Le destin d'Éli

Chapitre 59 : La peur au ventre

Noah :

Mélissa est dans la cuisine à ranger la vaisselle nettoyée quand nous arrivons et je mets un doigts devant ma bouche en constatant que les enfants ne sont pas là afin qu'elle ne les alerte pas. Lorsqu'elle voit Stiles dans les bras de Derek, elle accourt et l'aide à le poser sur la table. Ce n'était peut être pas le meilleur choix, mais il est à la bonne hauteur pour qu'elle l'ausculte.

- Il s'est pris une balle, chuchote Derek. Je l'ai enlevé et fais le bandage.

- Je vais regarder si ça s'est infecté.

Elle retire le bandage imbibé de sang.

- Noah, ramène moi la trousse de secours dans mon sac prêt du canapé.

Je m'active, filant dans le salon pour fouiller son sac. Je sors la trousse rouge et me précipite pour la ramener à Mélissa.

- Sors-moi une compresse avec la pince en plastique, le désinfectant, les strips et une nouvelle bande.

Je prends soin de tout lui sortir le matériel dont elle aura besoin.

- Mets du désinfectant sur une compresse sans la toucher avec tes doigts.

J'ouvre la pochette de papier qui contient la compresse. Je la pulvérise de désinfectant. Elle prend la compresse à l'aide de la pince et nettoie la plaie. On réitère les mêmes soins jusqu'à ne plus voir de sang. Elle pose les strips afin de refermer la plaie et de l'aider à cicatriser. Elle fait le bandage pour protéger la blessure de toutes infections et saignements.

Éli :

Pendant qu'ils soignent mon père, j'ai pris la décision d'aller à la rencontre de mon frère. J'avance dans le couloir sombre qui dessert les chambres, sans allumer la lumière. De loin, je peux observer Télio en train de dessiner calmement sur son lit. Lou doit certainement déjà dormir. Je fais un pas dans la chambre et mon frère relève le nez de sa feuille. Soudain il pousse tout par terre et court jusqu'à me sauter dans les bras. Je le serre comme ce n'est pas permis contre moi, m'estimant chanceux de ne pas être mort pour continuer de passer ce genre de moment avec lui, avec mon frère.

- Tu es rentré ! J'ai tellement eu peur.

- Je suis là et je ne compte plus partir, répondis-je sereinement.

Il me prend la main et nous allons nous asseoir sur son lit. Au passage j'observe ma petite sœur qui dort, un sourire sur son visage. Une chose est sûre c'est qu'à partir de maintenant je profiterai d'elle à fond. Je ne veux plus perdre de temps !

- Tu vas bien ? demande-t-il comme pour se rassurer.

Comment lui dire que physiquement oui, mais que mon cœur saigne car son père m'a sauvé la vie au perille de la sienne ? C'est juste impossible de lui avouer une telle horreur. Et si Stiles venait à mourir, il m'en voudra probablement à vie d'avoir été là-bas.

- Oui moi ça va !

- Et papy, papa et Derek ?

Et voilà, comment me défiler maintenant ? De toute manière, je ne peux pas lui mentir sur un sujet aussi grave d'autant plus que son père est allongé sur la table de la cuisine. Je le regarde droit dans les yeux et mon silence en dit long sur l'urgence de la situation. Ma vision se trouble laissant dégouliner quelques perles salées.

- Papy va très bien... Mon père a été blessé, mais il cicatrise doucement et...

Mon nez me pique et je ne peux retenir plus longtemps la tristesse que mon cœur rejette.

- Non... souffle-t-il en pleurant à chaudes larmes.

Je le prends dans mes bras pour le soutenir dans cette mauvaise nouvelle.