30. On ne naît pas fou, on le devient

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Ça faisait une heure que je poirotais dans cette salle d'interrogatoire. Aucune explication, aucune raison valable pour ma présence ici. J'avais demandé à voir l'inspecteur Jones et on m'avait assuré qu'il ne tarderait pas, mais je n'avais pas toute la journée, merde !

Avant de partir, j'avais prévenu l'infirmière de ne pas dire à mon épouse que j'étais parti avec la police. Elle devait simplement lui faire croire que j'avais une petite course à faire. Je ne voulais pas qu'elle s'inquiète, surtout avec les bébés. Je rentrerai bientôt, c'était inévitable.

Préparé à toute éventualité, j'avais appelé Chad, au cas où j'aurais besoin d'un avocat. Il patientait dehors, aussi exaspéré que moi par cette attente interminable.

La porte s'ouvrit enfin sur l'inspecteur Jones, suivi de Chad. Mon cœur s'emballa en voyant un troisième individu entrer derrière eux. Ma mâchoire se crispa et je bondis de ma chaise en reconnaissant Ayden. Sa tête était baissée, ses mains menottées, avançant d'un pas lent sans oser affronter mon regard. Je sentis mon sang bouillir dans mes veines. Ils se foutaient de ma gueule ou quoi ?

— C'est une putain de blague ?

Je fis un pas vers le blond, mais Chad me rattrapa par les épaules, m'obligeant à reculer.

— Calme-toi et écoute ce qu'ils ont à dire.

— Que veux-tu que j'écoute, putain ? Je n'ai pas le temps pour ces idioties ! Ma femme a besoin de moi !

Le chargé de l'enquête soupira, puis fit asseoir Ayden en face de moi. Seule une table nous séparait. Je remarquai un appareil électronique à sa cheville : il allait être assigné à domicile. L'inspecteur lui ôta les menottes et je serrai les poings en voyant Ayden se frotter les poignets, relevant lentement la tête vers moi, toujours aussi calme, presque apathique.

— Asseyez-vous, monsieur Warner.

— Non. Je n'ai rien à dire, ni à entendre ! Ma femme est seule à la clinique, avec deux bébés à gérer. Si elle apprend que je suis ici, elle va péter un câble. Et vous voulez que je m'assoie et que je papote ?

— Félicitations pour tes bébés, lâcha timidement mon ex meilleur ami.

J'inspirai profondément et ajustai ma chemise après que Chad m'ait lâché. Je n'étais pas spécialement en colère contre Ayden, mais furieux de cette mascarade. Ils auraient pu me prévenir avant de me traîner ici comme un criminel !

— Merci, articulai-je calmement.

— Comment ils s'appellent ?

Chad, mais aussi l'inspecteur, arquèrent leurs sourcils, agréablement surpris et intrigués par la tournure de la conversation. Quant à moi, je tirai volontairement sur la chaise et m'y installai. Après tout, je n'avais rien à perdre. Je voulais comprendre pourquoi on nous avait réunis ici et comment ça se faisait qu'Ayden ait quitté l'hôpital psychiatrique. Ils voulaient qu'on parle ? Et bien, on allait parler !

— Ariel et Amaël, répondis-je.

— C'est joli. Tu féliciteras Isabella pour moi ?

— Je doute qu'elle adhère à ce que je sympathise avec toi.

L'inspecteur Jones se racla la gorge, mettant fin à cette tentative de civilité.

— Félicitations pour vos bébés, monsieur Warner, et je suis navré qu'on ait dû vous faire venir ici dans ces conditions. Cependant, nous ne sommes pas ici pour sympathiser, comme vous le dites.

— Alors pourquoi ? Expliquez-moi, je suis toute ouïe ! souris-je faussement.

— Monsieur Marin est en liberté provisoire. Les médecins ont jugé qu'il était apte à quitter l'hôpital. Il suit correctement son traitement depuis sept mois déjà et, comme vous pouvez le constater, il est plus coopératif...

Engendrement [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant