Une nouvelle faveur

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Retour à l'atelier, mercredi matin.

Le bracelet Bradley était revenu au service réparation une fois de plus.

Alors que Laurette se penchait pour apercevoir le précieux objet, Mado le laissait tomber d'entre ses mains.

‑ Oups ! Marmonnait-elle, j'arrive plus à être motivé, depuis que les deux filles sont parties à l'hôpital. Comme quoi, elles me manquent beaucoup ces deux pies.

‑ Laisse-moi le voir ce Bradley, s'il te plaît. Lui demandait Laurette, avec bienveillance.

Mado l'envoyait directement glisser sur son bureau. Il était atterri sur le matelassé velours du petit plateau.

‑ Doucement quand même y en a pour, au bas mot, 17000 euros. Avait lâché Ludovic, l'œil en coin.

Visiblement Mado était en plein spleen.

Les deux pies, comme elle les appelait, étaient les deux collègues perchées sur l'escabeau de Ludovic, vendredi passé, le jour où Laurette avait organisé les achats de Noël, pour le compte de son employeur.

Elle les avait bien vu au travers de la lucarne. Sandra, toujours prête à faire le show et Mila son acolyte éternellement dans son giron.

Sur le moment, elles s'étaient empressées de ne rien perdre de l'escapade de Laurette, mi-envieuses, mi-curieuses.

Mado en fréquentes bisbilles avec elles, s'ennuyait de ne pas avoir à les taquiner dès le lundi matin.

Huit heures sans râler, c'était long pour ce genre de femme. Malgré un bon fond et un cœur d'or, elle passait son temps à asticoter n'importe qui n'était pas de son avis.

- C'était à prévoir, un escabeau qui date du siècle dernier. En plus, Ludo est épais comme une aiguillette. Ces deux-là font bien 340 livres à elle deux, non ?

- C'est donc une manie chez toi, tous ces noms de poissons ? Demandait timidement Laurette, histoire de changer de conversation.

- L'aiguillette ?

- Oui, l'églefin aussi. Rajoutait Laurette.

- C'est faute d'avoir été mariée à un marin-pêcheur pendant vingt cinq ans. Un retour de pêche malheureux et me voilà libre comme l'air, montée à Paris, y a dix ans et fière d'y être. Avait-elle dit en tapant fort de sa paume sur son établi.

Sandra et Mila étaient à l'hôpital depuis ce fameux vendredi et personne n'avait prévenu Laurette.

‑ Ah si, Élise lui en avait touché un mot. Se souvint-elle, c'est dingue comme le cerveau trie les informations, à moins que ce ne soit le cœur, finalement.

Même si la situation pouvait prêter à rire, le duo infernal non seulement manquait au reste du personnel mais allait surtout ralentir la production en cette période de Noël qui se devait être faste.

Comme le moral de l'atelier était au plus bas, Laurette se mit à regretter l'ambiance du showroom. Elle aurait peut-être dû accepter de travailler avec Élise, d'autant plus qu'en haut, elle avait la meilleure vue sur la rue et tout ce qui s'y passait, en toute sécurité.

Pouvoir à chaque instant observer la déambulation des badauds entre les sapins, s'envelopper de lumières clignotantes, glisser son regard sur le tapis de mousse blanc, s'amuser du ballet de la circulation, attendre le client prodigue, s'inquiéter de la météo, guetter une moto.

Elle se gardait de faire part aux autres de ses observations sur la concurrence.

- Oh, tu es où, Laurette ? Protesta gentiment Mado.

De cœur ou de caratsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant