Si douce Eva

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Laurette n'avait pas eu l'occasion d'aborder le manque de loyauté de Lucibelle, car celle-ci était constamment entourée de sa cour.

Rien à voir avec sa venue en personne dans son appartement, trois semaines plus tôt.

Là, aujourd'hui, elle s'était même entourée de ses agents et devait de ce fait se sentir bien plus en force.

Il se présentera bien une opportunité pour lui reprocher sa fourberie, mais à cet instant, raisonnaient en elle les bonnes paroles de Ricardo.

Laurette, cherchait-elle de la reconnaissance, était-elle si orgueilleuse ?

N'était-ce pas la loi du show-business, après tout, de toujours tirer la couverture à soi ?

Qui s'ennuierait à citer tel ou tel protagoniste à sa défaveur?

Les fans voulaient admirer Lucibelle, elle leur servait sur un plateau d'argent de quoi l'idolâtrer!

Tout cela dépassait Laurette.

Elle ne se laissait pas tourmenter par le mal, bien mieux, elle avait gagné en indifférence, il était bien plus important d'agir pour soi que de ruminer .

De toute façon, elle savait que c'était elle qui avait invité Lucibelle à créer « La protection féminine gang » en gage de la cession de ses droits sur "Le Renard des Neiges".

De ce côté, elle avait sa conscience pour elle, le reste n'était que bagatelle.

Ses nouvelles responsabilités au sein de la Maison BARNOY la bonifiaient, elle ne bouderait plus, elle avancerait. C'est d'ailleurs dans cet état d'esprit qu'elle se présentait au Pub « Le Jules Verne ».

Elle serait désormais déterminée et ne se laisserait plus mener au gré du bon vouloir des autres.

Un Pomona ? Un vingt mille lieues ?

‑ Un verre de vin rouge ! S'il te plaît Nemo.

Ah bon ? Le meilleur alors ! Ce n'est pas à moi qu'on apprendra les bienfaits du French Paradoxe. Trinquons à ta réussite chez BARNOY, je pourrais en boire comme du petit-lait !

Il se servit à son tour une rasade dans un joli verre à pied ciselé et la mit totalement à l'aise en lui tenant longuement le poignet. Nemo savait réconforter ses clients surtout quand ceux-ci semblait si hagard.

Bien au chaud, Laurette se leva de son tabouret afin de se débarrasser de sa longue cape et par la même, vérifier si un gros dossier se trouvait toujours sous le comptoir.

Il y avait bien quelques paperasses qui traînaient ça et là, mais aucun dossier ne demeurait sous le zinc.

Je pourrais laisser quelques fiches ici, si mon collègue n'arrive pas avant l'heure prévue?

Ici ?

Oui, là ! Elle montrait du doigt l'exact endroit où Kane avait laissé son dossier quelques jours auparavant.

Ah, je suis désolé, Laure. Mais la direction nous interdit de laisser aux clients quoi que ce soit de personnel. Par le passé, nous avons eu des vols et des détériorations.

Jamais vous ne laissez un truc derrière pour dépanner quelqu'un ? Il fait exprès ou quoi ? Pensa Laurette.

Jamais,... Il se rendit compte, aussitôt, de la déception de Laurette. Allons ! exceptionnellement, je le ferai pour toi. Là-bas, dans la remise, il y a mes affaires personnelles. Imagine si tout le monde laissait ses affaires en dessous.

De cœur ou de caratsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant