Aujourd'hui allait être une journée un peu spéciale pour Laurette. C'était la première réunion des chefs de services et elle y était conviée sans attendre.
Lorsqu'elle pénétra dans la grande pièce, chacun prenait sa place comme à son habitude. La longue table ovale en bois exotique laissait dans la pièce une agréable odeur de cire fraîche. Cette salle était refaite à neuf, Laurette savait repérer l'odeur particulière des travaux de rénovation mais n'oserait aborder le sujet avec aucun de ses collègues et se demandait bien sur l'instant, où elle devrait s'asseoir . Une impression bizarre la pénétra, comme un sentiment de ne pas être au bon endroit, aussi elle observa les autres dans chacun de leurs gestes et par mimétisme, elle s'apprêtait à prendre place à son tour dans un des confortables fauteuils en forme d'œuf.
Serait-il légitime pour elle de se placer près de Tibère ?
Arriverait-elle à prononcer un seul mot dans le micro individuel ?
Ce n'était pas une grande réunion, il ne fallait pas qu'elle panique. C'était un point intermédiaire au meeting de rentrée de janvier avec la direction.
Celui-ci était programmé pour le début d'année. Aujourd'hui, étaient conviés uniquement les « petits chefs » comme se plaisait à dire Mado de l'atelier.
Les discussions tournaient autour des chiffres à prévoir et également des bureaux de Londres qui selon ce qu'en avait déduit Laurette, seraient définitivement fermés sous peu.
C'était sans doute la raison des allées et venues de Miss Colleens ces derniers temps.
Même si l'ambiance était plutôt décontractée, il n'a pas non plus mystifié Laurette qu'il y aurait beaucoup de bouleversements au sein de BARNOY.
Elle ressentait la gravité des mots que chacun craignait de ne trop dire.
Elle fut grandement remerciée d'avoir concédé à Lucibelle les droits de sa création.
Et se fut le départ d'une longue tirade de Tibère qui estimait que la présence des portraits de Lucibelle à chaque coin de couloirs était de plus mauvais goût.
Le service marketing en avait pris pour son grade ! Cependant, à la fin de la réunion, chacun était parti de bonne humeur en buvant la cuvée du Champagne Demongeois à hauteur de généreuses coupes en cristal.
Au final, il n'était pas si difficile de pénétrer le monde des responsabilités et Laurette se sentait encore plus revigorée que la veille.
C'est en chantonnant qu'elle retrouvait son bureau suivie de près par son chef des ventes.
‑ Laure, je me sens un peu gêné de vous demander s'il vous coûterait de venir de temps en temps au showroom pour remplacer notre collègue Élise. Celle-ci est en maladie depuis ce matin pour presque trois semaines. On parle de... Bien sûr, vous gardez les mêmes responsabilités, mais il vous faudra juste venir soutenir les trois autres vendeurs et vendeuses au comptoir. Qui mieux que vous saura vendre « Le renard des neiges » une fois qu'ils seront tous livrés.
‑ Mais bien sûr. Gambergeait Laurette, c'était le seul moyen de revoir son Kane, sans avoir à cuisiner tout le monde sur sa présence ou non dans les locaux de BARNOY.
‑ Un burn-out. Pfff...Parait-il, enfin, elle ratera le spectacle de fin d'année.
Il avait continué de parler et Laurette mêla dans sa tête les paroles de Tibère avec ses propres pensées.
- J'ai bien vu, Laure, l'autre jour, que vous étiez très focalisée sur le showroom.
Aussitôt, Laurette piquait un fard. Elle avait donc était très peu discrète.
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De cœur ou de carats
عاطفيةLaure Minois, tout juste recrutée au sein de "La Maison BARNOY" paraît peu ambitieuse en acceptant une place à l'atelier plutôt qu'au showroom. Pourtant, elle sera vite remarquée par la direction de la joaillerie de la Place des Dômes. Son ascensio...