La Maison BARNOY

410 26 27
                                    



Paris, 17 novembre.

Au plein cœur de Paris, sur la Place des Dômes, les somptueuses décorations de Noël allaient  être dévoilées, au plus grand bonheur des Parisiens et des touristes du monde entier.

Pour ce faire, une imposante armada s'était organisée tout le long du week-end et les ornements étaient présentés dès ce lundi neuf heures du matin.

En peu de temps, le large parvis parisien s'était vu sublimé de magnifiques sapins blancs ornés de faux diamants étincelants de mille feux.

Chaque vitrine, chaque porte se voyaient pourvues de gracieuses guirlandes et la place parée d'un tapis de fausse neige cachait le bitume habituellement si monotone à la nuit tombante. Il y avait aussi d'incroyables jeux de lumière sur les façades et des chants de Noël diffusés aux quatre coins de la zone commerciale.

C'était sûr, la magie de décembre allait de nouveau opérer, avec toujours un peu plus de splendeur que les autres années.

Le retour des fêtes invitait à s'émerveiller, à rêver, à dépenser sans compter.

Il fallait séduire le moindre chaland et satisfaire la curiosité de chacun des visiteurs, enfants comme adultes.

A huit heures du matin déjà, les premiers badauds investissaient les lieux et découvraient avec joie, le plus beau quartier de la capitale.

Cependant dans un coin de la place, un immeuble de trois étages restait tristement dans la pénombre.

Sur la devanture de cet établissement, on pouvait lire en lettres dorées à l'or fin :

« Maison BARNOY, depuis 1884 ».

***

La Maison BARNOY.

‑ S'il vous plaît, Mademoiselle Lucibelle, voulez-vous bien vous rapprocher de la vitrine, rien n'est plus bénéfique que la lumière du jour pour faire ressortir la multitude de tons qu'une gemme peut contenir?

‑ Une quoi ?

Tibère, le responsable des ventes, considéra un instant la jeune femme, les sourcils froncés, la mine déconcertée.

Mademoiselle Lucibelle, la star montante de la pop, s'impatientait qu'on veuille bien lui répondre, la mine figée dans une espèce de grimace d'ingénue capricieuse. Fermement décidée à ce qu'on l'éclaire, elle tapait dans ses mains pour faire réagir le personnel de la Maison Barnoy.

‑ Cette pierre est d'une qualité exceptionnelle et la lumière du jour révèle avec subtilité chacun de ses éclats. Précisa-t-il.

‑ Un diam quoi! Répondit la blonde, impatiente. Il vaut le coup ou non ce caillou ?

‑ But of course Mademoiselle Lucibelle, qu'il en vaut le coup ! Acquiesça-t-il en laissant son regard détailler la superbe silhouette de la starlette.

‑ Ah ouais ? Son chewing-gum avait surgi d'entre ses dents et elle le tordait de sa langue avec acharnement. Une longue mèche blonde était enroulée autour de son index. Il lui fallait donc quelques instant de réflexion.

Pendant ce temps, le joaillier, caressant du bout des doigts le fastueux joyau, s'était laissé emporter par de mirifiques pensées. La cambrure de son poignet laissait apparaître un somptueux bouton de manchette signé de chez BARNOY. Il avait aussi une grosse gourmette qui valait son pesant d'or et qu'il laissait visible chaque matin grâce à l'ourlet de sa manche de chemise.

De cœur ou de caratsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant