64. Sanctuaire

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Je n'avais été co-gérante de la société familiale que pendant six mois avant de me retrouver à la maison, d'abord enceinte puis maman. Travailler me manquait terriblement, et j'avais hâte de reprendre le mois prochain. Cela me permettrait d'aider mon mari et de retrouver mon équilibre.

Bien que je passerais moins de temps avec mes enfants, c'était la meilleure décision pour nous trois. Je faisais partie de ceux qui pensent qu'il est bénéfique pour un bébé que la maman prenne un peu de recul après ses six premiers mois.

Bien sûr, ce serait difficile pour moi de les laisser, mon cœur de maman en souffrirait, mais je me réconfortais en sachant qu'ils devenaient de plus en plus sociables, joyeux, curieux et intelligents. Mon Dieu, comme le temps passait vite...

Je saluai le gardien en pénétrant dans l'établissement. Aucun bavardage, aucun chuchotement ne troublaient le silence ; chacun était absorbé par sa tâche. Ce constat me fit sourire, sachant que mon époux était strict avec les employés. Les regards curieux se tournèrent vers moi tandis que je me dirigeais vers le bureau de Chris. Je retrouvai Natalie devant la porte, faisant les cent pas, visiblement nerveuse.

— Bonjour Natalie, la saluai-je.

Elle sursauta en faisant volte-face. Elle semblait agréablement surprise de me voir.

— Madame Warner ! Bonjour... Que faites-vous ici ? Je veux dire... Monsieur Warner est pas mal occupé aujourd'hui, en plus d'être de mauvaise humeur... je ne sais pas qu'il pourra vous recevoir.

Je fronçai les sourcils. Il était tout sourire quand il était parti ce matin...

— Pourquoi ? Que se passe-t-il ? lui demandai-je, inquiète.

— Un problème avec le comptable, je crois... Il ne m'a pas donné de détails, il m'a seulement ordonné de ne laisser personne entrer dans son bureau pendant son absence.

— Et où est-il allé ?

— Je ne sais pas...

Ce n'était apparemment pas le bon jour, mais comme j'avais une heure de libre grâce à ma grand-mère qui gardait les jumeaux, je pouvais profiter de ma présence ici pour aider Chris, ou du moins, améliorer son humeur. Personne n'était mieux qualifié que moi pour le détendre durant ses crises de nerfs.

Décidée à mettre mon plan à exécution, je souris à l'assistante et la contournai pour entrer dans le bureau de Chris, mais elle accourut pour me barrer la route.

— Excusez-moi, mais je ne veux pas avoir de problème avec votre mari... Il m'a ordonné de ne laisser personne entrer...

— Je comprends que vous vouliez faire votre travail, Natalie, et je vous en félicite, mais je vous promets que vous n'aurez pas de problème. Croyez-moi, je m'apprête à vous rendre un grand service.

— Comment ça ? s'intrigua-t-elle, les sourcils froncés.

— Le remède au caractère de cochon de mon mari, c'est moi. Vous verrez, après mon passage, il sera l'homme le plus joyeux du monde.

Elle rougit jusqu'aux oreilles et finit par acquiescer, s'écartant pour me laisser passer. Triomphante, j'entrai dans le bureau et refermai la porte derrière moi avec satisfaction.

Chris Warner, tu as intérêt à te dépêcher...

***

Après une demi-heure d'attente, l'ennui commençait à me gagner. S'il tardait davantage, je serais contrainte de rentrer pour m'occuper des bébés, et il regretterait d'avoir manqué la petite surprise que je lui réservais.

Engendrement [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant