25. Fierté mal placée

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— Fait chier ! Putain !

Je hurlai suite au gros fracas qui brisa le calme de la cuisine, et une seconde plus tard, Marie et Chris accoururent, leurs visages empreints d'inquiétude.

— Isabella ? Mon Dieu, vous allez bien ? s'enquit Marie, les yeux écarquillés d'angoisse.

Je pris ma tête entre mes mains en éclatant en sanglots tandis que Chris s'approchait de prudemment en faisant attention aux éclats de verre qui jonchaient le sol. Sans un mot, il m'entoura de ses bras et frotta mon dos pour me calmer.

— Ça va aller mon amour... Tu n'es pas blessée ?

Je secouai négativement la tête et il embrassa mon front.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? essaya-t-il de comprendre.

— Je voulais me servir un jus de fruit, mais le verre m'a glissé des mains parce que je suis trop maladroite ! J'ai du mal à me déplacer, mon dos et mes pieds me font mal, je me sens comme une merde ! J'en ai marre ! Je deviens folle dans cette fichue baraque et toi, tu te pavanes tranquillement comme si c'était normal alors que ce n'est pas le cas ! Tu me chaperonnes toute la journée, tu ne te plains jamais, et tu hoches la tête même quand tu as les boules ! Regarde-moi, je suis énorme, j'ai les cheveux gras, des vergetures partout, mes ongles se cassent les uns après les autres, j'ai essayé de me raser mais je n'arrive pas à regarder entre mes jambes, je vais accoucher avec tous ces poils et on va penser que je me néglige ! On va avoir deux bébés, Chris, deux ! Je ne vais pas y arriver... Je serai une mauvaise mère...

Je m'étais remise à hurler et il resserra son emprise sur moi pour me garder contre lui. Je frappai son torse avec le peu de force que j'avais tout en laissant mes larmes couler abondamment.

— Marie, pouvez-vous nous laisser un moment ? s'adressa-t-il à la gouvernante restée interdite à l'embrasement de la porte.

Elle s'éclipsa immédiatement, bien que préoccupée par mon pétage de plombs. Chris attrapa mes mains dans les siennes et réussit à me faire prendre place sur l'une des chaises. Il s'accroupit devant moi, et en entrelaçant nos doigts, il me sourit tendrement. Ça me donnait envie de me remettre à crier, mais il était trop beau, et trop mignon. Et moi, j'étais une épave, et une épouse pitoyable.

— On va avoir deux bébés, ma puce, et tu seras une maman géniale... Pour le reste, tu es magnifique.

— Tu parles ! râlai-je.

— C'est moi le mari, c'est moi qui décide.

Je soupirai en baissant les yeux.

— Viens avec moi, on va arranger ça.

Arranger quoi ? Rien ne s'arrangera avant l'accouchement, et après, ça sera pire ! J'allais avoir le corps tout déformé et je n'aurais même pas le temps d'aller aux toilettes avec deux bébés à bout de bras. Jusque-là, je ne me rendais pas compte à quel point ça allait être la galère !

Je fis la moue en le regardant entre mes cils humides, et avant que je ne m'en rende compte, il me portait dans ses bras et se dirigeait vers les escaliers.

— Non ! Je suis trop lourde !

— Arrête de dire ça. Tu es parfaite.

Il allait se casser le dos en me portant avec mon gros ventre. En voyant la lueur espiègle dans ses yeux, je me calmai, mais fus plus confuse quand il nous emmena dans la salle de bain commune, et m'assis au bord de la baignoire. Que manigançait-il encore ? Un bain en amoureux pour me remonter le moral ?

Il vint vers moi et souleva mes jambes l'une après l'autre de façon qu'elles pendent dans la vasque ovale. Je le regardai, sidérée. Sans me quitter des yeux, il se mit à genoux et, précautionneusement, il baissa mon short. Je me soulevai légèrement pour l'aider à le glisser sur mes jambes, suivi de ma culotte.

Engendrement [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant