Engendrement [Tome 2]

40. Combat intérieur

Sébastien.

Bon sang ! Ce n'était pas du tout le moment !

Je me dépêchai de déverrouiller la porte et mon frère apparut, vêtu d'un élégant costume gris, sans cravate. Les mains enfoncées dans ses poches, son regard indéchiffrable se posait tour à tour sur mon mari et moi. Il semblait surpris de me voir.

— Vous étiez en train de baiser ?

— Quoi ? Ne dis pas n'importe quoi, Sébastien.

Je m'empressai de refermer la porte, craignant qu'un curieux dans les parages n'entende cette conversation embarrassante.

— Qu'est-ce que tu fais là ? demandai-je en croisant les bras sous ma poitrine.

— Je viens voir ton mari. Et toi, tu n'as pas des gosses à t'en occuper ? Tu les as laissés seuls pour venir coucher avec leur père ici ? Ça ne te suffit pas de faire ça chez vous ?

— Change de ton, Sébastien, gronda le concerné.

Il ricana amèrement.

— C'est l'hôpital qui se fout de la charité !

— Ça suffit ! intervins-je avant qu'une dispute n'éclate entre eux. On ne faisait rien, Sébastien, on discutait.

On se disputait, plutôt.

Le blond me dévisagea grossièrement avant de faire les cent pas dans la pièce, impassible. J'interrogeai Chris du regard, mais il haussa les épaules.

— Il se passe quoi entre vous deux ? Pourquoi t'es là, Sébastien ? répétai-je.

— Pour Sam.

Le visage de mon mari se décomposa.

— Qu'est-ce qu'il a ? arquai-je les sourcils.

— Il n'est pas dans son assiette depuis quelque temps, comme s'il portait un lourd fardeau sur ses épaules. À chaque fois que j'essaye d'aborder le sujet avec lui, il se braque et m'évite. Ça nous éloigne et ça me fait chier. Au début, je pensais que c'était à cause de moi, parce que je ne voulais pas rendre notre relation publique, mais hier soir, il a avoué « s'inquiéter » pour Chris. Alors je suis là pour comprendre. Vas-y, beau-frère, je t'écoute, qu'est-ce que tu as fait à mon mec ?

Mon Dieu, c'était donc ça. Sam cachait effectivement quelque chose.

— C'est entre lui et moi, ça ne vous regarde pas, cracha-t-il méchamment.

— C'est pour ça que tu es exécrable depuis des jours ? Tu t'es disputé avec Sam ? Bordel, Chris, je pensais que c'était plus grave que ça ! Que ça concernait Ayden ou Alice !

Il secoua la tête, lassé, et s'apprêta à s'installer dans son fauteuil lorsque mon frère se planta devant lui, sortant les griffes.

— Écoute-moi bien, Sam est ton pote et je respecte ça, mais si j'apprends que tu lui as fait de la peine, je te jure que tu auras affaire à moi !

— C'est ironique venant de quelqu'un qui a honte de sa sexualité et de son couple, tu ne crois pas ? lança-t-il narquoisement.

La colère assombrit les yeux bleus de mon frangin et je me précipitai pour le retenir au moment où il fit un pas menaçant vers mon époux, avec la regrettable intention de le frapper. Chris sourit, espiègle.

— Je ne sais pas ce qui se passe entre toi et Sam, ni entre lui et Chris, mais vous ne réglerez absolument rien par la violence.

— Ton mari est un menteur et un manipulateur. Putain, ouvre les yeux, Isabella ! s'écria-t-il en haussant le ton.