35. Retrouvailles

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Point de vue de Chris :

Avec une démarche lasse, je franchis les grandes portes de l'entreprise. D'un geste mécanique, j'ôtai mes lunettes de soleil et les accrochai à la petite poche haute de ma chemise. Les regards se baissèrent instantanément à mon passage, tandis que je traversais le couloir en direction des bureaux des employés.

Certains me saluèrent poliment, tandis que d'autres préféraient s'immerger dans leurs tâches pour afficher leur diligence et leur compétence. Je roulai des yeux intérieurement. J'étais conscient de l'effet intimidant que je pouvais avoir, mais l'hypocrisie m'insupportait.

À peine arrivé à mon bureau, Natalie se planta devant moi, une pile de dossiers dans les bras. Depuis qu'Isabella était en congé, son assistante avait pris en charge mes besoins, en attendant son retour.

— Bonjour, monsieur Warner, commença-t-elle doucement.

— Bonjour, Natalie. Quelles sont les nouvelles aujourd'hui ?

— J'ai besoin de votre signature sur certains documents, dit-elle en désignant la pile qu'elle tenait, Monsieur Johnson est également en ligne, et vous avez une réunion à 11h...

— Wow, doucement Natalie, dégoisai-je en me massant les tempes. Apportez-moi d'abord un café, je m'occuperai de mon planning plus tard.

— Et monsieur Johnson ? grimaça-t-elle.

— Je vais prendre l'appel. Je serai dans mon bureau. N'oubliez pas, pas de sucre dans mon café et ne laissez entrer personne sans ma permission.

— Oui monsieur !

Elle quitta mon champ de vision presque en courant, et je secouai la tête en riant avant de pénétrer, enfin, dans mon bureau. Je m'affalai dans mon fauteuil, rejetant ma tête en arrière en soupirant. La journée s'annonçait longue et épuisante, mais je m'assurerais de reporter tous mes rendez-vous après 17h. J'avais promis à Isabella de passer la soirée avec elle et nos bébés, et je respecterais ma parole.

Le petit bouton clignotant sur le téléphone du bureau me rappela que j'avais un appel en attente. En soufflant une dernière fois, je décrochai.

Après un quart d'heure de négociation avec le fournisseur, on frappa à la porte. Je raccrochai et vis Natalie dans l'embrasure, mon café dans une main et cette satanée pile de dossiers dans l'autre.

Je lui fis signe d'approcher, et chancelante, elle s'exécuta. Je la remerciai brièvement en prenant un gorgé de mon deuxième café de la journée. Je n'étais pas accro à la caféine, j'en avais simplement besoin pour émerger pleinement. Une longue minute s'écroula avant que je ne remarque que la brune était encore plantée devant moi.

— Qui y a-t-il Natalie ? demandai-je sans la regarder.

— Je... j'ai besoin de votre signature, monsieur...

— Donne-les-moi, dis-je en tendant la main pour récupérer les documents.

Elle me les passa immédiatement, et enfouit ses mains derrière son dos, se dandinant d'un pied sur l'autre, les yeux rivés au sol. Putain.

— Il y a autre chose ? la questionnai-je d'un ton un peu froid.

— Je ne voudrais pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, seulement... comment va votre épouse ? Et les bébés ?

Mes lèvres s'étirèrent. C'était donc ça. Elle était étouffante depuis tout à l'heure parce qu'elle était gênée de me demander comment se portait ma petite famille. Elle était bien gentille.

— Ils vont très bien, merci, Natalie.

— Pourriez-vous passer le bonjour à Madame Warner ? Et embrasser vos enfants pour moi ? demanda-t-elle timidement.

Engendrement [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant