Engendrement [Tome 2]

37. Le verdict

— Alors, comment ça s'est passé avec le kiné ? me demanda Chris tout en prenant place à table, son habituel sourire en coin.

— Grosso modo, tout va bien, lui souris-je.

— Vraiment ? Et ton périnée ?

— Il semblerait que tes massages aient été efficaces. Ils m'ont aidé pendant l'accouchement, et ma déchirure a déjà cicatrisé.

Il partagea mon enthousiasme en me gratifiant un large sourire. Levant sa coupe de champagne à ses lèvres, il ajouta nonchalamment avant de boire une gorgée :

— Et donc... pour les rapports sexuels, tu lui as posé la question ?

Mes yeux s'agrandirent en voyant Marie, rouge de gêne, debout devant le lave-vaisselle. Mon cher mari, insensible à sa présence, continuait de manger son ragoût avec une tranquillité déconcertante.

— Marie, vous voulez bien...

— Je vais vous laisser, m'interrompit-elle précipitamment, s'éclipsant de la cuisine.

Chris, quant à lui, affichait un rictus satisfait. Je roulai des yeux.

— Tu étais obligé de parler de ça devant elle ?

— Ça fait un an qu'elle travaille pour nous, elle devrait être habituée à ce genre de conversation.

— Figure-toi que non, Christopher ! grognai-je.

Il rit.

— Et donc ? Le verdict ? s'impatienta-t-il.

— Je croyais que tu étais prêt à attendre le temps qu'il faudra...

— Je le suis, Isabella. Je veux seulement connaître l'avis du médecin !

— Je lui ai demandé, et c'est ok pour le sexe...

— Mais ? remarqua-t-il ma moue crispée.

— Au début, il m'a posé des questions gênantes... Il voulait savoir s'il y avait eu « pénétration vaginale ». C'était déroutant, je ne voulais pas en parler avec lui.

Sous mon regard intimidé, il haussa les sourcils.

— Est-ce qu'il t'a jugé ? A-t-il été incorrect avec toi ?

— Non, au contraire, il m'a beaucoup aidé ! avouai-je en me mordant la lèvre.

— Comment ça ?

— Apparemment, il y a des femmes qui reprennent le sexe rapidement après l'accouchement. Alors quand le kiné m'a demandé si j'avais eu des rapports intimes, ça m'a perturbé. J'ai l'impression d'être la seule à ne ressentir aucune envie sexuelle. Je lui en ai parlé, et il m'a rassuré, me disant que chaque femme est différente et que je devais communiquer avec toi et te faire part de ce que je ressens.

Chris hocha la tête, m'encourageant à continuer.

— Alors... voilà. Le problème ne vient pas de toi, c'est juste moi qui me sens comblée avec les bébés. J'ai l'impression que si je fais un truc pour moi, que je me consacre un peu de temps loin d'eux, ça ferait de moi une égoïste. Tu ne vas pas aimer ce que je vais t'avouer, mais la dernière fois, quand je t'ai masturbé, j'avais envie de le faire, vraiment, mais je n'arrêtais pas de penser aux jumeaux et, au bout d'un moment, je voulais en finir au plus vite pour les retrouver. Je sais que je suis trop possessive, limite parano, mais je ne peux pas contrôler ça... Je suis désolée, Chris, je ne sais pas quand je pourrai séparer l'épouse de la maman.

Mon mari repoussa son assiette et se racla la gorge. Son regard était impassible, et ma culpabilité ne faisait qu'augmenter. En plus de plomber l'ambiance, je lui avais coupé l'appétit. Génial. Voilà ce que je gagne à vouloir être honnête.