Elle n'avait pas fermé l'œil de la nuit, il lui semblait que son être se divisait en deux parties distinctes, l'une dotée de raison, l'autre de passion.
Tous ses questionnements intérieurs la torturaient.
- Je suis passée voir dans quoi tu travaillais. Tu as dit que j'aimais écouter Elvis. Je me suis présentée, ton chef très sympa m'a offert le café dans son bureau personnel. Il n'y a rien de mal à ça ? Pas de quoi en faire une montagne ! Mimi était sûre d'avoir bien fait.
Avait-elle parlé de ses soupçons à propos d'un braqueur?
S'était-elle bien comportée ?
Comment faire pour se partager entre la réunion et le concert ?
A 7 heures du matin, elle levait enfin la tête. Laurette n'avait pas trouvé de solution, un migraine infernale allait la suivre pour la journée entière.
Tout ce qu'elle savait, c'était qu'elle rentrerait à 16 h et là, sagement, elle trancherait.
Elle passerait des heures à travailler farouchement, sans se laisser distraire.
Déjà, dès la première heure, elle eut la visite de Tibère.
Pourtant, elle avait fermé la verrière et s'était bien dissimulée derrière une pile de dossiers.
Ses deux acolytes avaient été appelés pour aider Monsieur BARNOY à la préparation de cette réunion.
‑ Mademoiselle Minois, je voulais vous dire que maintenant que les contrats sont signés, vous n'avez nul besoin de vous déguiser en .. attendez voir... En lutin. Rien ne vous y oblige. A moins que vous y teniez. Cette Lucibelle est si fantasque, qu'elle emporterait avec elle n'importe qui dans son tourbillon.
‑ Eh bien, quel filou vous faites, Tibère !
‑ Mais, oui, enfin, c'est signé ! Il prit un ton détaché et s'empara d'un fauteuil.
Ne vous laissez pas déborder Laurette, j'étais comme vous au début, maintenant, j'ai pris un peu mes distances par rapport à cette surcharge de travail. Cette nouvelle organisation devrait soit disant nous soulager. Le meeting de ce soir a été décidée en 48 heures, croyez-vous que cela arrange tout le monde ? Un soir de week-end, vous pensez bien que j'avais prévu autre chose !
‑ Et moi donc ! Pensa Laurette.
‑ Qu'ils osent nous faire venir un samedi et ils verront de quel bois je me chauffe, les BARNOY et les DEMONGEOIS ! Y a des limites à tout.
‑ ... Ah.
‑ Oui, ils sont prêts à tout. En plus, maintenant, il y a Madame DEMONGEOIS dans la partie, avec ses idées modernes, elle fricote avec Madame BARNOY. Vous avez eu vent de cette rumeur ? Plus de femmes aux postes importants ?
‑ Dites-moi Tibère, auriez-vous peur pour votre place ?
Laurette essayait d'entrevoir un bout des chaussettes de son chef, mais elles semblaient noires jusqu'en haut.
Il se leva d'un bond.
‑ Ce n'est pas ce soir que je ferai le joli cœur en tout cas. A plus tard, Mademoiselle Laure.
‑ C'est à craindre. Répondit-elle, presque sans voix.
Elle n'était donc pas la seule que cette réunion dérangeait.
La meilleure des solutions était d'y assister et d'ensuite essayer de se soustraire le plus discrètement possible des comptes-rendus, avant d'être invitée au dîner spectacle auquel Monsieur BARNOY avait invité tous eux présent à la réunion.
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De cœur ou de carats
RomansaLaure Minois, tout juste recrutée au sein de "La Maison BARNOY" paraît peu ambitieuse en acceptant une place à l'atelier plutôt qu'au showroom. Pourtant, elle sera vite remarquée par la direction de la joaillerie de la Place des Dômes. Son ascensio...