle.

Ce qu'elle ne sait pas, c'est que plus tard dans la soirée, je les ai tous récupérés et suis retourné dans ma chambre pour les lire plusieurs fois chacun, les larmes coulant le long de mes joues un peu plus fort à chaque nouveau mot qui venait de son cœur.

Elle est sincère, je le sais, mais je suis incapable de la pardonner avec si peu.

Ce n'est pas suffisant.

J'ai besoin de plus, de beaucoup plus.

Cependant, là tout de suite, le plus important est d'arranger cette connerie.

Il faut impérativement que nous réglions ce problème et dans les temps les plus courts possibles.

Le monde est déjà complètement fou et je me demande si la moindre de nos actions pourrait réellement tout remettre en ordre.

Le souci étant que je n'ai aucune idée. Je ne sais pas quoi faire pour que les gens comprennent que cet article n'a rien de vrai, même s'il n'a rien de faux non plus. Il faut seulement qu'ils croient que nous sommes le couple le plus heureux qui puisse exister sur cette planète, peu importe la vérité.

Peu importe qu'en réalité, nous nous sommes détruits mutuellement par des mensonges.

Ainsi, je sors de ma chambre et me force à me diriger jusqu'à celle de Harper.

Je n'ai aucune envie de la voir, de lui faire face, et encore moins de lui parler.

Malheureusement, je n'ai pas le choix, c'est ça ou je laisse le monde se réjouir de notre potentielle séparation.

Et ça, je le supporterais encore moins que de voir Harper.

Parce que ça rendrait nos mensonges plus réels, ça rendrait la fin de notre histoire plus réelle alors que celle-ci commençait à peine.

J'avais beau savoir que ce jour arriverait, je ne peux pas y faire face.

En un sens, j'aurais voulu ignorer le mensonge de Harper et vivre heureux avec elle, mais je sais qu'un jour, elle aurait craqué.

Je sais qu'un jour, elle aurait fini par me le dire, ou m'aurait quitté par culpabilité.

Finalement, nous n'étions pas fait pour être ensemble, peut-être que c'est mieux pour nous deux ainsi.

Nous souffrirons sans doute moins que de se détruire mutuellement.

Un jour, les sentiments mourront, ou nous apprendrons à vivre avec, à se supporter sans se haïr, à se pardonner sans pour autant se retrouver vraiment.

Je toque alors à la porte de Harper pour passer à autre chose. Je refuse de continuer à me plaindre d'une vie que j'ai voulu.

Celle-ci s'ouvre, dévoilant le visage éteint de Harper.

Il est impossible de passer à côté de sa douleur, cela se voit si facilement sur ses traits crispés et ses yeux rouges et bouffis.

— Tyler ? s'étonne-t-elle avec un léger air d'espoir dans les yeux.

Je déteste lui briser le cœur, je déteste qu'un instant, elle pense que je vais lui dire que je la pardonne.

— Tu as vu les infos ? demandé-je pour que ses yeux arrêtent de me regarder d'une façon si troublante.

Elle fronce les sourcils, secoue la tête et va chercher son téléphone.

L'attendant, je pose mon avant-bras sur l'encadrement de sa porte.

Lorsqu'elle se tourne vers moi, elle est bouche-bée plusieurs secondes et ses yeux tombent sur le bas de mon ventre, là où mon t-shirt remonte légèrement dû à ma position.

Elle se râcle la gorge puis revient près de moi, m'évitant autant qu'elle le peut du regard.

Je sais que je la trouble, et c'est voulu.

J'aime voir que ses yeux sont posés sur moi, sur mon corps, et que cela lui fasse ressentir des choses.

Au fond, ça me rassure. J'ai bien plus confiance en ses agissements qu'en ses mots et de son comportement, je sais que je lui plais toujours autant. Des sillons creusés sur ses joues, je sais qu'elle a pleuré à cause de la situation dans laquelle nous nous trouvons.

Peut-être qu'un jour, je la pardonnerais parce que je déciderais de prendre le risque d'une seconde chance.

— On fait quoi ? me questionne-t-elle maintenant qu'elle a lu les infos.

— On trouve une manière de se montrer en public ensemble. Et très vite. Tu as une idée ?

Elle se mord la lèvre, réfléchissant.

— La pride, déclare-t-elle soudain en plantant ses yeux dans les miens.

— Hein ?

— C'est demain. On a simplement à demander à nos agents de trouver une marque pour qu'on défile dans un des chars.

Je hoche la tête.

— C'est pas con. Pas con du tout même. Ce serait au passage faire une bonne action. Je n'ai jamais pensé à le faire, même si je supporte totalement la communauté LGBTQIA+.

— En général, c'est vrai que c'est surtout ceux qui font partie de la communauté qui font la marche, mais nous avons le droit de le faire aussi pour montrer notre soutien. D'autant plus que nous avons une voix qui compte particulièrement dans le monde. Ce n'est que du positif. Et puis, je n'ai jamais eu la chance d'y participer, ce serait peut-être enfin l'occasion.

— Faisons ça. Je me charge de contacter mon agent et dès qu'il trouve quelque chose, il parlera au tien.

— Parfait.

— Bien, conclué-je en hésitant à me retourner.

Je n'ai aucune envie de quitter Harper, mais je n'ai pas le choix.

Rester me fera plus de mal qu'autre chose.

— Je vais y aller, salut, finis-je par dire en me dirigeant de nouveau dans ma chambre sans regarder en arrière.

Même si je sens le sien peser sur mes épaules alors que je m'éloigne d'elle.

Scandal [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant