Engendrement [Tome 2]

Épilogue 1

Cinq ans plus tard.

Point de vue de Chris :

— Tu es surexcité, hein ?

Je levai les yeux sur Chad qui me dévisageait, un petit sourire au coin.

— Et toi alors ? Cette fois, on est dans le même bateau, mon pote !

— Ouais, grimaça-t-il, mais toi, tu as plus d'ancienneté. Tu pourrais peut-être me parler des joies de la paternité ?

Je ne pus m'empêcher de rire. Que Chadwick Moore me demande des conseils en matière de bébé, c'était un moment à graver dans le marbre. J'étais heureux pour lui, il était temps, franchement !

Sarah était enceinte de cinq mois, tout comme Isabella qui portait notre troisième enfant. Chad avait raison, j'étais surexcité à l'idée de devenir père à nouveau, surtout en repensant à combien nous avions galéré pour concevoir ce bébé.

— Bah, prépare-toi aux nuits blanches, au reflux, aux coliques, aux gencives...

— Attends, attends, je sais tout ça... enfin, en théorie. Ce que je veux savoir, c'est comment tu as su soutenir ta femme, comment la comprendre et répondre à ses besoins alors qu'un bébé monopolise toute son attention ?

Je comprenais ce qui l'inquiétait vraiment : la survie de son couple.

— Chaque femme est différente, Chad, et le post-partum est une épreuve en soi. La chute d'hormones, la fatigue, les douleurs... Isabella n'a pas rendu ma vie infernale pendant cette période, mais j'ai lu quelque part que certaines femmes excluent complètement leur conjoint les premiers mois de bébé. Tout ce que je peux te dire, c'est d'être patient et d'écouter attentivement ta copine.

Il se pinça le nez pour cacher une grimace. Je savais qu'il était terrifié, mais il avait encore quatre mois pour se préparer à ce nouveau chapitre de sa vie.

— Mais il y a des aspects positifs, non ? Sarah est très demandeuse pendant ce deuxième trimestre, alors je me demande si ce sera toujours pareil après l'accouchement...

— « Demandeuse » ? Elle veut surtout du sexe, idiot.

Il rougit en se mordant la langue.

— Je sais, je ne voulais pas le dire comme ça, c'est inapproprié.

— C'est normal, surtout. Profites-en, ça ne durera pas, lui répondis-je.

— Je m'en doutais...

— Écoute, après l'accouchement, quand elle sera prête, elle te le fera savoir. Ça peut prendre un mois ou six, chaque femme est différente. Elle veut allaiter ?

— Oui, acquiesça-t-il, elle a demandé des conseils à Isabella et à sa sœur, et elle veut le faire.

— Bien... j'espère que les seins qui fuient ne te dégoûtent pas.

Il secoua la tête, incrédule.

— Ils... fuient ? Vraiment ?

Je fronçai les sourcils.

— Eh bien... Ouais. Bien sûr. Tu sais d'où vient le lait, non ? À quoi crois-tu que servent les seins ? Ils n'ont pas été créés uniquement pour toi.

— Ne blasphème pas, Chris. Et ils fuient... tout le temps ?

— Mais non, pas tout le temps, espèce d'idiot. Seulement quand elle n'a pas nourri le bébé depuis quelques heures ou si elle l'entend pleurer...

Je ne savais pas quoi dire. Je ne pensais pas trahir l'intimité d'Isabella en parlant de cela, elle avait allaité les jumeaux jusqu'à leurs dix-huit mois. C'était comme si j'entrais dans un monde secret, réservé aux femmes. Je ne devrais peut-être pas donner toutes les clefs à Chad, pour le laisser souffrir un peu. Je lui décochai mon sourire le plus condescendant :