De la braise sur le sofa

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Neige avait accouru au-devant de Laurette sur le pas de la porte. C'était très agréable d'avoir cette présence, il demeurait si calme et câlin.

Aussitôt, elle le prit dans ses bras. Le moelleux de ses poils réconfortait tellement Laurette qu'elle prit la peine de le dorloter pendant de longues minutes.

Elle avait beaucoup à dire à sa mère, elle ne savait pas par où commencer. Elle appréhendait de se confier car Mimi réagissait comme un porc-épic à tout ce qui avait attrait au travail.

Sa mère justement rangeait un placard rempli de tenue de soirée, du taffetas, de l'organza, du velours, du cuir noir, de la soie, en veux tu, en voilà.

‑ Il est venu tout chambouler dans le placard, regarde-moi ce bordel, j'espère qu'il n'a rien déchiré et puis tous ces poils!

Mimi soufflait nerveusement ses cheveux de devant sa bouche, ils étaient tellement emmêlés qu'on aurait pu l'imaginer se les arrachant de toutes parts.

A beau milieu de ses tissus, elle enjamba des ballots de vêtements de différentes couleurs et vint à la rencontre de Laurette totalement amourachée de son chat.

Surprise dans son élan devant une telle démonstration de tendresse, Mimi voulut rebrousser chemin.

Mimi était envahissante dans tous les sens du terme, elle ne se cachait pas de sa petite jalousie envers le félin. Après tout, c'était elle qui avait ramené l'animal à la maison, car elle ne supportait ses après-midi de solitude. Là depuis quelques jours, elle perdait patience envers l'animal qui croulait sous les mamours de sa maîtresse.

Comme Laurette restait plantée dans le couloir, elle l'apostropha.

‑ Tu as des choses à me dire, toi.

‑ Oui, j'ai eu une promotion, je suis maintenant cheffe de service, du bureau créatif.

‑ Oh, ma chérie. Ça va en faire des jalousies.

Mimi s'étalait de tout son long sur le dernier ballot de tissus du placard, elle n'allait rien perdre de sa gouaille.

‑Vite, raconte, c'est pour ça que tu rentres si tard ? Tu vas rentrer tard chaque soir ? Tu commandes qui ? Tu vas être augmentée ?

‑ Doucement, Maman, je me mets en tenue cool et je te raconte.

‑ Et moi, j'appelle Ricardo qu'il apporte du Champagne, on reste avec toi et... Le Chat, ce soir.

Mimi fredonnait une chanson d'Elvis, elle rangeait le placard en un rien de temps, empilant ballots sur ballots, panier de linges sur panier de linges.

‑ Love me tender, love me true...

Après vingt minutes, elle réapparut en robe d'hôtesse de satin rouge vif, une magnifique alliance avec ses cheveux de couleur feu, cette fois-ci impeccablement coiffés.

Laurette était ébloui par sa mère, résolument une femme de spectacle.

‑ Une antiquité, cette robe, elle doit avoir au moins vingt-cinq ans. Un vieil amant me l'avait offerte en ...

‑ Tu n'aurais jamais dû rester dans ton vestiaire, mais plutôt faire le spectacle à toi seule sur scène.

Toutes deux devant un plateau télé n'avait plus qu'à attende Ricardo, il ne tarderait pas à arriver, avec une bouteille de champagne de sa réserve spéciale pour bonne occasion, juste le temps de traverser la ville lumière.

En attendant Ricardo, Laurette racontait, en tête à tête, ses aventures de la journée au sein de son nouveau bureau. Elle fit l'impasse sur ce qui l'attendait au pub « Le jules Verne » dès qu'elle eut quitté son bureau à 17h 30 en compagnie d'Osama et les autres cadres.

De cœur ou de caratsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant