27. Un choix

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Point de vue de Chris :

— Allô, maman ?

J'essayai de m'éclaircir la voix et me mordis le pouce pour ne pas craquer.

— Salut mon chéri, pourquoi m'appelles-tu à cette heure-ci, tout va bien ?

— Je suis à l'hôpital, Isabella a ... elle a accouché et...

Je ne pouvais pas faire ça. C'était trop dur. Je tenais à peine sur mes jambes. Mon cœur se pressait douloureusement à mesure que l'évidence se faisait en moi. J'allais la perdre.

— Oh, mon Dieu ! Christopher ! Isabella a accouché ? C'est merveilleux ! Félicitations mon chéri ! Je suis si heureuse ! On arrive tout de suite ! Je préviens les Clark...

Je lâchai un faible « d'accord » avant de raccrocher. Il était impossible de tout lui expliquer par téléphone. Que pourrais-je lui dire ? Que la naissance de mon fils c'était bien passé, on nageait dans le bonheur, plus d'un coup, Isabella avait perdu connaissance, elle avait eu une hémorragie interne et qu'elle était en danger ? Elle et notre fille ?

Je fis demi-tour et m'approchai des portes battantes qui me séparaient d'elle. Ma rage, mon inquiétude et mon incapacité à l'aider explosaient, et je frappai les portes pour les ouvrir. Je ne pouvais pas rester là à attendre qu'on vienne me dire qu'elle ne se réveillerait jamais !

Je me glissai contre le mur, complétement abattu et pris mon visage entre mes mains. Qu'allais-je devenir sans elle ? Avec un bébé à bout de bras... notre bébé. Je n'allais jamais arriver à m'occuper de lui. Je n'allais jamais arriver à vivre sans elle. Non. Je n'accepterais pas ça. Elle allait s'en sortir, elle et notre fille. Elles allaient s'en sortir toutes les deux. Il le fallait. Elles allaient s'en sortir.

— Monsieur Warner ?

Je sursautai en relevant la tête vers l'infirmière qui me souriait gentiment. J'essuyai mes joues et me redressai pour lui faire face.

— Il y a du nouveau ?

— Non, malheureusement. Votre femme est toujours au bloc.

Je fermai les yeux en maudissant la terre entière.

— C'est à propos de votre fils que je suis là...

— Qu'est-ce qu'il a ? m'angoissai-je.

— Il n'a rien du tout, calmez-vous... On a complété son accueil neuronal si vous voulez le voir.

J'hésitai. Le voir allait me faire sombrer. Je n'étais pas assez fort pour ça.

— Ecoutez, je comprends parfaitement. Des cas comme ça, on n'en voit pas tous les jours, mais les médecins font de leurs mieux... vous ne pouvez rien faire pour votre épouse, mais votre fils a besoin de vous.

— D'accord.

Il s'agissait de mon enfant. C'était mon devoir désormais ; ma responsabilité. L'abandonner pour m'apitoyer sur mon sort n'était pas une option.

Je suivis l'infirmière jusqu'à la nurserie. Nous entrâmes dans la pièce où des cris de bébés résonnaient dans tous les sens, mais je restais impassible et concentré. Elle se dirigea vers une couveuse et me sourit en me montrant mon fils, tout propre, portant une couche et habillé d'un body bleu à manche longue un peu grand pour lui. Je restai à distance, la boule au ventre, regardant cet être si petit, si fragile, qui s'étirait. Je souris faiblement.

— Vous voulez le prendre ?

— Je ne sais pas... je ne veux pas l'embêter.

— Ça lui ferait du bien d'être dans vos bras, ça le rassurera.

Engendrement [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant