Toute une partie de la journée Laurette avait flemmardé dans un état second, complètement envoûtée par sa chaleureuse étreinte avec Kane, la veille au soir.
Elle se sentait comme dans un ardent écrin de velours et ressentait encore davantage en elle l'effet de l'intro du premier morceau entamé par les « Plymouth Rock ».
Comme dans un rêve, elle avait plané jusqu'au moment où Kane caressait délicatement de ses lèvres sa joue engourdie par le froid. A cet instant, elle se laissait emporter par le feu de leur idylle. Sa voix ensorcelante si masculine et si douce à la fois, ses gestes mesurés, tout en élégance, ses paroles en totale harmonie avec la magie de l'instant, ne cessaient de la subjuguer.
Recroquevillée sur le canapé, ses mains repliées sur ses joues, elle se demandait si elle avait bien fait de ne pas revenir au pub.
Pourquoi était-elle partie alors que sa présence au milieu du pub était plus que légitime ?
Pourquoi s'était-elle évanouie dans ce taxi, en pleine nuit enneigée?
‑ Oui, pourquoi tu es partie hier soir, dis, je te parle Laurette ? Mimi la secouait gentiment. Il ne me viendrait pas à l'idée de laisser un magnifique faon au milieu d'un troupeau de hyènes en chaleur.
Elle se rapprochait de Laurette.
‑ Tu veux savoir quoi ? Si Kane.. ?
‑ Non, c'est ton histoire, garde-la intacte pour toi. Je me suis inquiétée de ne pas te voir revenir et puis, j'ai compris... Cette Lucibelle est venue. Où était la perruque, les lunettes, la tenue banale et incognito dont tu m'avais parlé ? Bien sûr, qu'elle a fait son show, on nageait en plein Actor's Studio. Elle a vidé le public et le groupe a continué imperturbable devant une dizaine de personnes. Ensuite, elle est revenue sous les yeux de Kane, s'est mise à danser, ne le lâchant pas du regard, ton amoureux. Eh bien, je peux te dire que c'est quelqu'un de bien, ce jeune homme. Ils ont fini le concert et sont partis. Lucibelle s'est fait prendre à son propre jeu, il a fallu qu'elle signe une quantité astronomique d'autographes. Elle ne cessait d'être dans la gestuelle, mais Kane avait disparu depuis longtemps, ça, elle a bien du s'en rendre compte ! Ah, oui, je pense qu'il t'a dédicacé un titre, mais je ne voudrais pas trop en dire. Il te racontera. Quel beau couple vous devez faire. Oh, ma chérie !
Laurette n'avait pas interrompu sa mère, elle avait attentivement écouté chacun de ses mots.
Comment se serait déroulée la soirée si elle avait décidé de rester ? Pensait-elle.
Elle aurait forcément été contrariée par ses collègues, Eva, Lucibelle et les autres admiratrices.
Pour sa part, elle avait pris la meilleure décision en se ménageant de l'intérieur.
Laurette et Kane méritaient une vraie scène, toute en romantisme et non de brader la magie des instants dans un bain de foule imperméable à leurs sentiments.
Elle avait également repensé à Benoît de Belmont qui lui avait fait de vives remarques déplacées.
Quelle image dérangeante avait-elle donnée à cet homme pour qu'il la catalogue si explicitement, elle qui s'était toujours bien comportée ?
Elle trouva son attitude très désobligeante et ne tarderait pas à lui en faire le reproche dès que la situation se présenterait.
Elle irait aussi voir les filles de l'atelier leur expliquer son départ précipité, quitte à invoquer une migraine persistante. Elle les avaient juste salué du loin.
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De cœur ou de carats
RomanceLaure Minois, tout juste recrutée au sein de "La Maison BARNOY" paraît peu ambitieuse en acceptant une place à l'atelier plutôt qu'au showroom. Pourtant, elle sera vite remarquée par la direction de la joaillerie de la Place des Dômes. Son ascensio...