Engendrement [Tome 2]

32. En froid

Après avoir mis les bébés au dodo et branché le babyphone, nous enfilâmes des tenues plus confortables ; Chris opta pour un bermuda gris et un t-shirt blanc, tandis que je choisis une petite robe fleurie.

Je brossai mes cheveux et les attachai en une queue-de-cheval haute, faute de temps pour les laver. Puis, j'appliquai un peu de mascara et du brillant à lèvres, et admirai joyeusement mon reflet dans la glace. Ça me faisait du bien de prendre soin de moi après ces semaines éprouvantes entre le repos forcé, l'accouchement et mon séjour à la maternité.

Dans le miroir, je vis mon mari s'approcher de moi. Il colla son torse à mon dos et, sans prévenir, me donna une légère tape sur les fesses. Je sursautai, et un sourire narquois illumina mon visage.

— Tu es sexy, dis-donc ! me complimenta-t-il.

— Et c'est pour cette raison que tu viens de me donner une fessée ? rétorquai-je, le sourcil levé.

— Oui, je n'ai pas pu résister, ton petit cul me manque beaucoup.

Mes joues chauffèrent, et j'attrapai maladroitement mon flacon de parfum pour m'en vaporiser, incitant ainsi Chris à reculer pour éviter d'avoir un parfum féminin sur lui. Il valait mieux qu'il s'éloigne, je ne voulais pas accentuer la bosse dans son pantalon.

— Nos familles doivent s'impatienter, tu es prête ? me demanda-t-il depuis l'encadrement de la porte.

— Oui, une seconde !

J'attrapai l'unité parentale du babyphone ainsi que mon téléphone, puis quittai la chambre avec mon époux, après avoir jeté un coup d'œil à nos enfants qui dormaient paisiblement dans leur berceau. Nous descendîmes au salon, main dans la main, et trouvâmes nos proches réunis dans les fauteuils et le canapé. Leur conversation s'interrompit en nous apercevant.

— Eh, mais où sont mon neveu et ma nièce ? lâcha Sébastien, déçu.

— En train de faire un gros dodo ! répondis-je en souriant.

Je pris place à côté de lui, alors que Chris glissait à côté de sa mère.

— Dommage... Je me suis libéré pour pouvoir passer du temps avec eux.

— Et moi alors ? Tu ne veux pas passer du temps avec moi ? fis-je semblant de bouder.

— Toi, je te supporte depuis vingt-cinq ans déjà, ne sois pas égoïste, laisse-moi savourer mon nouveau statut de tonton !

Quel ingrat !

— Tu me le payeras, Sébastien ! Quand tu auras des enfants, je profiterai de mon rôle de tata et je t'enverrai aux oubliettes ! menaçai-je pour plaisanter.

Il afficha un sourire taquin tandis que les autres riaient, amusés par nos taquineries entre frère et sœur. Seule Irène roulait délibérément des yeux.

— À ce rythme, j'ai bien peur que tu ne sois jamais tata, Isabella.

Sébastien contracta la mâchoire.

— Pourquoi tu dis ça ?

— Parce que ton frère continue de fréquenter ce profanateur et ne veut pas épouser une femme pour fonder une famille !

Cette fois, non seulement les yeux de mon frère, mais également ceux de mon mari se noircirent. Sam comptait beaucoup pour eux, comme pour moi, et je désapprouvais fortement l'attitude de ma grand-mère.

— Madame Clark, Sam est un homme bien, l'un des rares sur qui on peut compter. Il aime sincèrement votre petit-fils, et je sais que c'est réciproque. Passez outre son orientation sexuelle et prenez la peine de le connaître, lui, et vous verrez alors que Sébastien est entre de très bonnes mains. S'ils le désirent, ils peuvent se marier, et pour les enfants, il y a toujours l'adoption ou les mères porteuses...