‑ C'est bon, nous validons la collection année +1? Tibère se postait devant Laurette avec son dossier papier ne sachant aucunement où le poser.
Laurette, elle, disposait de la version numérique de la collection et scrollait depuis dix minutes la rubrique des broches en diamant.
‑ Les broches sont très tendances. A l'avenir, il faudrait en augmenter l'assortiment. Rien ne fait plus d'effet qu'une broche sur un revers de veste. Affirmait Laurette. Moi, j'adore cette petite touche de bon goût à la Française.
Aujourd'hui, Laurette s'était toute pomponnée comme pour faire revenir celui dont elle était si éprise.
Afin d'éviter de s'engourdir dans une sorte de mélancolie concupiscente, elle se lançait à corps perdu dans le travail. Kane était toujours là, logé dans son cœur, irrémédiablement.
Depuis la veille, impossible de capter le regard du chef des ventes sans avoir la malicieuse envie de savoir si cet homme l'avait aperçu au palace samedi soir, en compagnie de Kane.
Avait-il changé son comportement envers-elle depuis cette fameuse nuit ?
Ça, Laurette essaierait de le déceler !
Il serait légitime qu'il soit étonné de voir une simple employée de chez BARNOY évoluer dans un lieu si somptueux.
Elle continuait de le surveiller du coin de l'œil, alors qu'il se penchait sur son écran pour s'intéresser de plus près aux broches qui défilaient sur l'écran, en version numérique.
‑ Je pense que pour une soirée de gala ou une nuit au palace, une collection « Nuit secrète » s'adapterait bien à une déclinaison de broches aussi.
Cette phrase fit tinter des milliers de cloches dans la tête de Laurette.
‑ Il fait exprès ou quoi ? C'est une façon habile de me dire qu'il m'a vu là-bas ? Et qu'en bien même, de quoi se mêlerait-il ?
Elle prit sur elle et avança.
‑ Pourquoi une nuit au palace ? Une promenade sur les champs Élysées s'y prêterait également, je pencherais plus sur une collection de chiens à longue laisse pour les broches.
Tibère la regardait avec stupéfaction.
Qui de Tibère ou de Laurette se jouait de la situation ?
‑ N'y pensez même pas.
Il prit son temps et sa façon de claquer ses talons agaçait Laurette.
Elle demeurait suspendue à ses lèvres, qu'allait-il lui annoncer ?
A vrai dire, elle avait joué avec le feu en prétendant que les chiens conviendraient à la collection de l'année à suivre.
‑ Je me répète, n'y pensez même pas Laure. Tout le monde connaît les célèbres bijoux panthère de nos concurrents les plus prestigieux. Mettre en place une collection de chien-chien à sa mémère...Enfin, soyons sérieux tout de même.
‑ Je plaisantais, Tibère.
Elle explosait de rire.
‑ Je vous trouve plus enjouée ces derniers temps, Laure, c'est très bien ça !
Il repartait satisfait avec son dossier sous le bras non sans chanter un refrain de son chanteur préféré puis il s'arrêtait aussi sec au milieu du couloir.
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De cœur ou de carats
RomansaLaure Minois, tout juste recrutée au sein de "La Maison BARNOY" paraît peu ambitieuse en acceptant une place à l'atelier plutôt qu'au showroom. Pourtant, elle sera vite remarquée par la direction de la joaillerie de la Place des Dômes. Son ascensio...