Boulevard de la mer

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À Deauville ?

‑ On ne peut rien te cacher, toi.

De ce que Laurette connaissait de la Normandie, c'était le camping de Riva-Bella où elle séjournait quand elle était enfant. Deauville représentait pour elle, les longues balades en Mustang sur la plage, le cinéma Américain mit à l'honneur chaque année, le bon air de la plage et les fameuses glaces sur le port à deux pas de là, y faire une escapade by night la comblait de bonheur.

Kane traversait Deauville au ralenti. Depuis la sortie de l'autoroute, ses gestes indolents traduisaient une certaine fatigue. Presque endormis, tous deux découvraient les décorations de Noël fastueuses et omniprésentes dans la ville. Elles sublimaient chaque rue. En plein cœur, l'impressionnante fontaine, recouverte d'une cime enneigée, dévoilait des milliers de pépites cristallines et lumineuses.

C'est merveilleux ! Laurette reprenait ses esprits. Les mains sur le tableau de bord, elle se penchait pour découvrir tous les ornements malgré la ceinture de sécurité qui bloquait.

On va se garer ici. Il faut que j'aille deux minutes à la boite de nuit tout près. Il montrait l'enseigne du dancing de grand standing. J'ai un truc rapide à y faire et après, je te réserve quelque chose de grandiose, mon amour.

‑ Un truc, quelque chose ? Dis, tu ne m'as pas fait venir ici pour ça, en fait? Aller en boîte de nuit ?

‑ Non, mais en pensant t'emmener à la mer quelque chose m'est revenu. S'il te plaît, on n'en aura pas pour longtemps et tu verras ce n'est pas ringard du tout.

Il lui fallait bien admettre que l'établissement n'avait rien de démodé, mais cela faisait bien quarante minutes que Laure se tenait au bar à attendre Kane. Elle le voyait mimer un arc et lancer des flèches dans le vide et tout un attroupement d'hommes l'écoutait avec attention, y compris quelques jeunes femmes que Laurette jugeait bien trop sexy pour être honnêtes.

‑ Je vous offre un cocktail, Mademoiselle, vous êtes accompagnée de Kane DEMONGEOIS ?

‑ Oui, c'est bien lui. Fit-elle en levant les yeux au ciel.

Elle savait dès à présent que Kane bénéficiait d'une grande popularité où qu'il aille. Cela commençait à la tourmenter.

Partout, il y a quantité de jolies femmes, mais de véritable apollon comme Kane... à peine la trentaine, riche et gentil garçon allait en faire pâmer plus d'une. Pourtant, Laure n'en demandait pas tant, c'était lui qui était venu à elle avec insistance. C'était lui même qui l'avait charmé avec ses soi-disant lectures classiques, son regard toujours à sa recherche et son sourire ravageur.

Je crois que je n'aurais pas la force.

‑ Pardon ?

‑ Ah, merci, hmmm, mais c'est un Pomona, mon amour ? Vous connaissez aussi ici ?

Le Pomona ? Le barman éclatait de rire, mais bien sûr, c'est pas la steppe chez nous, sauf qu'on n'y rajoute pas « Mon amour » quoique, ça me plaise beaucoup.

‑ Ah, c'est étonnant quand même, « Mon amour », c'est une framboise en plus, il me semble.

‑ Je vais conserver l'idée alors! Je sais que vous les parisiens vous en raffolez avec le Champagne DEMONGEOIS. Jeudi soir, Kane et Lucibelle, en ont beaucoup bu, une soirée de folie.

De cœur ou de caratsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant