Que de menteries

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Où est la petite Minois ? Osama, vous l'avez vu quelque part ? Demandait Monsieur Barnoy qui une fois n'est pas coutume venait se perdre dans les bas étages de la prestigieuse bijouterie.

Elle est montée au marketing, je pense. Je l'ai croisé tout à l'heure, Monsieur Le Directeur.

‑ Cette petite travaille bien trop. Bon, je devais m'entretenir avec elle sur... Après tout, laissons ça à demain. Bonne après-midi, Osama.

Retranchée près du local sécurité, Laure tentait de retrouver ses esprits. Elle avait récupéré son portable avec Ricardo à la pause de midi. Ensuite, ils étaient allés déjeuner dans le quartier Montparnasse, elle avait eu peu d'appétit et fut peu loquace tout du long. Ricardo s'était retrouvé bien seul à ses cotés.

Profitant de ce moment Laure avait tout juste questionné Ricardo sur les soupçons de Mimi envers Kane. Il avait simplement répondu que tout cela était fondé sur une erreur d'aéroport.

D'après Mimi, on embarquait pour le Costa Rica à Charles de Gaulle, or Kane avait confié qu'il se rendait à Orly et puis faire un aller et retour en cinq jours semblait si peu crédible aux yeux de Mimi.

Kane ne racontait que des mensonges et Laurette éperdument amoureuse ne s'en rendait même pas compte.

De toutes les façons, elle ne lui accorderait plus aucune chance, c'était un braqueur, flambeur, imposteur, menteur haut de gamme, ses travaux sur la place n'étaient que balivernes. Voilà, ce que Ricardo lui avait confié, tout en lui faisant jurer de n'en rien dire à Mimi.

A bien y penser, Laurette, blottie dans le noir, donnait raison à sa mère.

Comment avait-elle pu être si naïve au sujet de Kane ?

Et puis, ce portable bloqué par le petit frère de la jeune fille exaspérait Laurette. Il avait rentré trois faux codes et maintenant impossible de le débloquer sans aller sur l'interface de son opérateur. Elle n'avait plus la force, ni même l'envie, la vision du pire l'obsédait. Kane l'avait déjà remplacé et pas avec n'importe qui !

Tapie dans le vestiaire, elle n'avait pas réagi à l'appel du grand directeur. Plus rien n'avait de saveur pour elle, ni son travail, ni la fête prévue le lendemain. Blessée, les bleus à l'âme, elle laissait passer le temps, sans lutter ni même avoir de colère.

Subitement, un flash interrompait ses pensées plates et liquéfiées.

Ludovic, le chef d'atelier, avait allumé l'interrupteur et se dirigeait vers son vestiaire quand il aperçut Laurette accroupie sur le banc.

‑ Laurette ! Ça fait longtemps que je ne t'ai pas parlé, avec toute cette nouvelle collection ordonnée au pied levé.

J'ai perdu une boucle d'oreille, je, je la cherche, par là... Confuse et empêtrée dans son mensonge, elle ne levait pas la tête.

‑ Tu restes là cette après-midi ? Nous allons fermer l'atelier plus tôt, la moitié de l'équipe est au Grand Palais, l'autre a l'autorisation de partir avant l'heure. Les filles ne parlent que de leur tenue pour demain. Moi, je vais repasser le costume du mariage de ma sœur... Il était à quatre pattes en train de chercher la boucle d'oreille pour Laurette.

Avait-elle la tête complètement en papier mâché pour oublier qu'il lui fallait une tenue pour le lendemain ?

Au « Nouveau Marché», elle trouverait forcément de quoi s'habiller dans le cas où elle se déciderait finalement de se rendre aux festivités.

De cœur ou de caratsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant