Chapitre 44 - Tyler

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Suivant les instructions de Harper, je me mets à lui étirer les jambes ainsi que les bras.

Je sais que ce n'est pas miraculeux, mais ça semble au moins l'aider un peu.

À chacun de ses mouvements, je l'accompagne de mes mains, profitant de certains moments où elle est suffisamment détendue pour l'étirer.

Lorsque je le fais, elle souffle comme pour relâcher la pression qui s'accumule en elle.

— Tu veux que je t'apporte ton petit-déjeuner ? Tu n'as toujours pas mangé, déclaré-je alors qu'elle n'a pas quitté son lit depuis mon intervention.

— C'est vrai, soupire-t-elle avant de réfléchir un instant. J'aimerais bien aller aux toilettes, mais j'ai peur de tomber à cause des douleurs.

En effet, bien qu'en deux heures, sa crise se soit calmée, c'est encore loin d'être terminé.

— Lève-toi, je vais te tenir.

Je serais son pillier, parce que c'est ce que je veux être chaque seconde de sa vie.

Peu à peu, je réalise ce que je veux avec elle et peu à peu, je comprends que ce que j'ai toujours voulu se réalise enfin.

Cela m'a pris des années, mais je suis enfin capable de ressentir, et ce grâce à Harper.

Elle est encore loin d'être prête à accepter ce qu'elle ressent envers moi, et je l'attendrai autant de temps qu'il lui faudra.

Parce que je sais que jamais aucune autre personne de ce monde ne me fera ressentir la moindre chose.

Je n'ai pas encore conscience de la puissance de ces sentiments, mais je sais qu'ils sont présents et qu'ils ne sont pas bénins.

Jamais j'aurais refusé d'aller travailler si je me fichais d'elle.

La boulot, même si parfois il est destructible, compte pour moi plus que tout le reste.

Parce qu'ils voulaient que je réussisse.

Harper se redresse alors et, appuyée sur ma bras, marche jusqu'à la salle de bain.

Quelques minutes après, elle en ressort.

— Tu veux aller un peu dans le canapé ?

D'un mouvement de tête, elle acquiesce.

Nous rejoignons alors la pièce à vivre, elle toujours accrochée à moi, avant de s'asseoir dans le fond du canapé.

J'attrape alors la télécommande et me tourne vers Harper.

— C'est quoi ton film préféré ? Ça te changera les idées.

Dirty Dancing, déclare-t-elle en souriant.

Sans pouvoir me retenir, j'éclate de rire.

— Je savais que tu étais le genre à aimer la romance cucul comme Dirty Dancing.

Elle prend alors un air outré, ouvrant grand les yeux et la bouche.

— Tu déconnes ? Dirty Dancing, cucul ?

— Tu trouves que ça l'est pas ? me marré-je.

— C'est loin d'être cucul, dit-elle prête à argumenter. C'est une romance interdite, avec une différence d'âge importante, avec un bad boy. On est pas en train de parler d'une romance parfaite où tout le monde est joyeux !

Je souris, remarquant à quel point elle semble aller mieux parce qu'elle se concentre sur autre chose que ses douleurs.

C'est la première fois depuis le début de la journée que c'est le cas et cela me fait terriblement plaisir.

— C'est vrai, tu as raison, avoué-je. Notre romance aussi ferait un bon film, rié-je.

— Il n'y a aucune romance entre nous, mais oui, si on ajoutait le paramètre où on tombait amoureux, j'imagine que ça ferait un bon film de romance. Écris-le et file le à Tom, il en fera peut-être quelque chose.

Mon coeur tombe de ma poitrine.

Suis-je le seul à ressentir des choses ou refuse-t-elle de me montrer ce qu'elle ressent ?

Elle me fait perdre les pédales et me fait souffrir alors que je ne voulais pas ressentir quoi que ce soit par peur d'avoir mal une nouvelle fois.

Je n'ai pas su me protéger d'elle, et alors que je pensais que mes sentiments étaient réciproques, je réalise que je viens de foutre les pieds dans un piège.

Elle me plaît, mais ce n'est pas réciproque.

Elle me plaît, mais je ne lui plaît pas.

Elle me plaît, mais je n'ai pas le droit de lui laisser le voir.

Elle me plaît, mais je ne veux pas souffrir.

Je dois étouffer ce que je ressens, comme avant.

Pourtant, j'ai l'impression que cette fois, cela sera particulièrement compliqué.

Je sais que cette fois, les étouffer sera impossible.

Cette fois, je dois faire face à la douleur.

Comment ai-je pu faire cette erreur ? Comment ai-je pu croire que je n'allais pas souffrir ?

Les barricades qui entourraient mon coeur sont à présent détruites, me laissant seul face au monde.

Face à Harper qui n'a même pas conscience qu'en prononçant ces mots, elle m'a tuée de l'intérieur.

Cependant, je n'ai pas le droit de me plaindre, je l'ai voulu, j'ai pris ce risque.

Et surtout, je dois rester fort pour m'occuper correctement d'elle.

Je lâche alors un rire bien qu'il soit tout à fait faux, et disparais dans la cuisine pour préparer de quoi manger.

Déjà, j'entends le film qui débute.

De mon côté, tandis que la poitrine de porc et deux oeufs cuisent dans la poele, je fixe le vide, prêt à cramer mon petit-déjeuner par mon inattention.

Mon coeur s'est comme fait poignardé d'une dague.

J'ai mal.

Je souffre.

Mais je ne peux rien faire.

Pas même lui repprocher d'avoir coucher avec moi parce que j'en avais envie même si j'avais conscience qu'elle n'en attendait pas la même chose que moi.

À la fin du film, je réalise que j'ai plus regardé Harper que l'écran.

Ses tremblements et ses douleurs semblent avoir disparu au point qu'elle finisse par s'endormir.

Cependant, l'idée qu'elle ait souffert seule une bonne partie de la nuit sans même pouvoir appeler à l'aide tant la douleur l'empêchait de parler me brise particulièrement le cœur.

J'attrape alors mon téléphone, gardant toujours un œil sur elle, et cherche le nom de sa maladie.

Je me mets à écumer Internet pour apprendre tout ce que je dois savoir sur elle, pour pouvoir l'aider au mieux possible à l'avenir.

Pour espérer être le meilleur homme pour elle, tout le temps.

Pour espérer qu'elle soit la femme la plus heureuse du monde, malgré une maladie qui lui gâche sa vie.

Après des heures à se battre contre la maladie, elle peut enfin se reposer.

Elle paraît enfin être en paix, et cela me fait plaisir.

Scandal [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant