Seconde chance

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Beaucoup de mouvements s'étaient produit au sein de la Maison BARNOY depuis l'été.

Le personnel avait été intrigué par la venue de personnes importantes et de changements notables dans l'organisation générale. De nouveaux meubles bien plus à la page, de nouvelles vitrines bien plus larges et lumineuses, de nouveaux uniformes aux coupes modernes intriguaient le personnel. Tous se languissaient d'une réunion du personnel afin d'obtenir réponses à leurs questionnements. Cela bouillonnait dans chaque service et tout s'accélérait ces derniers jours, à l'exception de l'atelier qui restait irrémédiablement dans son jus d'atelier rococo et délabré.

Il ne fallait pas être plus perspicace pour comprendre que tout ce chambardement aurait des conséquences sur le quotidien du personnel de la joaillerie.

Cependant, la vie du showroom et de l'atelier suivait son cours.

Laurette avait réussi à participer au concours créatif et petit à petit s'était soignée de son attachement affectif envers son bel inconnu.

Enfin, le laissait-elle entendre à sa mère.

Quelque chose, néanmoins, la tracassait depuis un temps et l'occasion de mettre au clair la dérobade de son amie Élise, l'autre jour, allait se présenter rapidement.

Dans l'ambiance feutrée du showroom.

‑ Élise, pourquoi tu es parti l'autre jour ? Tu devais surveiller qu'il n'y ait personne dans le couloir pour que je puisse mettre ma soumission dans l'urne, au lieu de ça, tu t'évapores comme par enchantement et me voilà avec l'autre huileux.

Élise semblait confuse, Laurette observait la moindre facette de sa physionomie.

Elle la trouvait trop maquillée aujourd'hui, ses yeux bien trop noircis, son parfum aux effluves extrêmement fleuries était à la limite de l'écœurant pour Laurette. Elle avait remonté ses cheveux en grappe à l'arrière en une sorte de queue de cheval hasardeuse. Elle se cachait les yeux avec sa grande mèche lui dévorant la moitié du visage.

‑ Je n'avais pas vu l'autre asticot, là-haut, perché dans l'escalier. Tu sais ici, il faut se méfier de tout et de tous si tu veux tenir ta carrière. En fait, j'ai vu une de mes meilleures clientes rentrer dans le showroom . Je ne peux pas rater une vente. Si je veux mes primes de fin de mois.

Élise finit par un sourire confus accompagné de gestes grandiloquents.

- Oui et une troisième excuse peut-être ?

- Ce type me sort par les yeux.

- Il fallait me le dire dès le début ! Récrimina Laurette.

- Oh, tu sais. Il a essayé avec moi aussi, mais avec ce genre de gars, il faut tout de suite couper court.

- Qu'est-ce que tu crois que j'ai fait? Une bonne baffe, voilà ce qu'il méritait. Rétorqua Laurette.

- Oui, certainement mais attention aux appuis de ce gros tout mou. Mit en garde Élise.

- Ses appuis ? Laurette restée dubitative.

- Ceux qui l'ont pistonné, si tu préfères. Argua Élise.

- Tu en sais des choses. Tu veux dire que ce poste de créatif, il n'y était pas destiné à la base. Si c'est comme ça pour les deux autres, tu m'étonnes que rien d'exceptionnel ne sorte de ce foutu aquarium !

Tibère s'était rapidement remis de son angine et il s'approchait vers les deux filles en pause au petit salon.

Il leur annonça que les élèves de l'école de joaillerie avaient renvoyé une copie de chaque projet retravaillée numériquement et qu'il y avait vraiment de jolies perles maintenant, il ne faudrait plus longtemps pour que le jury ne délibère.

De cœur ou de caratsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant