L'ingénue trouble-fête

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Les hauts-parleurs de la télévision braillaient et les plateaux débordaient sur la table basse du salon.

Laurette et Mimi occupaient tout le canapé, elles n'avaient aucunement réagi à l'intervention tonitruante de Ricardo.

‑ Tralalààààààààààààà, voilà l'homme de l'Ouraâââl !!! Plaisantait-il avec sa voix de stentor.

Toujours avec le chat et la bouteille de champagne à la main, Ricardo restait figé.

Seul « Neige » semblait conquis par l'imposant barbu, il se caressait les babines contre son menton. Ricardo demeurait dans l'attente d'une réaction sur son accoutrement, il ne sût comment réagir à la léthargie des deux femmes.

Comment se faisait-il qu'aucune ne réagisse à sa mise en scène ?

Pourtant, il avait véritablement fière allure, affublé de sa chapka et de son pantalon de cosaque mais ceci était passé au second plan.

Il y avait forcément quelque chose de bizarre.

Rapidement, Laurette se mit à pester de toute force contre Lucibelle. Elle criait à l'imposture !

Mimi, de son coté, relativisait, en levant les yeux au ciel.

‑ Ma puce, on en a vu d'autre dans le spectacle !

- On voit bien que cela ne te concerne pas au premier plan, pardon mais c'est fort là !

­ J'aurais pu apporter de la vodka, mais tu m'as bien dit qu'il y avait un truc à fêter ?

D'un bras tendu, Mimi désignait Laurette, atteinte d'aphasie, plus un mot ne sortait de sa bouche, elle si pipelette habituellement.

Et puis, enfin, elle se décidait à intervenir car elle eut pitié de ce gros bonhomme qui en faisait des tonnes pour que l'on s'intéresse à lui.

‑ ... A la base, oui, mais il y a Lucibelle à l'écran.

‑ Je me fais voler la vedette alors. Que cela ne nous empêche pas de fêter ça. Fêter quoi, d'ailleurs ? Insista-t-il.

Mimi s'esclaffa.

‑ Mon pauvre Ricardo, c'est vrai. Tu es là et nous, on regarde cette ingénue. On fête la promotion de Laurette chez BARNOY, elle intègre le bureau créatif, je voulais te faire la surprise mais là, Lucibelle ...

- J'intègre en tant que cheffe. Balbutia à voix basse Laurette, le regard complètement perdu.

Puis, elle se leva d'un bond.

‑ Quel culot, écoutez ça, « La protection féminine gang » est une idée qui m'est venue alors que mon chauffeur avait perdu la route des studios, nous avons découvert des personnes dans le besoin dans certains quartiers, surtout les femmes, gna gna gna...

Laurette mimait Lucibelle dans ce quelle avait de plus provoquant. Son audace impudente, ses manières à outrance et cette façon d' applaudir avant le public exaspéra Laurette au plus haut point.

‑ Et alors, mon petit bichon ?

Ricardo pris Laurette dans ses bras.

‑ Qu'est-ce qui est plus important pour toi ? Que des personnes indigentes bénéficient d'un soutien grâce à cette fondation ou que tu retires la satisfaction d'être citée en tant qu'initiatrice de cette main tendue ?

Laurette réfléchissait longuement car Ricardo avait tout le temps raison.

‑ Tu as raison Ricardo ! Buvons à ma promotion !

De cœur ou de caratsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant