46. Film dramatique

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Point de vue de Chris :

Je descendis de mon véhicule, écrasant ma cigarette d'un geste négligent sous mon pied avant de m'enfoncer lentement dans le velours sombre de la nuit. De loin, deux silhouettes se dessinaient : la petite Selena et la femme chargée de la garder, assises sur les dernières marches menant aux imposantes portes de mon entreprise, fermées à cette heure tardive.

— Chris ! T'es là ! m'interpella la voix vive de la brune.

Elle fondit vers moi tel un éclair, et par réflexe, je la saisis sous les aisselles, la soulevant dans les airs. Elle éclata de rire, enroulant ses jambes autour de ma taille et ses bras autour de mon cou. Je la plaquai contre ma hanche, la portant d'un seul bras sous ses cuisses. Pour une enfant de dix ans, elle était légère et frêle.

— Comment tu vas, Selena ? l'interrogeai-je.

— Bof, je m'ennuie...

— Alors tu as décidé de rompre ta promesse et de fuguer encore une fois ? la grondai-je.

Elle baissa la tête.

— Je ne veux pas rester à l'appartement... Ce n'est pas chez moi. Mon vrai chez-moi est au Texas ! Je m'ennuie trop ici ! pleurnicha-t-elle.

La prénommée Santana s'approcha de nous.

— Qu'est-ce qui se passe au juste ? Où sont ses parents ? demandai-je, préoccupé.

— Son père est en déplacement pour le boulot et sa mère... je ne sais pas.

— Maman sort tout le temps quand papa va au travail, avoua la petite.

Et merde. Il y avait définitivement un problème chez cette femme. Elle était tout sauf une mère digne de ce nom.

— Tu es sûre que tu ne veux pas rentrer chez toi, Selena ? vérifiai-je.

— Oui, certaine.

Je me tournai vers la baby-sitter, une idée germa dans mon esprit, une idée qui n'allait peut-être pas plaire à mon épouse.

— Et si vous veniez passer la soirée chez moi ? Ma femme, mes enfants et notre gouvernante seront là aussi, les invitai-je.

— Oui ! s'écria Selena, folle de joie.

— Je ne sais pas... On ne vous connaît pas, hésita Santana.

— Certes, et je ne vous connais pas non plus, mais je me fais du souci pour cette gamine. Ce n'est qu'une soirée, après quoi je vous ramènerai toutes les deux chez vous, assurai-je.

— Allez Santana ! S'il te plaît, dis oui ! Je te promets de rester sage pendant toute une semaine !

Je ne pus retenir un rire.

— Une semaine seulement ? la taquinai-je.

— Une semaine et demie ? Allez Santana ! supplia-t-elle.

— C'est d'accord, céda-t-elle en soupirant, mais je ne veux pas vous importuner...

— Ne vous inquiétez pas, mon épouse comprendra.

Du moins, je l'espère.

***

— Chérie, je suis rentré ! annonçai-je de manière un peu trop sonore en franchissant le seuil.

Isabella émergea de la cuisine avec un sourire accueillant, mais son expression se figea et elle eut un mouvement de recul en apercevant Selena, timidement cachée derrière moi, accompagnée de sa baby-sitter qui baissait les yeux.

Engendrement [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant