Chapitre 51 : De nombreuses tempêtes

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Stiles :

Depuis que Télio a connaissance de ce monde caché au sein de celui des humains, il a énormément changé. Se rapprochant très vite d'Éli au point d'être vraiment complice au bout de quelques jours comme s'ils avaient grandi ensemble est un pas indéniable pour son intégration au sein de cette nouvelle famille. Il passe beaucoup de temps avec son frère, il lui pose un tas de questions sur le surnaturel et lui demande sans cesse de se métamorphoser en le regardant avec toujours autant de fascination. Trouvant drôle le fait d'avoir un frère, Éli a rangé sa jalousie dans le placard pour profiter pleinement. De plus, avec Derek, ils s'adorent. Ma moitié est d'une patience incroyable. Il prend le temps de construire une vraie relation avec mon fils pour qu'il se sente inclus dans le cercle familial. Il cuisine pratiquement tout le temps à deux voire à trois quand Éli est d'humeur à donner un coup de main. Grâce à eux deux, Télio s'ouvre telle une fleur qui éclot au printemps sous le soleil qui repointe le bout de son nez après l'hiver froid. Télio se sent de plus en plus à l'aise, je ne l'avais jamais vu ainsi puisque j'ai réprimé sa liberté sans aucun remord, ne voulant pas l'avoir dans mes pattes. Quand il a débarqué chez moi, il n'était qu'un cafard intrusif dans ma vie. Pourtant depuis que je suis revenu à Beacon Hills, mon regard à changer sur pas mal de choses. Maintenant, Télio rigole facilement ne s'occupant plus du regard des autres, de ce qu'ils pensent ou de l'oppression dans lequel je l'avais enfermé. Il parle beaucoup plus ayant un air de déjà vu avec mon moi du passé. C'est une vraie pipelette ; il a un débit de parole qui pourrait en dérouter certains. Il s'amuse sans contrainte, profitant de la vie à pleine dents. Il lit toujours autant, dévorant les bouquins pour vivre chaque vie de ces héros. Il joue aussi de mieux en mieux du piano, à croire que c'est un petit prodige. C'est magnifique de le voir s'épanouir ainsi. Derek fait en sorte de n'exclure personne et ça convient à tout le monde. Avec Éli et Télio, ils passent beaucoup de temps à trois.

Malgré toutes ses évolutions positives au sein de la maison, je reste le point noir sur cette agréable photo familliale telle une personne à abbattre. J'ai dû mal à trouver ma place et à me sentir à l'aise. Quand je m'introduis dans une pièce où tout semble aller pour le mieux, où les rires s'envolent, les garçons retrouvent leur mutisme légendaire comme si j'interférais dans la bonne humeur de cette maison.

J'entends Derek se marrer avec Éli et Télio. J'ouvre la porte de la salle de bain et me dirige vers la chambre afin d'enfiler un jogging pour la soirée. Vu les cris de joie et les hurlements qu'il y a à l'étage du dessous, je suis persuadé que cette préparation de repas a vite dévié sur une bataille de je ne sais quoi. Je tends l'oreille pour embaumer mon cœur de cet enthousiasme qui résonne jusqu'à moi.

- Derek arrête, rigole Télio.

Il a dû se passer quelque chose puisque Derek a crié.

- Oh toi si je t'attrappe, tu passeras un sale quart d'heure, intervient Derek d'un ton modifié comme si un pirate parlait.

- Éli attention, hurle Télio.

- Papa lâche-moi !

Je comprends alors que Derek a pris son fils tel un sac à patate et l'a jeté dans le canapé.

- Non, non, non, pas moi, crie Télio.

Je descends doucement l'escalier, me disant que leur énervement dû à leur jeu devrait cacher le bruit de mes pas. Je m'assois sur l'une des marches et observe la scène.

- Non lâche-moi !

Télio se débat tout en rigolant à gorge déployée. Éli essaie d'arrêter son père pour défendre son frère mais ça lui est impossible. Derek fait passer mon fils par-dessus son épaule pour qu'il s'écrase dans le canapé. Il se retourne et tire Éli pour le pousser lui aussi. Les deux frangins allongés et morts de rire, Derek finit par une pose victorieuse, qui les tuent un peu plus. Je souris stupidement dans mon coin, adorant ces moments de plénitude entre eux. J'aimerais pouvoir y participer, mais je n'en ai pas le droit. Dès lors, l'instant où je pointerai le bout de mon nez, cette joie s'estompera laissant place à la rancœur. Je sais que je briserai leur bulle. Pourtant, il est temps pour moi de sortir de ma cachette. Je me relève et finit de descendre l'escalier en cherchant quelque chose de bien à dire. Je m'appuie contre le contour de porte et les observe avec ce sourire scotché sur le visage. Télio m'aperçoit et cherche ensuite Éli du regard comme pour se rassurer. Ce dernier et son père me regardent et Derek a ce fameux rictus aux coins des lèvres.

Le destin d'ÉliOù les histoires vivent. Découvrez maintenant